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ENTRETIEN AVEC…Robert Marie MERCIER
Nous avons rencontré le créateur du site pour qu’il nous donne son point de vue:
Julien DEMONTFERRAT: Robert Marie MERCIER, bonjour, je suis très heureux que vous m’ayez demandé de commencer le premier entretien de cette nouvelle rubrique « Entretien avec… » que vous comptez poursuivre, vous même, par la suite. Et, content que cette rubrique commence par votre propre entretien.
Robert Marie MERCIER: Bonjour Julien, moi aussi, j’ai grand plaisir à inaugurer cette rubrique.
JD: Commençons par le début: qu’est ce qui a motivé votre envie de créer ce site « Racines du Pays Niçois » ?
RMM: Et bien, cela fait très longtemps que j’avais envie d’oeuvrer pour ma patrie, « Lou Païs Nissart », et si, de tout temps, je me suis senti Nissart jusqu’au plus profond de mes fibres, si j’ai toujours orienté mes actions dans mes différentes activités vers la conservation de cette spécificité Niçoise, il me manquait quelque chose et je voulais aller plus loin dans cette voie.
JD: Mais qu’aviez vous fait, justement, avant ce projet ?
RMM: Oh, j’ai eu de nombreuses activités culturelles ou syndicales lors de ma vie étudiante ou professionnelle. Et, toujours, je n’ai eu de cesse d’affirmer mon identité nissarde. Quand je faisais mes études à Marseille (dois je vous rappeler que lors de l’annexion de notre pays par la france, on nous a supprimé notre université), j’avais créé une association des étudiants niçois. Je me suis battu, même au sein du conseil d’administration de ma faculté (dans lequel je siègeais) pour faire valoir notre spécificité niçoise et l’antériorité de notre culture sur bien d’autres. Plus tard, quand je dirigeais l’école de Rugby, j’ai toujours orienté, par les chants et les cris de ralliements, les enfants vers cette culture niçoise. J’étais, d’ailleurs bien aidé par un bon nombre de mes éducateurs et dirigeants qui partageaient mon amour pour cette culture (ils se reconnaîtront).
JD: En fait, vous ne viviez qu’à travers cette culture…
RMM: oui, et plus tard, j’ai appliqué cela lors de ma vie professionnelle :par exemple, quand je m’occupais d’organiser les repas des confrères venus à Nice, pour les Journées Internationales Dentaires, je leur faisais découvrir notre cuisine (j’ai même réussi à faire ouvrir son restaurant à mon amie Hélène Barale, le midi…et je lui en suis encore reconnaissant. Elle nous a quitté, mais, nous pensons tout le temps à elle, Baiètà Héléne). J’ai organisé et animé, dans un centre de danse tenu par une amie, des cours de théatre et j’ai écrit pour les enfants des pièces dans lesquelles l’enracinement Nissart était très fort.
JD: Et, c’est après cela que vous avez créé ce site ?
RMM: Pas tout de suite: il a fallu que je m’exile pendant 12 années dans la capitale du pays occupant, pour prendre, enfin, conscience que mon Pays était en grand danger. A Paris, je me suis rendu compte de l’état de la france (catastrophique) et aussi, par ricochet, de l’état de mon pays, chaque fois que je descendais chez moi. Et, la distance augmentait ma frustration de ne pouvoir rien faire sur place. Jusqu’à ce que je rentre au Pays en 2007. Le temps de me réinstaller dans ma vie professionnelle, et j’ai commencé à agir. Dans un premier temps, j’ai collaboré à une lettre mensuelle diffusée par abonnement sur le Net (elle existe d’ailleurs toujours). Mais j’avais en tête de créer une structure de rassemblement des Niçois et de tout ceux qui voulaient défendre la culture Niçoise. Je me désespérais de voir toutes ces organisations, qui faisaient un travail remarquable, par ailleurs, dans une division et une concurrence permanente, alors que la gravité de la situation voulait que l’on soient, nous Niçois, tous unis et tendus vers un même but.
JD: Qu’est ce à dire?
