Enfin un guide de Nice fait par des Niçois

Nice , le guide

Chacun d’entre vous connait les Editions « Mémoires Millénaires » qui sont une source d’enrichissement permanente pour qui veut connaitre notre Pays Niçois. Ce n’est pas un hasard, si nous avons commencé, dans ce site, notre série d’ « entretien avec… » par une rencontre avec le directeur de ces éditions, Frédéric Boyer, un Niçois qui aime sa terre.

Ce qui nous a attiré aussi, c’est la façon dont cette collection traitait les différents thèmes abordés dans ces livres avec, successivement, un œil de scientifique et un  œil de romancier: quand la réalité vient au secours du rêve.

Ce petit préambule pour vous dire que nous avons accueilli avec une certaine espérance ce nouveau petit guide sur Nice, tant nous avons pu être déçus, dans le passé par les guides que nous trouvions dans le commerce, guides ne consistant qu’en accumulation de clichés et de lieux communs qui ont fait tant de mal à notre Comté.

Nous n’avons pas été déçus, cette fois ci, car ce guide est imprégné de l’âme de Nice, de l’esprit si particulier de « la nouostra Countéa de Nissa » et nous le conseillerons à tous les voyageurs qui viennent chez nous et qui veulent connaitre notre pays et sa culture et ne pas voyager idiot. Ce livre ne s’adresse aucunement aux touristes, consommateurs de loisirs formatés, avides de rassemblements grégaires et de « produits culturels » prédigérés et standardisés. Il ne s’adresse pas non plus à ceux qui se contentent du superficiel et des paillettes qu’on leur fait miroiter à la télévision nationale française pour leur parler d’une région artificielle qu’ils appellent la « Côte d’Azur » . Vous n’y trouverez pas les dernières boites « techno » à la mode, les centres d’UV ou les boutiques ou l’on peut acheter les dernières nouveautés locales « made in China », celles  que l’on trouve, à l’identique dans toutes les bonnes stations balnéaires branchées, là ou tout ceux qui se sont abrutis pendant onze mois dans leur travail viennent s’abrutir, encore, pendant un mois dans des lieux ou l’on s’entasse (histoire de ne pas être dépaysé) autant que dans le métro.

Fidèles à la ligne qu’ils s’étaient tracée,  les responsables de ces éditions, ont, une fois de plus, su allier le narratif et le descriptif: une partie historique avec une proposition de promenade enchantée dans notre ville. Ainsi, ceux qui veulent venir à notre rencontre, à la rencontre de cette ville à l’Histoire si longue et si riche, à la rencontre de ses habitants qui ont, de tout temps, accueilli ceux venus d’ailleurs qui voulaient les connaitre, connaitre leur culture, leur façon de vivre (et parfois même, s’ils le désiraient, les intégrer), tout ceux là vont trouver dans ce livre matière à se satisfaire dans leur quête d’une Nice vraie et charnelle.


Vous ne trouverez dans aucun autre guide cette volonté de raconter notre Histoire aux autres. Vous n’entendrez dans aucun autre guide quelqu’un vous parler de la « langue Niçoise », la Nouostra lenga, puisque notre langue nous a été confisquée et son droit à exister longtemps dénié (cela a certes changé dans les textes officiels, mais l’application de la mise en œuvre de l’apprentissage de notre langue aux plus jeunes  est constamment freinée). Vous n’aurez nulle part une explication aussi cohérente de notre Cuisine Niçoise, de son histoire, de  sa spécificité  et de sa réalité. Vous découvrirez Nissa, à la fois,  Grecque, Romaine,

Provençale, savoyarde et Pièmontaise.  Vous n’aurez nulle part ailleurs, l’explication de l’ouverture de Nice aux autres: nous n’avons pas attendu la France pour nous ouvrir aux autres cultures (les Piémontais, les Anglais, Les Russes). Vous comprendrez, grâce à cet ouvrage, pourquoi tant d’artistes et d’écrivains ont choisi Nice et son Comté pour y puiser leur inspiration: non, ce n’est pas la France qui nous a amené la civilisation comme l’histoire officielle tend à faire croire (il y avait un grand bouillonnement artistique à Nice avant l’annexion par la France…et après, ceux qui venaient chercher leur inspiration ici, ne venaient pas chercher la culture française mais bien l’âme Niçoise de cette contrée).

