Istoria d’Aqui

un conte de Barbajohan dau temp que Berta filava !

Une belle histoire comme sait si bien nous les raconter notre ami conteur.

 

La passion selon Madame Rosa.

Madame Rosa s’éteignit paisiblement chez elle un triste jour de novembre, à 89 ans, c’est à cette occasion, que des yeux étrangers découvrirent son trésor.

Très peu de personnes rendaient visite à Mme Rosa, elle n’accueillait chez elle que des gens triés sur le galet comme on dit sur certaines plages privées de Nice.

Et aucune n’avait prit conscience des collections exceptionnelles qu’avait réunis cette femme extraordinaire.

Madame Rosa Martinez, était arrivée à Nice, en 1963, elle avait perdu son pays, sa maison, toutes ses affaires et souvenirs. Bref, elle avait dû partir de là bas, une main devant, une main derrière.

Au bout de quelques année d’errance de chambre meublée en habitats précaires, Mme Rosa avait trouvé refuge au « château hanté », le bloc des HLM Pasteur situé juste de l’autre côté du Paillon et aujourd’hui détruit.

C’est sans doute cette situation particulière qui expliquait la relation de Mme Rosa avec les objets alors que pour la plupart des gens, abolit bibelot d’inanité s’honore.

En effet, durant plus de quarante ans Mme Rosa avait été la championne hors catégorie de jeux concours, cadeaux, et divers objets fabuleux que l’on pouvait gagner en découpant, en remplissant, et revoyant divers coupons contenus sur les emballages de nombreux produits et les diverses réclames des magazines et journaux.

Ne croyez pas son appartement était un infâme capharnaüm, un « cafourchou à gari » !

Au contraire tout était parfaitement rangé, présenté par thème, les poupées, statues et personnages tridimensionnels, les reproductions d’œuvres des grands peintres, les affiches publicitaires, les torchons et serviettes imprimées, les livres récompenses, les photos dédicacées, et même les collections de journaux et magazines. Dans la cuisine, dans les placards muraux que l’on ouvrait lors des visites, se trouvaient quelques pièces rares, qui allait de l’ensemble à découper le saucisson, aux théières et cafetières,(dont les célèbre théières à têtes d’éléphant) les bols et mugs sérigraphiés, sans parler du placard aux échantillons alimentaires Dans sa penderie, des centaines de teeshirts porteur de nombreuses marques et dans le couloir, dans le placard mural, des milliers de micro-doses de produits détergent ou d’hygiène corporel.

Presque un demi-siècle de « civilisation » du consommateur français moyen.

Environ tous les mois, Mme Rosa, organisait aidée de son amie Aïcha, une sorte de vernissage dans sa galerie privée où elle présentait à quelques privilégiés ses dernières acquisitions.

Mme Rosa ne trichait pas, pour satisfaire sa passion, elle n’arpentait ni les brocantes, ni les poubelles. Elle fournissait à tous les curieux un certificat d’authenticité sous forme d’un courrier de l’organisateur du jeu concours, spécifiant le lot qu’elle avait gagné.

Lors des obsèques de Mme Rosa, une couronne portait comme épitaphe : « Les facteurs et personnels de la poste ». Il faut dire qu’avec ses vingt cinq enveloppes de coupons réponses expédiés chaque semaine et les nombreux colis qu’on lui livrait, sans parler des nombreux abonnements gagnés  à des revues et magazines,  Mme Rosa, était une sorte de mécène pour cette honorable administration.

Son bureau dans le salon, était lui-même une sorte de poste à l’ancienne, avec un meuble disposant de nombreux petits tiroirs un peu comme celui d’un imprimeur avant l’offset

Chaque tiroir comprenait des coupons découpés, des bons de réduction, sur le plan de travail des sticks de colles et six paires de ciseaux de différentes tailles.

Madame Rosa, gagnait souvent, car même les sociétés organisatrices de concours était surprises, en effet pour la plupart il ne leur serait pas venu à l’esprit qu’on puisse soigneusement décoller et découper plus de 300 étiquettes de boite de lait concentré afin de gagner une reproduction au un vingt cinquième d’un pot à lait en étain du 18ième Siècle.

Tel Parker Lewis, dans la célèbre série tv, des années Club Dorothée, Mme Rosa, ne perdait jamais.