RMM: Je m’explique. Ce que font les gens qui éditent « Lou Sourgentin » est remarquable pour la conservation écrite de notre culture. Ce que font l’Académia Nissarda et Nice Historique est également remarquable. Ce que font les « soci » des associations telles que « Nissart per tougiou » ou « Sian d’Aqui » est indispensable et sans prix: les uns dans l’apprentissage de la langue, les autres dans le balisage permanent de notre Pays avec des panneaux écrits dans notre langue. Ce que font les associations folkloriques est d’un apport important à notre mémoire collective. Ce que font tout ces groupes musicaux Nissart ( Nux Vomica, Lu Rauba Capeu, Lo Mago d’en Casteu, Corou de Berra, Gigi de Nissa et autres…qu’ils veuillent bien m’excuser, je ne peux tous les citer) est primordial pour péréniser notre culture. N’oublions pas la phrase la plus importante qu’ait prononcé F.Nietzsche: « Sans musique, la vie serait une erreur. » J’ai oublié, sûrement, d’autres groupements dans mon énumération (qu’ils me pardonnent) qui oeuvrent soit dans le culturel, soit dans le politique, soit dans l’exclusivement Nissart, soit dans la solidarité avec des langues soeurs,etc,etc. Mais, ce qui m’a frappé c’est que toutes ces personnes qui donnent de leur temps, et parfois de leur argent, pour une même cause, somme toute, sont isolés les uns par rapport aux autres voire parfois en concurrence ou en opposition. Quelle énergie gâchée! C’est pour cela que j’ai décidé de créer l’association « Racines du Pays Niçois » et le site associé.
JD: Mais, en créant cette association et ce site, vous ajoutez à la confusion, vous ne faites que charger un peu plus encore le paysage.
RMM: Non, Julien, ma démarche procède d’une philosophie totalement différente et se veut rassembleuse. D’ailleurs, je vous ferais remarquer que je suis adhérent dans plusieurs de ces associations (ce qui confirme mon précédent propos, quand je disais qu’elle faisaient un travail remarquable) et que je ne suis nullement en concurrence avec elles. J’ai rencontré, à cet effet, tous les responsables de ces associations pour leur proposer de s’exprimer sur le site « Racines du Pays Niçois ». Je compte bien, ultérieurement, faire des « Entretien avec… » tous les présidents de ces associations. Le site est ouvert à tout ceux qui veulent , comme nous, défendre la culture Niçoise, sans exclusive aucune. Vous remarquerez, puisque vous travaillez avec moi, que nous avons décidé de promouvoir tout ce qui est Niçois, les publications, les évènements, les chanteurs et les chansons, les groupes et leurs albums, etc. Vous savez que j’ai insisté pour que nous ajoutions des liens systématiquement vers les sites ou blogs de ceux que nous citons. Ce qui prouve bien que nous ne nous situons pas dans une démarche de concurrence.
JD: Mais, dans ce cas, pourquoi n’avoir pas simplement cherché à provoquer une réunion de toutes ces personnes ou de toutes ces associations ? Ce n’était pas la peine de faire une association et un site.
RMM: Julien, vous pensez bien que nous avons réfléchi à tout cela. Une telle démarche n’aurait pas suffi, car, à travers le site (et l’association) nous voulons mettre en avant la finalité de toute ces actions afin qu’elles aboutissent à quelque chose de concret. A terme, toutes ces actions seraient vaines si au bout du compte elles n’étaient accompagnées d’une philosophie libératrice pour notre peuple. Je tiens à vous faire remarquer que cela procède d’une dynamique formidable aujourd’hui qui fait que plus le « système » veut mondialiser, plus les peuples ont tendance à se libérer et à gérer leurs propres affaires ( un certain général avait parlé du droit des peuples à disposer d’eux même). C’est pourquoi, nous voulons promouvoir l’idée d’autonomie du Pays Niçois dans les esprits, car nous faisons partie d’un état Jacobin centralisateur qui ne veut pas que les Peuples des Patries Charnelles situées dans l’hexagone, toutes ces Nations sans Etat puissent avoir la moindre parcelle de souveraineté.
JD: Vous semblez attacher de l’importance à cette idée de souveraineté.