Dans aucun autre ouvrage, vous  ne trouverez une œuvre d’un de nos plus grand peintre contemporain Nissart, Jean Luc Sauvaigo (par ailleurs auteur-écrivain remarquable). Nulle part ailleurs, on ne vous fera comprendre le génocide architectural entrepris par le roi des Français, Louis XV, génocide architectural et culturel qui n’a son égal nulle part ailleurs (sauf peut-être dans l’Afghanistan des talibans).


En parcourant cet ouvrage, vous comprendrez que Nice est une ville de longue mémoire: c’est ici que furent trouvé les traces les plus anciennes d’un habitat en Europe. Et puisque nous parlons d’Europe, vous comprendrez, également, que Nice a toujours été terre d’Empire (Empire Romain, Empire de Charles Quint et Saint Empire Romain Germanique). Elle a toujours été attaquée par d’autres qui avaient des visées de conquête telles la Provence et la France, mais elle a su résister, ce qui lui a permis de développer une culture particulière, une langue particulière et un patrimoine unique. L’ouvrage nous le montre bien  d’ailleurs avec cette ballade dans le Baroque, si bien marqué dans les bâtiments et les Eglises de Nice et du Comté (et même dans le cimetières Niçois si particuliers: je vous conseille fortement celui du Château).


Au détour des pages de ce guide, vous pourrez mesurer, à l’inverse, l’influence négative de l’évolution de notre ville: à partir du moment ou le tourisme s’est développé, de nombreuses constructions se sont dressées sur notre sol sans aucune harmonie entre elles, en rompant  avec ce que le « Consiglio d’Ornato », institué par la Maison de Savoie, avait pu préserver. On a construit n’importe quoi à la « Belle Epoque » (?) (sic) et cela a continué par la suite avec le bétonnage de notre littoral sans respecter l’accès à la mer pour tous. Cela ressort du chapitre « Nice et ses Villas », quand bien même certaines, il est vrai, sont des trésors d’architecture, comme le soulignent les auteurs du livre.

Assurément, en vous inspirant de ce guide pour découvrir Nice hors des sentiers touristiques vous laisserez de côté le superficiel pour entrer de plain pied dans l’Histoire de cette ville fascinante et mystérieuse (…pour celui qui ne veut pas creuser).


Bien sûr, ce guide présente quelques lacunes et nous aurions aimé qu’à côté des personnages célèbres (artistes, écrivains, philosophes), on mette en avant les grands auteurs de la culture Nissarde (R. Rancher, J.Eynaudi, J.Nicola, M.Rondelly, F.Gag), les scientifiques marquants de cette ville (Cassini, Barla et autres) et les personnages qui ont compté dans l’ Histoire de Nice, que les générations de responsables actuels ont relégué dans un coin bien caché de la ville. Mais, peut être, est ce que j’anticipe (sinon que cela leur en donne l’idée) et que les auteurs de ce guide ont prévu une autre édition complémentaire à celle ci, un guide plus culturel qui expliquerait aux mêmes voyageurs enclins à découvrir notre Histoire et notre culture qui était celui dont une rue porte le nom, pourquoi une plaque à l’honneur d’un autre se trouve là, pourquoi tel lieu a été affublé par les Niçois d’un tel nom, etc.

Si vous êtes Niçois, précipitez vous pour acheter ce guide, unique en son genre, et si vous venez d’ailleurs, nous vous conseillons, avant de flâner au hasard dans les rues de notre ville de vous munir d’un tel guide qui vous permettra de ressentir l’âme de cette ville (et de ce pays) qui a souvent été conquise, mais n’a jamais été soumise (et n’est pas prêt de l’être).

Nice, le Guide.

Editions « Mémoires Millénaires »

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