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Et si Nice… quelques pistes pour l’avenir
Beaucoup de gens râlent après ce qu’ils subissent de la part du gouvernement français, un grand nombre rêvent de faire « sauter le pont du Var » c’est à dire s’affranchir de la tutelle pesante de la France, mais quand il s’agit d’agir en ce sens, la plupart pensent que cela n’est pas possible voire pas envisageable.
Et pourtant, en quoi cela ne serait il qu’un vœu pieux ? L’ancien Comté de Nice ne pourrait il retrouver sa souveraineté et décider de son destin plutôt que de supporter les contraintes structurelles et juridiques de l’état français ?
Etre indépendant aujourd’hui:
Il me semble que le débat autour de l’indépendance est largement dépassé de nos jours dans la mesure ou plus aucun pays n’est vraiment totalement indépendant et même celui qui nous administre à l’heure actuelle. Il s’agit plutôt de définir quels sont les moyens de retrouver des souverainetés sur des territoires donnés et de définir, sur ces mêmes territoires, quel type de fonctionnement politique, quel aménagement du territoire et quel type d’économie serait le plus adapté aux désirs et besoins de la population vivant sur ce territoire. Il s’agit aussi de pouvoir agir sur la régulation des populations car il parait évident qu’il doit y avoir adéquation entre un territoire et la population que celui-ci peut recevoir. Un territoire est forcément toujours limité et ne peut accueillir toujours plus de populations venues d’ailleurs. Il s’agit, aussi, de savoir quel est le degré d’autosuffisance énergétique en un endroit donné et si un développement autarcique y est plus ou moins possible. En fait, à la fin du siècle dernier, nous avons vécu un grand mouvement de libération des peuples en Europe qui a vu apparaître (pour certains, réapparaître) de nouveaux états sur notre continent. Bien sûr, cela n’a échappé à personne, et c’est pourquoi d’autres nations européennes maintenues sous la tutelle (le joug ?) d’une autre ont émis des velléités d’indépendance qui, peu à peu, ont pris forme pour devenir une réalité envisageable (Catalogne, Ecosse). Tout ceci n’est pas étonnant, rappelez vous…c’est à partir du moment ou la nation colonisatrice française a commencé à perdre que les soldats issus des colonies, enrôlés dans l’armée vaincue, ont constaté que « le maitre n’était pas invincible » (guerre de 39/45) et que d’autres pays pouvaient se libérer de la tutelle coloniale (Indochine= Dien Bien Phu), et ont commencé à se poser des questions sur la possibilité de se libérer, eux aussi, en chassant à leur tour les colons. Cela dit, il me semble que le Comté de Nice peut s’affranchir de la tutelle française, et retrouver ses libertés. Cela n’a rien d’incongru dans la mesure où d’autres états de moindre importance sont politiquement indépendant au sein de l’Europe, et ont un siège à l’ONU.
Comment accéder à l’indépendance ? :
Il est loin d’être évident de recouvrer notre liberté dans un pays centralisateur comme peut l’être l’état français. L’histoire du pays occupant s’est faite par des conquêtes, occupations, héritages et autres annexions et sûrement pas par adhésion. Sous l’ancien régime, il y avait encore des Parlements Provinciaux, même si, progressivement, l’état se dirigeait vers une monarchie absolue laissant peu de marge de manœuvre aux pouvoirs provinciaux. Cela dit, cet état s’occupait principalement des fonctions régaliennes ( affaires étrangères, affaires militaires et justice) laissant plus de latitude aux populations locales pour régler leurs problèmes loin du pouvoir central. La « révolution » bourgeoise de 1789, qui n’avait pour but que de renverser la noblesse pour faire la part belle à la bourgeoisie (banquiers et marchands) allait faire disparaitre tous les corps intermédiaires sur le territoire français. Bien évidemment, cela ne nous touchait pas directement dans la mesure ou nous n’étions pas français et faisions partie des « Etats de Savoie » dont l’administration territoriale était à l’opposé du centralisme jacobin français. En effet, le Comté de Nice était une confédération de communes libres gérant chacune ses propres affaires communales. Cela explique, en partie, le rejet par les habitants du Comté des structures que la nouvelle « république » française, qui avait envahi notre pays, en 1792, voulait mettre en place (ce ne sera pas la seule raison qui motivera la résistance de notre peuple au nouvel ordre imposé par les troupes républicaines: les exactions commises par les « bleus » dans nos villages et nos vallées seront bien sûr déterminantes dans l’éveil du mouvement de résistance des Barbets qui mènera la vie dure à l’envahisseur jusqu’à la restauration Sarde de 1814). Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Les paramètres ne sont plus ceux qui existaient à l’époque et on a « francisé » notre pays à outrance. C’est pourquoi, il faut bien en être conscient, aujourd’hui, il n’y a qu’une minorité d’habitants du Comté qui serait favorable à se détacher de l’état français. Bien sûr, il y a la voie légale qui consisterait à faire respecter le droit international qui dit que « le traité du 24 Mars 1860 est abrogé » ce qui a pour conséquence de dégager le Comté de Nice de la tutelle illégale de l’état français, comme il était dégagé, de fait, depuis 1860 de la tutelle de la Maison de Savoie dans la mesure ou le représentant de cette Maison, à laquelle nous nous étions librement dédié, en 1388, abandonnait sa souveraineté sur le Comté. Il faudrait, alors, savoir comment serait géré, de façon temporaire notre Pays Niçois. Comment mettre en place une gouvernance légitime ? Quels accords internationaux passer et avec qui ? Comment faire adopter une constitution ? Qui serait citoyen Niçois ? Beaucoup de questions en perspective que l’on doit se poser si, demain, nous ne voulons plus être objets et simples observateurs, une fois encore, de notre propre histoire mais plutôt en devenir les sujets agissants et responsables. Mais, quoi qu’il en soit, il y a tout un travail à faire pour que changent les mentalités longtemps façonnées par l’idéologie dominante de l’état occupant. Un travail d’explication pour montrer que le rêve n’est pas aussi fou qu’il y paraît et qu’une autre histoire est possible dans l’avenir.
Quand la culture précède la politique:
Il ne sert à rien de vouloir être « indépendant » simplement pour ne plus dépendre de l’état français, si c’est pour conserver les mêmes structures, les mêmes lois, la même culture. L’importance du « culturel » est primordiale dans le processus de libération (comme il est dans le processus de survie d’un peuple…l’exemple des anciens pays européens du bloc de l’Est est significatif à cet égard). Il ne sert à rien non plus de faire de la culture pour la culture, sans volonté politique à terme, car, dans ce cas, la libération ne pourra se faire puisque ceux qui créent l’aliénation culturelle de notre peuple auront toujours les leviers pour accentuer celle-ci, fusse de façon insidieuse. La culture va de pair avec une vision politique (non politicienne, bien sûr, et surtout pas avec les armes de notre adversaire ni sur son terrain) et le projet politique ne saurait s’affranchir de son support culturel. Nous pourrions dire que la culture nous sert à affirmer notre identité, notre particularisme et notre différence, qu’elle sert à nous donner des repères dans un monde qui n’en a plus, à nous faire retrouver les racines sans lesquelles aucun organisme vivant ne peut se développer. En revanche, son pendant, la Politique (dans le sens originel du mot) est bien l’outil qui fera que nous pourrons nous donner les moyens nécessaires à la survie de cette culture dont nous avons hérité et que nous devons transmettre.
Le long travail d’explication et de démonstration:
Nous devons nous appliquer à faire tout un travail pédagogique auprès de la population qui vit sur notre territoire afin de faire taire les peurs suscitées par l’inconnu. Il va falloir démontrer à nos concitoyens du Comté de Nice que toutes les contraintes que nous subissons de la part de l’état français ne sont pas une fatalité et que le fait d’avoir une « nationalité française » depuis 153 ans n’est pas quelque chose d’inéluctable (n’oublions, quand même, pas que les Espagnols ont subi 7 siècles d’occupation arabe avant de se libérer, que l’Irlande s’est en grande partie libérée après 427 années d’occupation anglaise…). Nous devons aussi rassurer les citoyens français qui n’ont pas de racines familiales profondes dans notre Comté en leur expliquant que nous avons toujours intégré ceux qui sont venus chez nous dans la mesure ou ils aimaient le pays et sa culture et défendaient ceux-ci de la même façon que ceux qui étaient là avant eux (bien sûr, nous nous sommes toujours rebellé contre ceux qui venaient pour nous imposer une autre culture). Nous avons vu passer les Ligures, Les Grecs, les Celtes, les Romains , les Provençaux, les Sarrasins, les Savoisiens, les Piémontais et les Français