RMM: La souveraineté d’un peuple pour décider de son destin me semble fondamentale. Nous nous sentons des affinités avec l’idée ethniste qu’avait mis en avant François Fontan et qui est défendue par Ben de nos jours. Car, si vous regardez bien, tous les conflits, dans le monde aujourd’hui, ont une origine ethniste. La construction de certaines Nations par conquêtes (et non par adhésion), comme la france par exemple, les frontières traçées en Afrique, ou ailleurs, par le colonialisme ont fait que des peuples qui ne voulaient pas forcément vivre ensemble (dans le sens de dépendre l’un de l’autre) ont été réunis dans un territoire récréé de façon factice et des peuples dont le destin était commun se sont vu séparés par ces mêmes frontières. Nous pensons que partout ou il y a un territoire sur lequel vit un peuple qui y parle sa langue, il doit y avoir une Nation constituée en Etat souverain, une Nation maîtresse de son destin.
JD: Ce n’est pas le cas de la France ?
RMM: En effet, il n’y a pas de peuple français au sens originel du terme. Il y a en revanche un peuple Basque, un peuple Corse, un peuple Catalan, un peuple Breton…et bien d’autres encore, ainsi qu’un peuple Niçois. Les peuples se définissent par une histoire et une culture commune avec pour lien la langue. Or la France le sait bien, puisqu’elle refuse dans l’organisation de son territoire que se constituent des territoires homogènes en relation avec les peuples qui les habitent. On divise la Bretagne, la Normandie, la Savoie, L’Alsace… Et on phagocyte le Pays Basque, la Catalogne et le Comté de Nice par des ensembles plus grand pour essayer de gommer leurs spécificités. La France n’a pas compris, à l’heure de l’Europe et de la libération des Peuples, que si elle ne devient pas fédérale, elle disparaîtra. La France n’arrive pas à intégrer l’idée qu’il peut y avoir des souverainetés à différents niveaux.
JD: Est ce à dire que vous êtes indépendantistes ?
RMM: N’employons pas des mots qui font peur et qui d’ailleurs sont dépassés. On ne peut plus de toute les façons, dans le monde moderne, être tout à fait indépendant, car nous avons besoin d’échanger avec les autres. De plus, il n’est pas question de se couper des autres. Alors,nous pouvons dire que nous sommes autonomistes, souverainistes, ou tout autre formule que l’on pourra trouver… ce qui compte c’est que les peuples puissent demain décider de leur destin et défendre leur culture pour ne pas être englués dans un magma informe qu’est le système mondialiste marchand, ce système à tuer les peuples et les cultures, peuples et cultures qui représentent un frein à l’expansion de leur « marché » standardisé au niveau mondial.
JD: Mais cela engage un combat au niveau politique ?
RMM: Si vous voulez parler d’agitation politicienne, nous en sommes très éloignés. Ce qui importe c’est de faire évoluer les mentalités pour que nos concitoyens du Pays Niçois prennent conscience que cette idée n’est pas utopique et est même tout à fait viable. J’aimerai, d’ailleurs, dans un prochain article aborder ce point important. Donc, nous ne visons pas de combat politicien avec les règles fixées par avance par la République Française une et indivisible . Cependant, il nous faudra travailler à faire émerger une force capable de se faire entendre demain, une force rassemblant des hommes et des femmes qui accepteront d’abandonner leurs présupposés idéologiques, seule condition pour présenter un front uni de défense de la Nation Niçoise. Mais, nous n’en sommes pas encore là. Je vous rappellerai, cependant notre slogan: « Ni Gauche, Ni Droite, Nissart! »
« Ni Drecha, Ni Seneca, Nissart! »
JD: Robert-Marie MERCIER, je vous remercie d’avoir bien voulu répondre à toutes nos questions, sans en éluder aucune et, si vous le permettez, j’aimerai, en conclusion de cet entretien, présenter en appendice, le texte du discours que vous aviez prononcé l’an dernier au Congrès du Parti du Peuple Breton auquel vous aviez été invité, un discours prémonitoire par rapport au débat qui a eu lieu cette année pour les 150 ans…
RMM: Merci à vous, mon cher Julien. Bien entendu, vous avez ma permission pour reproduire le texte de ce discours. Au revoir.
