CITOYENNETE NISSARDE, REVE ou REALITE ?

Plaidoyer pour une

citoyenneté Nissarde

Dernièrement se sont tenues les journées de Corte durant lesquelles fut évoqué l’idée de mettre en place une citoyenneté Corse. Cette idée nous a paru très intéressante et novatrice pour lutter contre la spéculation immobilière dans l’Ile de beauté, mais également dans toutes les Patries Charnelles devenues des zones de résidences secondaires pour les étrangers au Pays (Français, Italiens, Russes,etc). Nous avons, en effet, la même problématique que les Corses chez nous et la spéculation immobilière bat son plein, empêchant les indigènes de se loger correctement ici. Nous vous livrons l’interview que Jean Guy Talamoni a donné dernièrement à LaVielmmo.com


Interview de J.G Talamoni sur le foncier et la citoyenneté corse

« La Corse n’est plus qu’un marché de résidences secondaires »

Jean-Guy Talamoni est avocat, militant du parti indépendantiste Corsica Libera et conseiller territorial à l’Assemblée de Corse. Il revient pour LaVieImmo sur le concept de « citoyenneté Corse », débattu cet été et qu’il espère voir aboutir lors de la tenue des assises du foncier, à l’automne prochain.

Vous évoquez la notion de « citoyenneté Corse » pour endiguer la spéculation immobilière sur l’île de Beauté. Qu’entendez-vous par cela ?

Jean-Guy Talamoni : Ce que demande Corsica Libera est simple. Nous proposons une citoyenneté insulaire qui s’obtiendrait au bout de dix ans de résidence à titre principal en Corse. Cela est valable pour toute personne désireuse de s’installer dans l’île, et c’est une des solutions que nous préconisons effectivement contre la spéculation. Car les faits parlent d’eux-mêmes : les Corses ne parviennent plus à accéder à la propriété, bien que nous comptions 5 000 nouveaux propriétaires par an. La demande extérieure est pléthorique et les investisseurs prolifèrent sur tout le littoral. Nous ne pouvons plus nous aligner sur les prix, qui affichent une progression continue à l’achat, et en parallèle à la location. A ce sujet, la SAFER [Société d’aménagement foncier et d’établissement rural, NDLR] de Corse mentionne une hausse de 2000 % des prix en 10 ans.

Qui sont ces acheteurs ?

Jean-Guy Talamoni : Ce sont surtout des continentaux, des Italiens, ou des Suisses, et nous avons même vu quelques Russes arriver sur le marché. Ce n’est pas qu’un marché de résidences secondaires, mais également de troisièmes ou quatrièmes résidences. Pour un grand nombre d’entre elles, les résidents occupent leur villa 15 jours par an seulement. Le reste du temps, le bien est mis en location, le plus souvent au noir. Aujourd’hui, on compte 70 % de para-commercialisme sur l’île. Voilà pourquoi nous souhaitons mettre en place la notion de citoyenneté basée sur la propriété, ce qui est conforme au droit public français, comme ce qui avait été entrepris pour la Nouvelle-Calédonie en 1998.

Nicolas Sarkozy avait déclaré en février 2010, en déplacement à Ajaccio, vouloir « lutter contre la spéculation immobilière » en Corse. Etes-vous en accord avec sa politique ?

Jean-Guy Talamoni : M. Sarkozy s’est en effet rendu compte de la situation, mais il ne va pas suffisamment loin, selon nous. Car ce qu’il faut, c’est pérenniser un accès au foncier. Quand M. Sarkozy demande la création d’un Office foncier en Corse, il s’agit plus d’un instrument que d’une politique à proprement parler. Sur le fond, le gouvernement souhaite mettre en place un dispositif particulier de taxation, applicable à chaque transaction. Mais cette mesure ne toucherait pas que les étrangers à la Corse, elle toucherait tout le monde. Cela peut aggraver la situation pour les accédants corses, et les plus fortunés ne seront pas pour autant bloqués, ils parviendront tout de même à acheter. C’est ce que j’appelle une « fausse bonne idée ».

Les derniers chiffres de l’Insee font part de 126 000 résidences principales et plus de 70 000 résidences secondaires. Les confirmez-vous ?

Jean-Guy Talamoni : J’estime que les chiffres publiés ne reflètent pas la réalité pour ce qui est des résidences secondaires, qui sont beaucoup plus nombreuses que cela. Une ville comme Porto-Vecchio, par exemple, comprend plus de résidences secondaires que de résidences principales. En revanche, une statistique qui me semble particulièrement criante pour démontrer le mal-logement est celle publiée par le Service de l’observation et des statistiques, qui mentionne une sur-occupation et un surpeuplement des logements, de l’ordre de 7 % du total du parc de résidences principales. Soit la plus forte de France.

