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Les Anges de la Madone
Très souvent, la capacité d’accueil des Niçois, à travers les siècles, est citée et mise en avant.
Notre Pays Niçois a, de tous temps, su accueillir ceux qui venaient chez nous pour y vivre et, quand ceux-ci aimaient le pays, ses traditions , sa culture et son patrimoine, il en a fait des enfants de Nice. Au cours des siècles, cette terre a vu passer un nombre incalculable de nouveaux arrivants, qui, pour la plupart, s’y fixèrent, une fois tombé sous le charme de ce mélange étonnant de mer et de montagne. Ces apports de populations, qui venaient vivre chez nous en respectant ce que nous sommes, ont contribué à forger cette culture par ce qu’ils y apportaient, sans, pour autant, vouloir s’y substituer. Ils se sont intégrés par la culture et la langue et ont été assimilés à la communauté nissarde.
J’ai fait ce préambule, afin que nous puissions comprendre les motivations et réactions des héros du livre que je viens lire: « Les Anges de la Madone » de Ernest di Gregorio, paru aux Editions « Baies des Anges ».
Ce livre raconte une page d’histoire de notre Pays Niçois qui s’est déroulée lors du dernier conflit du XX° siècle en Europe. Notre pays, administré par l’état français depuis 1860, a été un territoire sur lequel se sont croisés, à l’occasion de la deuxième guerre mondiale, des individus et des communautés forts divers, pris dans le chaos de cette nouvelle guerre civile entre nations européennes.
Dans son livre, l’auteur explique bien comment Nice et son haut-pays sont devenus un sanctuaire dans lequel sont venus se réfugier ceux qui étaient persécutés ailleurs. Le sous-titre de l’ouvrage est éloquent à ce sujet « Du ghetto de Varsovie à Saint-Martin Vésubie ». En effet, l’histoire a pour protagonistes des juifs polonais ayant fui leur pays ravagé par la guerre pour venir se réfugier à Nice et sur notre territoire.
…Si l’auteur décrit bien les évènements de l’époque et l’ambiance qui régnait, alors, dans nos montagnes, il ne parle pas de l’histoire multimillénaire de notre Pays Niçois dans lequel cette tradition d’hospitalité a toujours été pratiqué: cela eut, sans doute, permis de mieux comprendre l’attitude des gens d’ici vis à vis de ceux qu’ils accueillaient sans faire de distinction entre eux.
Comme dans les sociétés antiques, la tolérance par rapport à la culture et la religion était totale. La pratique religieuse relevait du domaine privé et n’avait pas à s’épandre sur la place publique. C’est ainsi, que les juifs ont toujours été accueilli dans le Pays Niçois quand ils étaient persécutés par ailleurs: nous pensons plus particulièrement à 1180 quand les juifs furent expulsés du royaume de France par Philippe-Auguste, à 1503 quand les juifs furent chassés de Rhodes par les Chevaliers de Malte, peu après quand les juifs Maranes furent chassés d’Espagne et du Portugal, puis, plus près de nous, en 1669 quand des Juifs d’Oran arrivèrent chez nous. D’ailleurs, preuve que les juifs ne posaient pas problème ici, à la fin du 17° siècle, on distingue, à Nice et Villefranche, trois catégories de juifs…les juifs Niçois de souche né dans le Pays Niçois ou au Piémont, les juifs Portugais, Espagnols et Hollandais installés depuis la création du Port Franc (en 1612) et les juifs Oranais arrivés en 1669…
Si j’ai fait cet aparté, c’est bien pour que l’on comprenne que l’attitude bienveillante des populations autochtones du Pays Niçois envers les juifs à cette époque, attitude bien décrite dans le livre, est toute naturelle et bien ancrée depuis la nuit des temps.