* Annexe: Texte du discours prononcé, à l’automne dernier, par Robert-Marie MERCIER, à l’occasion du Congrés du Parti du Peuple Breton (ADSAV) auquel il avait été invité près de Nantes.
2010: 150 ans d’occupation française à Nissa, Basta!
Amis Bretons, bonjour. je me présente: je suis le représentant des derniers indigènes asservis par l’état français, des habitants de la dernière colonie occupée par la France en 1860 suite à la forfaiture de « naboléon« et du triste cavour. En dépit de toutes les règles du droit international, notre nation a été annexée à la France, sans autre forme de procès. Un petit rappel historique: la « Nacioun Nissarda », lou « Païs Nissart », la « Countéa de Nissa » comme on veut l’appeler au gré de l’histoire et que, par commodité, nous nommerons Pays Niçois au cours de cet exposé a toujours été une nation indépendante, parfois conquise mais jamais soumise. Terre d’Empire depuis des siècles, elle a fait partie de l’Empire Romain (Province des Alpae Maritimae) , de l’Empire Carolingien (partie prenante de la future Lotharingie) , de l’Empire de Charles Quint et du Saint Empire Romain Germanique. Face aux convoitises du Comté de Provence, son voisin et surtout de la France, notre nation s’est dédiée aux Comtes (futurs Ducs) de Savoie en 1388. Elle n’a eu qu’à se louer de l’action de ces souverains librement choisis par notre peuple et elle a toujours été respectueuse de son engagement ( je tiens à rappeler que lors de l’attaque conjointe des français et des turcs contre les possessions de la maison de Savoie en 1543, la seule place forte qui a résisté fut la Ville de Nice- fameux épisode ou s’illustra Catarina Ségurana, notre héroïne, symbole de le résistance Niçoise). Lorsque le dernier Duc de Savoie, qui était, entre temps, devenu Roi de Piémont Sardaigne, entreprit de se tailler un Royaume plus grand dans la future Italie, dont le territoire était occupé, en grande partie, par les Autrichiens et qu’il décida de trahir son peuple, il chargea son ministre des affaires étrangères, le sieur cavour, de négocier avec Napoléon le petit que j’ai pour habitude de nommer « naboléon ». Ce dernier voulait, en échange de son aide, que Victor Emmanuel lui céda la Duché de Savoie et le Comté de Nice. Mais, légalement, cela ne se pouvait, car il était précisé dans l’acte de dédition de 1388 que, si les souverains de Savoie abandonnaient leur souveraineté sur le Comté de Nice, celui-ci retrouverait son état antérieur: celui d’une nation indépendante. On ne s’embarrassa pas de fioritures pas plus que du respect de la loi et, avant même que le « plébiscite » truqué de 1860 eut lieu, les troupes françaises avaient été autorisées à entrer dans notre Pays Niçois. Je vous laisse imaginer comment se déroulèrent les opérations de vote dans ces circonstances, des conditions à côté desquelles les élections afghanes de nos jours paraissent des plus transparentes.
Depuis 1860, et cette forfaiture, la France occupe illégalement le Comté de Nice!
150 années d’occupation, peut être, mais pas 150 années de soumission.
Cependant, cette occupation fut synonyme d’exploitation de notre nation et de son peuple. Ce, d’autant que le pays occupant était structuré, depuis la,révolution française de 1789, en un état jacobin centralisateur: dois je rappeler qu’avant la révolution française, il y avait des Parlements régionaux dans toutes les Provinces de ce pays. Ajoutez à cela, que cette nation française est pratiquement la seule en Europe qui se soit créée par annexion et non par adhésion et vous comprendrez l’état dans lequel sont maintenues les « Patries Charnelles » qui ont été annexées par cet hexagone hétérogène. Combien de Niçois ne peuvent plus se loger chez eux à cause de la spéculation immobilière ? Combien de Niçois sont obligés de partir travailler ailleurs, ne trouvant plus de travail dans leur pays ? Combien de Niçois ont été envoyés à la mort dans des guerres qui ne les concernaient pas ? Et, je pourrais dire exactement la même chose des Bretons et autres peuples occupés par la France.
La société moderne en a rajouté, en accentuant le phénomène de destruction systématique des cultures, des langues et des peuples.