Si vous souhaitez moins de résidences secondaires, n’avez-vous pas peur d’un impact négatif sur le tourisme, qui est une ressource non négligeable ?

Jean-Guy Talamoni : Evitons les méprises : nous ne sommes pas contre le tourisme, bien au contraire, je pense que nous avons intérêt à sauvegarder l’attrait touristique de l’île. Mais la logique est perverse. Sur le plan de l’emploi, le tourisme crée surtout du commerce parallèle, à cause du travail clandestin. Sur le plan social, c’est une catastrophe, car le logement secondaire bénéficie aux grandes surfaces. Bon nombre de petits commerçants ne voient pas l’ombre d’un touriste, ceux-ci se tournant majoritairement vers la grande distribution. L’activité touristique n’est efficace que si tous les secteurs en bénéficient. Or, elle est pour l’instant concentrée dans le temps : deux mois par an ; et dans l’espace, sur le littoral. Il faudrait parvenir à diversifier et maîtriser une activité touristique pour le moment subie. Quelques tentatives ont été faites dans le sens d’un développement du tourisme chez l’habitant, encore erratique. Je déplore l’absence de politique globale dans ce secteur.

Chacun se souvient de l’occupation de la villa de Christian Clavier l’été 2008 par des militants. Y aura-t-il d’autres opérations de ce type ?

Jean-Guy Talamoni : L’occupation, pacifique, de la maison de Christian Clavier a permis de médiatiser notre cause, et surtout a contribué à la fin du Padduc [Plan d’aménagement et de développement durable de la Corse, NDLR], ce qui est une grosse victoire pour nous. Cette mesure était l’inverse du développement durable, car elle permettait de réaliser une « économie résidentielle », ce qui a fait le lit de la spéculation immobilière. Pour répondre à votre question, le principe de l’opération Clavier était de dénoncer en montrant. C’est ce que l’on a fait et nous allons continuer à le faire si nécessaire, même si l’on sent que le dialogue semble s’établir.

Propos recueillis par Léo Monegier – ©2010 LaVieImmo.com


Dans une république française qui fait de l’égalité une de ses valeurs affichées au fronton des mairies, il nous semble que la proposition faite par les Indépendantistes Corses d’avoir le même traitement que la Nouvelle-Calédonie en terme de reconnaissance de citoyenneté est tout à fait légitime. Les conditions posées par les Corses sont très modérées et acceptables par tous.Nous en voulons pour preuve ces autres propos de Jean Guy TALAMONI exposés ci-dessous qui montrent bien qu’il n’y a aucun sectarisme dans les intentions des Indépendantistes Corses.


Jeudi 19 août 2010

http://www.lepoint.fr/content/system/media/1/200809/20508_une-talamoni.jpg

Jean-Guy Talamoni,

Corsica Libera

(indépendantiste), réagit

à la volonté des nationalistes

d’instaurer « une citoyenneté

locale » qui permettrait

de limiter les ventes de maisons

aux « continentaux ».

Selon vous, l’instauration d’une « citoyenneté corse » permettrait de résoudre la crise de l’immobilier que connaît l’île. Quel est le rapport?

Les prix s’envolent depuis plusieurs années, sous l’effet notamment de la multiplication des résidences secondaires, achetées par des personnes très riches. Résultat: de nombreux Corses ne peuvent plus se loger dans leur village ou dans leur quartier. C’est pourquoi nous proposons d’instituer une « citoyenneté corse », attribuée au bout de dix ans de résidence permanente, et qui seule permettrait de devenir propriétaire.

Si les Continentaux achètent, c’est que des Corses sont bien contents de leur vendre et de réaliser ainsi de bonnes affaires...

C’est vrai, mais il est des moments où l’intérêt collectif doit primer sur l’intérêt individuel. Il s’agit d’une question politique: les Corses doivent pouvoir continuer à habiter sur leur terre.

L’immobilier s’envole aussi en Provence et à Paris et nulle part on n’envisage de solutions aussi radicales !

C’est vrai. Et quel est le résultat? Quand on se rend dans le Lubéron, on ne trouve plus beaucoup d’habitants qui soit originaires du Lubéron. Personnellement, je n’ai pas envie que mon île suive le même chemin. Je souhaite que la Corse reste la Corse.

Faut-il pour cela instituer une « citoyenneté » particulière?

Oui, car cela changerait tout. Car les Continentaux ou les Européens qui achètent ne s’installent pas à l’année, mais quelques semaines. En bloquant ces acheteurs, la demande diminuera et les prix aussi.

Et que prévoyez-vous pour les Corses de la diaspora? Seront-ils exclus de la citoyenneté, faute de résider sur place de manière permanente?

Pas du tout. Ils en bénéficieront évidemment. Même si nous devons encore déterminer les conditions exactes de ce droit.