En parcourant le roman de Di Gregorio, on voit bien que l’auteur est un homme qui aime la montagne tant les descriptions qu’il nous fait de nos « Alpes » est saisissante de réalité et provient d’une grande observation du terrain de sa part. Vous le suivrez sur les sentiers abrupts qui parcourent nos vallées et nos cimes. Vous vibrerez avec lui sur les plus hauts sommets d’où un panorama unique et exceptionnel s’offre à nos yeux toujours éblouis.
-Eh bien, le Gélas, je ne te le présente plus. Devant lui, la cime Saint-Robert, et juste avant, la pointe qui nous fait face, la cime est de Fenestre. A nos pieds, le Pas des Ladres, et plus à l’Ouest vers le Boréon, les eaux turquoises du lac de Trécolpas. Tu peux apercevoir, aussi en contrebas, le petit lac de Fenestre, près duquel nous allons passer tout à l’heure en redescendant…
A travers les actions des réseaux de la résistance, vous revivrez les exploits de nos anciens Barbets qui , eux aussi, connaissaient la montagne comme leur poche. Vous partagerez le quotidien de ces femmes et de ces hommes d’alors qui sont si proches de nous dans leur amour de leur terre.
A part cela, le livre retrace bien l’ambiance trouble de l’époque, tant il était difficile d’être neutre, mais il ne relève pas d’un manichéisme caricatural (malheureusement trop souvent employé à des fins de propagande, encore aujourd’hui) et souligne qu’il y avait des hommes et des femmes remarquables ainsi que des salauds des deux côtés, car, dans le domaine de l’Histoire, rien n’est jamais tout blanc ou tout noir.
Bien sûr, pour atténuer ce que cette période de guerre recélait de cruauté, une trame amoureuse parcourt le livre au travers de cette aventure (et, même là, la complexité règne sur les sentiments exacerbés de ceux qui sont les héros de cette histoire).
Une livre agréable à lire sur une période qui le fut moins, mais qui nous livre un pan de l’Histoire du Pays Niçois et met en valeur les femmes et les hommes de ce pays qui ont de tout temps été des résistants au cours des siècles. Le Niçois, ce montagnard face à la mer, s’est forgé un caractère fort pour vivre dans un environnement difficile et combattre ceux qui voulaient le soumettre. Ce livre met en exergue l’honneur du peuple « dou Païs Nissart » qui n’a jamais trahi sa réputation d’hospitalité et d’accueil.
« Toi qui vient d’ailleurs, je ne te demande pas d’où tu vient, mais où tu veux que nous allions ensemble » …telle est la mentalité des gens de ce pays.
* Ce monument qui se trouvait à l’entrée du pont neuf fut érigé en 1826 et était constitué d’un obélisque flanqué de 4 sphinx avec une stèle portant un éloge en latin et en hébreux. Ce monument fut démoli après l’annexion frauduleuse du Comté de Nice par l’état français en 1860. Les sphinx furent placés au Château, sur la balustrade qui surplombait la cascade. A l’heure actuelle, ils se trouvent derrière des grilles dans la rue de la Préfecture.
Merci monsieur Fontan, pour ce remarquable article.
Cordialement,
Ernest di Gregorio
Nous avons eu plaisir à lire votre livre et, puisque notre Pays Niçois a l’heur de vous plaire, nous aimerions reprendre contact avec vous pour un diner-débat que vous animeriez sur le thème de la Montagne et au travers de vos livres. A bientôt. Cordialement,
R.M.MERCIER (administrateur du site et Président de l’Association « Racines du Pays Niçois »)
Bonjour Monsieur Mercier, je viens seulement de prendre connaissance de votre message.Je vous prie donc de bien vouloir m’excuser pour le retard avec lequel je vous réponds (je ne suis pas un habitué de Facebook, et j’ai découvert votre message en consultant par hasard le journal d’une amie.
C’est avec plaisir que je reprendrai donc contact avec vous, s’il en est encore temps, bien entendu. Nous conviendrons d’un rendez-vous.
Merci,
Cordialement,
Ernest di Gregorio