Il nous paraît évident que la société marchande, dont les responsables politiques français sont les défenseurs ardents, cette société marchande qui promeut la pré-éminence du « marché » sur tout le reste, est la grande responsable de nos malheurs. la philosophie de ce « marché » soutient que la persistance des cultures est un frein à l’extension du « marché mondial ». Je m’explique: pour que, partout dans le monde, les hommes et les femmes vivent de façon identique, mangent et boivent les mêmes choses, s’habillent de la même manière, décorent leurs maisons de la même façon, aient les mêmes loisirs, descendent dans les mêmes hôtels, lisent les mêmes livres et regardent les mêmes informations « pré-digérées » sur les écrans des télévisions aux ordres, et bien, pour réaliser tout cela il faut détruire les cultures partout dans le monde, car, par les particularismes qu’elles engendrent, elles sont un frein à l’expansion de ce « grand marché ». Vous pensez que j’exagère et bien regardons autour de nous. de nos jours, à l’école on n’apprend plus l’histoire qui est pourtant le ciment d’un peuple.
C’est tout juste si on apprend encore la langue du pays. Dans nos supermarchés, nous sommes soumis à de la vente forcée: nous avons le choix, uniquement, entre tout ce que l’on veut bien nous proposer, sans souvent trouver ce que nous voulons. Pour décorer nos maisons, on voit proposer aux européens de « l’ethnic », c’est à dire, dans la plupart des cas de l’africain (pendant ce temps, on essaie d’occidentaliser les africains). Et cela rejaillit sur la « mode », la mode, vous savez cette merde qui fait se pâmer les « Bobos » du microcosme parisien.
Dernièrement, je faisais quelques courses pour préparer Noël qui approche à grands pas (et oui c’est dans un mois) et mon épouse et moi-même cherchions des décorations pour notre sapin de Noël ou pour notre intérieur. Nous avons eu beau tourner dans tous les rayons du magasin, et bien,il nous fut impossible de trouver des décors avec des animaux européens (des chouettes, des loups, des aigles,des sangliers, des ours…), en revanche, nous avons vu une multitude de girafes, de crocodiles, d’éléphants, et autres animaux africains…il ne nous reste plus qu’à poser des babouches au pied du sapin et la boucle sera bouclée (avant qu’on nous supprime le sapin, le houx et le gui!).
C’est pourquoi, je ne peux me sentir français, car ce pays véhicule des valeurs qui ne sont pas les miennes en tant que Nissart. Mon Pays a, de tout temps, été un lieu de passage et d ‘accueil, qui a offert l’hospitalité à ceux qui venaient y vivre parce qu’ils l’aimaient et pour ce qu’il était. Il a toujours combattu ceux qui voulaient se l’approprier ou y imposer leur culture. En revanche, il a intégré ceux qui ont adopté sa culture et sont devenus les plus ardents défenseurs de Nissa et du Païs Nissart. De nombreuses vieilles familles Niçoises ont des ancêtres qui sont venus d’ailleurs et se sont fondus dans le Peuple Nissart. Nous avons une tradition d’accueil, mais ce n’est pas pour cela que nous supporterons une condition de colonisés. Je ne suis définitivement pas français, je suis Niçois et Européen.
Pas l’Europe qu’ils veulent nous construire aujourd’hui, cette espèce de supermarché libéral géant, ouvert aux quatre vents, non pas terre d’accueil mais pays de cocagne pour tous ceux qui veulent bénéficier des avantages pour lesquels nos ancêtres, eux, se sont battus, cette Europe incapable de défendre ses concitoyens tout en en faisant des supplétifs de l’armée états-uniène dans des combats aux causes douteuses.
Non, pas cette Europe là, mais une Europe aux cents provinces, une Europe ayant la volonté d’exister et de devenir une puissance en raisonnant en terme d’Empire comme le font aujourd’hui la Chine, l’Inde, les Etats-Unis et autres blocs constitués.