dont un grand nombre sont restés chez nous pour partager notre culture et notre façon de vivre tandis que nous nous enrichissions de leurs apports respectifs. Nous devons dire à tous ceux qui partagent le territoire de notre pays Niçois qu’ils seront libres de rester, et de choisir la nationalité Niçoise (ce qui impliquera d’autres obligations et quelques changements dans leur façon de vivre) comme de partir s’ils le souhaitent. Bien sûr, ceux qui voudront rester en gardant leur nationalité d’origine (la nationalité française en l’occurrence) pourront le faire en ayant un statut d’étranger sur notre sol avec toutes les garanties d’hospitalité dont nous avons fait preuve des siècles durant, mais pas plus. Nous devrons démontrer à tous ces gens qu’il est possible de retrouver une souveraineté sur notre territoire nous permettant de décider ici ce qui est bon pour notre pays et comment orienter notre développement. Nous devons leur dire que nous ne sommes pas seuls et qu’à côté de chez nous, nous avons des alliés au Piémont, en Savoie, au Val d’Aoste, en Ligurie et dans les cantons Suisses qui faisaient partie de la Maison de Savoie. Il faudra leur montrer que toutes ces régions sont riches et, alors qu’aujourd’hui elles servent de vaches à lait aux Etats-nations qui les administrent. Elles peuvent s’unir entre elles pour former une confédération économiquement valable au sein de l’Europe (ce à quoi nous travaillons avec les autres pays de l’Arc Alpin). Il faut leur montrer que l’on pourra vivre de façon plus agréable demain, utiliser autrement l’énergie venue de nos montagnes, repenser un nouvel aménagement territorial pour dégorger la ville de Nice et relancer la vie et les activités économiques dans nos vallées et nos villages (il faut savoir que pendant longtemps, il y avait une véritable économie de montagne, qui permettait aux populations de vivre chez eux, économie que l’on a détruit pour mettre en place une mono-industrie touristique centrée autour des sports alpins). Il faudra dire, dans nos villages, que l’on peut retrouver les structures territoriales sous lesquels nous avons vécu pendant des siècles (Le Comté de Nice était une véritable confédération de communes libres). Il faudra leur faire comprendre que l’on peut penser autrement les transports de populations et de marchandises sur tout le territoire du Comté (il fut un temps ou celui-ci était sillonné par le Tram’, du Sud au Nord et de l’Est à l’Ouest et on a tout fait disparaitre, années après années). Il faut leur montrer l’utilité essentiels de nos lignes de chemins de fer (Train de Pignes et Train des Merveilles) qui, non seulement doivent être conservés, mais améliorés pour devenir nos RER dans le Comté. Nous essaierons de leur faire comprendre l’intérêt que l’on a à faire disparaître ce trafic intensif de camions dans et autour de Nice (favorisons le ferroutage) et à taxer les camions qui circulent à vide mais polluent à fond. Il faudra faire comprendre que notre territoire ne peut pas indéfiniment accepter des apports de populations qu’il ne pourra supporter. Il faudra faire comprendre que nous avons une véritable richesse avec l’eau de nos montagnes qu’il ne faudra plus gaspiller (une véritable politique envers les résidences secondaires sera à mener dans le futur) . Il conviendra de leur révéler la chance qu’ils ont d’avoir des terres cultivables dans des zones alluvionnaires sur lesquelles on peut produire nos besoins en fruits et légumes plutôt que de les importer de fort loin (création d’emplois pour les jeunes agriculteurs en recherches de terres, diminution de la pollution due aux transports, traçabilité en sachant ce que l’on mange). Il faudra faire comprendre à nos concitoyens que décroissance ne rime pas avec récession. Il faudra, aussi, leur expliquer que nous pourrons mettre en place une véritable démocratie directe (comme cela existe encore en Suisse: référendum d’initiative populaire, pouvoir cantonal local, contre-pouvoirs pour empêcher la prise en otage de la population par les politiciens), une démocratie que la « république une et indivisible » leur avait confisqué. Bref, nous avons du pain sur la planche, mais le jeu en vaut la chandelle. Car, une fois que tous ces paramètres seront intégrés, il faudra qu’ils se rendent à l’évidence que nous devrons nous libérer de la tutelle de l’état français, pour ne plus subir ce qui se décide à Paris (voire encore plus haut) mais prendre notre destin en main et décider ici ce qui est bon pour ici.
