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Les fifres et les tambours de nos vallées sont toujours là…
Les traditions du Pays Niçois ont la vie dure et elles se perpétuent, encore, de nos jours, grâce, il faut le dire, à l’action de gens du pays qui ne veulent pas les voir mourir.
Je suis allé, pour vous, à la rencontre de ces gens et de ces traditions et je veux vous en faire profiter pleinement.
Partis le matin même de Nice, nous nous trouvons dans la vallée de la Vésubie, en ce matin ensoleillé de fin d’été. La route est dégagée et le ciel d’un bleu d’azur, couleur carte postale. Nous approchons de Lantosque (Lantousca, Countèa de Nissa)ce beau village au cœur de la vallée, village qui fut le centre d’un territoire très étendu, le Val de Lantosque, lequel occupât une place particulière dans l’histoire de notre Pays Niçois. Aujourd’hui, encore, les habitants de Lantosque restent attachés à notre culture de longue mémoire et leur village a vu la naissance de figures marquantes de la « nouòstra courtura » , hier comme aujourd’hui.
Plus nous approchons du village, plus le nombre de véhicules stationnés, ça et là, au bord de la route est important. Nous cherchons une place pour notre voiture, et, déjà, nous entendons le son des fifres et des tambours qui résonnent à nos oreilles. Sitôt descendu de notre véhicule, nous nous approchons de la place, noire de monde, sur laquelle une multitude de musiciens se parlent et se répondent par le truchement de leurs instruments. C’est un vacarme de tambour accompagné des sifflets des fifres.
En ce jour, dans cette vallée, se déroule une grande fête, occasion d’un grand rassemblement de troupes venues « d’aqui e d’aia » (d’ici et d’ailleurs), parfois de fort loin pour la « 30° fête du fifre et du tambour en Vésubie », organisée, de main de maître, par notre ami Xavier Borriglione aidé en cela par l’association « Lou Mourtairet ». D’un coin à l’autre de la place, les groupes de musiciens se répondent, jouant leurs airs respectifs puis s’associent pour unir leurs musiques dans un air entrainant.
Le temps des discours venu, Xavier Borriglione, qui est une des ces figures marquantes de notre culture dont je parlais plus haut, nous livra un moment d’émotion et de souvenir. Il rendit hommage à celui qui fut son maître, Ely Roubaudi, celui qui le guida et lui passa la main , ensuite. Il nous rappela que les fifres et les tambours font partie d’une très vieille tradition de notre « Païs Nissart » et plus particulièrement de nos vallées. Puis il passa la parole à Emma Roubaudi, la veuve d’Ely, qui nous livra un message plein d’émotion, dans lequel le passé revivait dans ses paroles, expliquant la genèse de cette fête due, au départ, à la rencontre entre deux hommes: Ely Roubaudi, feu son mari et Joan Miquèu Ubac à qui elle céda la parole d’ailleurs. Les discours une fois terminés, et les photos des officiels devant les groupes faites, nous eûmes droit à une aubade gigantesque, tous les groupes jouant à l’unisson.
Ces groupes qui étaient ils ? D’où venaient ils ? Il y avait bien sûr les « Fifres et Tambours du Comté de Nice » réunissant des joueurs de plusieurs vallées , « Lou Lanciour » de Saint Martin Vésubie, des groupes venus de Provence, de Languedoc, d’Aquitaine, des Alpes, de Piémont, de Val d’Aoste et de Flandres.
Une fois l’apéro offert par la municipalité terminé, les musiciens partirent se restaurer et nous aussi. Trouver un coin sympathique pour se poser ne fut pas une chose trop difficile. En montant vers Pélasque, la forêt nous offrit un coin propice pour une petite merenda (1)suivie d’un penec (2)d’enfer sous les arbres. Un vrai bonheur.
Mais le temps fut venu de repartir, plus loin dans cette belle vallée de la Vésubie et de monter vers Belvédère (Barver, Countèa de Nissa), là où la fête devait se poursuivre.
Sitôt arrivé dans les rues du village, le son des fifres et le roulement des tambours nous invitèrent à nous mêler à la foule immense qui avait envahi le village. Passant d’un groupe à l’autre à travers les ruelles, nous arrêtant sur une placette, en marquant le rythme, nous saisissions quelques clichés ici et là, puis, au fil des rencontres nous entamions une discussion avec l’un avec l’autre, pour finalement faire une halte sur la grand place du village. Quand le cortège s’ébranla, nous suivîmes, avec toute la foule, nos fifres et tambours jusqu’au chapiteau ou ils se réunirent pour nous offrir un tintamarre extraordinaire.
Après avoir diner dans un petit resto du village (les musiciens étant réunis autour de grandes tablées sur la place), il était temps alors de tous redescendre vers la chapiteau ou les incontournables « Lu Rauba Capèu » (au sein desquels Xavier Borriglione continua à se dépenser de plus belle) nous entrainèrent dans un baleti (3) d’enfer jusqu’au bout de la nuit.
En partant, pour redescendre sur Nice, nous continuions à rêver de tout ce que cette merveilleuse journée nous avait apporté, tout en pensant, bien sûr, à tous les musiciens qui, après une courte nuit, allait remettre cela le lendemain à Roquebilière (Rocabilhera, Countèa de Nissa) et à Saint Martin Vésubie (San Martin de Lantousca, Countèa de Nissa).
Un grand merci à tous ceux qui ont fait de cette fête une réussite avec une pensée spéciale aux organisateurs et plus particulièrement à Xavier Borriglione.
(1) merenda = casse-croûte, pic-nic
(2) penec = sieste
(3) baleti = bal de fête