Etant Niçois, c’est à dire citoyen d’un pays dont le peuple s’est battu pour défendre sa culture, dons les habitants ont résisté pour défendre leur manière de vivre, comme les Barbets par exemple, qui ont mené la vie dure aux troupes française, je ne peux accepter de faire partie d’un pays dont les intellectuels se battent pour protéger les « déserteurs » afghans sur notre sol (il n’y a pas d’autre mots pour les définir), des afghans qui ne veulent pas être renvoyés chez eux pour se battre, intellectuels qui acceptent, en revanche, que, dans le même temps, on envoie des soldats de leur propre pays se faire tuer sur ce même sol afghan.
Je ne peux accepter que, alors que mes ancêtres se sont battus pour ne pas être envahis par les Turcs et les Français en 1543, qui ont participé à la victoire de Lépante sur la flotte turque en 1571, l’on m’impose, de facto, aujourd’hui la présence de la Turquie sur le sol Européen.
Je n’ai pas les mêmes références qu’eux dans la vénération de figures emblématiques. Leurs « héros » sont Guy Moquet, Jean Moulin, voire aujourd’hui Michael Jackson. Ce ne sont pas les miens. Leurs pensées vont vers la Somalie, le Darfour et autres peuples africains. Pour ma part,si j’ai une pensée pour l’Afrique, elle est mobilisée vers la défense de leurs cultures contre l’occidentalisation. Mes héros à moi, ce sont Catarina Segurana , Pascal Paoli, Georges Cadoudal. J’ai mal de voir une rue de l’Abbé Grégoire à Nice, sire de triste mémoire, membre de la Convention et adversaire farouche des cultures régionales. J’ai alors, une pensée pour la jeune résistante Niçoise qui fut pendue à la Porte Pairoulière par les troupes d’occupation françaises en 1705 et qui fut maintenue dans l’oubli.
Alors que la France se crée des héroïnes à bon compte, telle Ingrid Betencourt qui s’était jeté elle même dans la gueule du loup et dont les circonstances de la libération voire de la détention paraissent douteuses, je préfère mobiliser mes pensées pour les résistants Corses et Bretons qui croupissent dans les geôles de la république française et pour les résistants Basques arrêtés par la police française et qui sont livrés à la garde civile espagnole.
Au niveau de l’Europe, si leurs figures emblématiques se nomment Jean Monnet et Robert Schuman dont on nous rebat les oreilles, je peux vous dire, quant à moi, que mes icônes fondatrices en Europe sont Jan Palach et Bobby Sand.
En conclusion, je voulais vous dire que, pour reprendre l’intitulé de ce congrès « Une Bretagne Unie dans une Europe Unie », auquel je pourrai rajouter un slogan que nous pourrions, nous Patries Charnelles, tous reprendre « Une Bretagne Libre dans une Europe Libre », notre combat pour nos cultures est uniquement l’expression d’une volonté. En dehors des références historiques, des combats politiques et autres folklores, nous n’existerons demain, en tant que Nation, que dans la mesure ou, individuellement, nous nous sentons profondément enracinés dans nos cultures. A cet égard, je voudrais reprendre les paroles d’un texte d’un groupe que j’aime beaucoup et qui vient de chez vous, je veux parler de « Tri Yann ». Vous connaissez sûrement ce merveilleux texte « La Découverte ou l’Ignorance ». Méditez ces paroles que l’on peut appliquer à tous les peuples de nos Patries Charnelles: « Si je perds cette conscience, la Bretagne cesse d’être en moi, si tout les Bretons la perdent, elle cesse absolument d’être ». Cela est vrai pour mon Peuple Nissart aussi.
Tout est affaire de volonté: « là ou il y a une volonté, il y a un chemin » (disait Guillaume d’Orange). Gardez cette volonté en vous frères Bretons et ensemble nous verrons un jour, à nouveau, la lumière au bout de ce chemin. N’oubliez pas, les civilisations, les sociétés, les structures sont éphémères…mais les Peuples restent.
Pour terminer, en espérant n’avoir pas été trop long, je voudrais moi aussi vous donner un slogan qui est la marque de référence d’une lettre à laquelle je collabore et qui veut dire: Une Terre, Une Langue, Un Peuple, Libérez Nice! Una Terra, Una Lenga, Un Poble, Libéra Nissa!
Kénavo.
Robert Marie MERCIER