Elle n’hésitait pas à mettre à contribution ses voisins et relations.

–  Bonjours, Madame Damiano, j’ai vu l’autre jour qu’en revenant d’Auchan, vous aviez un lot de purée instantanée Roselyne, qu’est ce que vous faite des emballages vides ?

– Ben, je les mets au vide ordure !

– Cela ne vous gênerait pas de me les garder, car il y a, sur les emballages, un jeu concours que je suis.

– Si ça peut vous rendre service, Mme Rosa, je vous les mettrais de côté.

La notoriété bienveillante de Mme Rosa avait vite conquis le quartier et même au-delà, ainsi les bambins de l’école, récupéraient les étiquettes de diverses bonbonneries pour les lui apporter.

– Bonjours Mme Rosa, mes copains et moi, on vous a collecté à l’école plus de cents emballages de Carambar.

– Oh, comme c’est gentil les enfants d’avoir pensé à tatie Rosa. Attendez, attendez, moi aussi j’ai un cadeau pour vous, des schtroumpfs que j’ai en double voire en triple.

Le salon de Mme Rosa était orné de quelques reproductions d’œuvres célèbres peintes à l’huile. Des chefs d’œuvres où le peintre, qui devait crever de faim, avait inclus une publicité.

Ainsi, la Vierge à l’enfant, façon peintre flamand, qui tenait l’enfant jésus, à plat ventre sur ces genoux, ses petites fesses à l’air, et au bout de ses doigts graciles un suppositoire. (Don des Laboratoires Mercier ●) Suppositoires au camphre et aux huiles essentielles d’Eucalyptus.

Il y avait aussi, Cléopâtre recevant César dans son bain avec la figure du célèbre bébé Cadum émergeant de la mousse.

Le Sacre de Napoléon, ou dans un coin un grognard passe l’aspirateur Tornado preuve que celui-ci est parfaitement silencieux.

Voire encore, La prise de la Smala d’Abdel Kader, par le Duc d’Aumale, ou figurait dans le désert, une célèbre marque de distributeur de carburant pétrolier…

Quand aux objets tridimensionnels, ils étaient multiples et diverses, de toutes les tailles, de la célèbre vache qui rie, en passant par les figurations de scènes de boulistes en reliefs d’une célèbre marque de Pastis dont la statue du célèbre tafanari de la non moins célèbre Fanny et les figurines des champions du tour de France sur leur vélos portant la marque de leur sponsors.

La galerie des photos dédicacées des vedettes du grand écran aurait pu figurer dans la galerie d’honneur du festival de Cannes. Tous avaient spécifié dans la dédicace personnalisée qu’ils avaient fait à Mme Rosa Martinez de Nice qu’ils devaient leur sourire au Dentifrice Machin, leur teint de jeune fille à la Crème de beauté des laboratoires chose, et la beauté de leur chevelure aux champoings trucs.

Hélas, le seul héritier de Mme Rosa, était un lointain neveu qui ne l’avait jamais connu, et qui pressé par l’office HLM de la Ville de Nice d’avoir à libérer l’appartement sous peine d’astreinte, fit appel à une entreprise qui apporta le tout à la déchèterie.

Quelques intrépides gamins, récupérèrent quelques objets dans la benne à ordure, que l’on peut voir ressurgir à nouveau quelques fois dans les vides greniers et qui perpétuent ainsi le souvenir anonyme de Mme Rosa.

Le neveu de Mme Rosa, avait emporté en souvenir une boite à biscuit en tôle émaillée richement décorée, pleine de reproduction de monnaies diverse qu’il avait finit par donner à son fils pour qu’il joue au trésor des pirates dans le jardin. Il fit quelques années plus tard un malaise cardiaque, lorsqu’il se rendit compte que parmi la collection de pièces numismatiques en métal et en plastiques de sa tante, s’étaient glissées quelques monnaies authentiques de très grandes valeurs.

Barbajohan (despi Dina le 10/05/2016).

  • Les laboratoires MERCIER (rout comme la Grande Pharmacie MERCIER) était une institution dans la ville de Nice. Ils furent fondés par René-Louis MERCIER, pharmacien. Celui-ci fut aussi un homme politique qui occupa le poste d’Adjoint aux sports dans la municipalité d’Alexandre MARI.

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