Demain, Nice souveraine au sein d’une confédération de l’Arc Alpin dans une Europe des Peuples:
Quel scénario pourrait se produire dans le futur, si jamais le Comté de Nice retrouvait sa liberté ? Nous ne pouvons présager, aujourd’hui de quoi demain sera fait et de nombreuses pistes s’ouvrent devant nous. Ce qui est certain c’est que notre destin sera celui que nous voudrons en faire. Comme je le dis souvent, l’histoire n’est écrite nulle part…elle est le fruit de différents évènements (ou de la convergence de plusieurs évènements successifs ou concomitants), elle est aussi le fruit des choix effectués à un moment donné par un groupe déterminé quand cette histoire se trouve en équilibre sur une ligne de crête et peut basculer d’un côté ou de l’autre, elle peut aussi se voir dirigée dans un sens par ceux qui avaient quelque chose de nouveau à proposer. Etre indépendant , au sens strict du terme, je n’y crois guère dans la mesure ou, dans un monde qui a élargi son champ d’action, il n’y a pas de pays, aujourd’hui, vraiment indépendant. D’ailleurs, on peut remarquer que le terme lui même fait peur à beaucoup de nos contemporains. Une autonomie très large au sein d’un ensemble cohérent me semble être le choix à faire quand le moment sera venu. Cette autonomie implique que nous ayons la maitrise de notre politique territoriale afin de pouvoir changer notre façon de vivre en ayant un pouvoir de décision aux différents échelons de la société. Que l’on soit autonome implique aussi que nous ayons retrouvé une souveraineté ou plutôt devrais je dire des souverainetés puisqu’aussi bien je verrai bien notre Comté de Nice partie prenante d’un plus grand ensemble que serait l’Arc Alpin. Si nous retrouvons, demain, une organisation confédérale, il devient évident qu’il y aura des souverainetés différentes et complémentaires à tous les échelons de l’ensemble politique. Cela implique aussi un retour à la démocratie directe pouvant s’appliquer à tous les échelons de l’organisation sociale ou politique. Il faudra donc une nouvelle constitution soucieuse de préserver une véritable représentation de tous les éléments de la collectivité. Une constitution qui institue des contre-pouvoirs seuls garants de la non-confiscation du pouvoir décisionnel par certains groupes ou partis. Il est bon que toutes les sensibilités puissent s’exprimer mais il est nocif qu’une seule ait la possibilité de dicter sa loi à, tous, comme c’est le cas aujourd’hui dans la « république une et indivisible » qui nous gouverne. Cette confédération de l’Arc Alpin, regroupant des pays qui ont une longue histoire commune pourrait largement remplacer nos vieux états-nations à bout de souffle qui n’ont plus rien à proposer à leurs peuples que de travailler (s’ils ont la chance de trouver des emplois) pour financer des projets qu’ils n’ont pas décidé et, bien sûr, de consommer, seule liberté (limité par leur pouvoir d’achat d’ailleurs) qui leur reste. La devise de la « république » ( ? …je tiens à rappeler que république signifie étymologiquement la chose publique) dans laquelle nous vivons devrait remplacer sa devise « Liberté, égalité, fraternité » qui trône au fronton de ses mairies et de ses écoles par « Travail, consommation, silence ». Il nous paraît important de remettre le peuple au centre des débats et surtout de l’action. Bien sûr, la confédération de l’Arc Alpin ne serait qu’une des nouvelles composantes d’une Europe nouvelle, une Europe des peuples venant remplacer leur Europe des marchands. Cette « Union Européenne » actuelle (sic) véritable marché ouvert aux quatre vents qui n’a aucune volonté politique (dans la mesure ou, ayant mis la charrue avant les bœufs, elle n’a pas , d’abord, construit l’union Politique avant de créer une puissance capable de lutter, à armes égales, avec les autres grandes puissances que sont les empires chinois, indiens, américains…) et court inéluctablement à l’échec programmé: la crise financière récente et les incertitudes sur l’avenir de l’euro laissent augurer d’une débâcle à plus ou moins long terme. Il faut que, dès à présent, plutôt que d’attendre l’écroulement de cet ensemble factice, ici et là nous préparions l’avenir: que nous pensions aux futures « grandes régions » européennes que pourraient être avec la confédération de l’Arc Alpin, la Grande Catalogne, la fédération des nations Celtes, et bien d’autres encore.
Demain nous appartient:
« Nous sommes réalistes: nous exigeons l’impossible »…cette phrase attribuée à Ernesto « Che » Guevarra, nous la faisons notre et nous ajoutons « parce l’impossible d’aujourd’hui est le possible de demain ». L’avenir du Comté de Nice est tourné vers l’Est afin de retrouver nos racines qui nous permettront de redonner une vigueur nouvelle au tronc qui subissait les attaques du temps et que ceux qui s’étaient approprié le territoire ou il poussait auraient fini par couper. Quand le respect du droit international sera, enfin, reconnu (puisqu’aussi bien le traité du 28 mars 1860 qui nous lie à l’état français est abrogé), quand nos concitoyens auront intégré le fait qu’il est préférable de retrouver nos libertés ancestrales, quand la décrépitude de l’ union économique européenne aura atteint son aboutissement ultime, alors Nice et son Comté reprendront leur place dans l’histoire de ce Continent.