Donc, vous défendez le droit du sang.

Oui, mais pas exclusivement. La France elle aussi prévoit l’acquisition de la nationalité par le droit du sang et par le droit du sol. Je comprendrais la critique si nous réservions la citoyenneté corse au seul droit du sang, mais ce n’est pas le cas, puisque encore une fois, elle sera accordée à tous les résidents permanents au bout de dix ans. Ce qui n’est pas le cas, je vous le ferais remarquer, pour la nationalité française.

Tout de même. Instituer une citoyenneté corse, n’est-ce pas une forme de xénophobie? N’allez-vous pas créer des citoyens de seconde zone?

C’est exactement l’inverse puisque rien n’empêchera un continental, un Portugais ou un Africain d’obtenir la citoyenneté corse après 10 ans de résidence permanente. Connaissez-vous beaucoup de pays où ce soit le cas. Ce serait au contraire le système le plus généreux d’Europe. En revanche, je considère qu’un touriste ou même un sous-préfet qui passe trois ans ici n’est pas corse pour autant.

Cela reste contraire à la tradition française, celle d’Ernest Renan qui disait qu’une nation est un plébiscite de tous les jours!

En quoi? Si quelqu’un partage la vie des Corses pendant 10 ans, il aura prouvé sa volonté d’intégration et disposera sans difficultés de la citoyenneté corse. Mais il  en ira différemment des touristes qui y passent 15 jours en vacances. Ceux-là seront toujours les bienvenus, mais ils ne seront pas considérés comme citoyens. Est-ce illogique? A ma connaissance, les Japonais qui visitent Paris chaque année ne deviennent pas citoyens français à cette occasion.

Vous dîtes que votre vision de la citoyenneté serait la plus généreuse d’Europe. Mais elle sera la plus restrictive des régions françaises. On peut acheter une propriété en Bretagne ou en Bourgogne sans attendre 10 ans.

C’est exact, mais la vraie question est ailleurs: la Corse est-elle une région française? Pour moi, la réponse est non. Nous formons une vraie nation, intégrée à la France depuis seulement 250 ans, ce qui est peu, à l’échelle de l’histoire. N’oubliez pas que les Génois sont restés ici pendant 400 ans. Et qu’ils en sont partis…

Un tel statut est-il compatible avec les règles de l’Union européenne?

Il existe un cas semblable dans les îles Aland, en Finlande.

Etes-vous sûr que la « citoyenneté corse » soit juridiquement compatible avec le droit français? L’instauration du peuple corse, avait été invalidée par le Conseil constitutionnel.

Une citoyenneté locale a été instituée en Nouvelle-Calédonie et validée par le Conseil constitutionnel, avec des conséquences explicites sur le corps électoral et l’accès à l’emploi. Pourquoi la France refuserait-elle ici ce qu’elle a accepté ailleurs?

Parce que la Nouvelle-Calédonie est un territoire d’outre-mer et que vous n’avez pas le même statut !

Un statut, ça se change…

La création de cette citoyenneté aurait-elle des effets uniquement sur l’accès à la propriété ?

Non. Dans notre esprit, elle devrait aussi avoir des implications sur le corps électoral et l’accès à l’emploi public. Comme en Nouvelle-Calédonie.

source l’express

Par FPL – Publié dans : Corsica

Nous voulons, nous aussi, Nissart, obtenir une Citoyenneté Nissarde aux mêmes conditions que celles édictées plus haut, car nous souffrons tout autant de la spéculation immobilière et je serai tenté de dire plus dans la mesure ou nous n’avons pas pratiqué l’écologie « à la Corse » en laissant bétonner tout notre littoral. Les Corses, à juste titre, répondent que la Corse n’est pas une région française mais bien une Nation qui a été intégrée à la France seulement depuis 250 ans.  Que dire de  notre « Païs Nissart » qui a été annéxé illégalement depuis moins longtemps, soit 150 ans, et cela ne donne pas des droits imprescriptibles à la France sur le Comté de Nice. Nous pourrions rajouter, pour ceux qui disent que nous sommes devenus, pour toujours, français de fait avec ces 150 années d’administration française que l’Algérie a été française bien avant le Comté de Nice et ce pendant 132 ans et qu’elle a retrouvé sa souveraineté et s’il fallait enfoncer le clou que l’Espagne a été occupée pendant 700 ans par les « mauresques » et qu’elle aussi a réussi sa « Reconquista ». Fort de tout cela, nous demandons à tous les élus locaux du Pays Niçois, qui veulent que leurs administrés puisent vivre et travailler au Pays, donc se loger ici, de nous soutenir dans cette démarche. Pour notre part nous soutenons sans réserve nos frères Corses pour qu’ils obtiennent cette citoyenneté Corse. Nos patries ne sont pas à vendre !

Robert Marie MERCIER

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