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Entretien avec…Robert-Marie MERCIER (2)
Lorsque nous avions démarré notre site, nous avions inauguré une rubrique intitulé « Entretien avec… » par un premier entretien avec le créateur du site. A l’occasion de la mise en place d’une nouvelle maquette marquant l’évolution de notre site, nous somme allé, à nouveau, à sa rencontre:
Julien de Montferrat : Robert Marie, bonjour. Il y a deux ans, nous avions commencé nos « Entretiens avec… » sur le site par une rencontre avec vous afin que vous nous présentiez ce nouveau site atypique dans la mouvance enracinée du Comté de Nice. Aujourd’hui, ce site a atteint sa vitesse de croisière et est très visité, mais vous avez tenu, en tant qu’administrateur, à le faire évoluer vers une nouvelle forme qui se veut plus agréable pour vos lecteurs.
Robert Marie Mercier : Bonjour Julien et merci de me donner l’occasion de faire le point sur notre site, après deux ans de travail constant et de développement de notre équipe rédactionnelle.
JdM : Pourquoi avoir changé une formule, qui somme toute, marchait bien ?
RMM : Pourquoi changer ? La question mérite d’être posée. C’est sûr, l’ancienne forme du site marchait bien, comme vous le dites. Et d’ailleurs, je pense qu’elle était bien adaptée au lancement de notre site parce que nous voulions une image différente de ce qui se faisait montrant que notre travail n’était pas superficiel mais bien un travail de fond. Cet aspect, un peu « universitaire » de notre première mouture, qui pouvait sembler austère, était, en fait un choix clairement adopté.
JdM : C’est vrai que le sérieux du contenu du site ressortait dans la présentation même des articles et, en ce sens, il tranchait avec ce qui existait auparavant.
RMM : Vous avez raison, Julien, il y avait ceux qui ne faisaient que de la recherche historique, il y avait ceux qui ne faisaient que de la politique politicienne « à la française », il y avait ceux qui ne parlaient que de culture. Pour la première fois, un site se voulait vraiment généraliste en n’occultant aucun des aspects de ce qui touchait à la vie du Comté de Nice. Nous avons voulu prendre en compte le passé, le présent et l’avenir dans toutes les composantes de ce qui est l’essence du peuple d’ici. C’est pourquoi j’avais dit que nous ne nous inscrivions pas dans un combat politique (tel qu’il est perçu par un grand nombre de gens) mais bien dans une perspective historique. C’est pourquoi, nous avons souligné l’importance de la langue et de la culture de notre pays dans notre action : il nous fallait montrer qu’il y avait une culture Niçoise contemporaine bien vivante aujourd’hui qui ne tombait pas dans les travers du « folklore » (terme malheureusement galvaudé par rapport à son sens originel) mais était le témoin d’un vécu enraciné. Nous avons, dans le même temps, expliqué que notre droit à une souveraineté retrouvée (et légitime) était le seul garant de la pérennité de la langue et de la culture Nissarde. Il faut bien comprendre que l’un ne va pas sans l’autre. Que serait la souveraineté d’un pays qui conserverait les structures, la langue, la manière de vivre que le pays dont il viendrait de se libérer ? Mais, que deviendrait la langue, la culture et la manière de vivre d’un pays sans souveraineté, sous la domination d’un autre qui mettrait systématiquement des obstacles à tout ce qui serait l’émergence de la spécificité d’un peuple et de son territoire ?
JdM : Vous privilégiez donc le culturel par rapport au politique.
RMM : Incontestablement, nous pensons que le culturel est un préalable indispensable (et nécessaire) au politique. Nous voyons bien aujourd’hui que la culture et la langue de notre Comté sont mises à mal par l’administration française et par la volonté des responsables politiques de ce pays, qu’ils soient de gauche ou de droite. Regardez, aujourd’hui, dans la campagne électorale présidentielle française, la place qu’occupe la question régionale: elle est proche de zéro. Qui est prêt à ratifier la Charte Européenne des langues régionales dans ce pays ? Personne ! Bien au contraire, les cultures régionales sont suspectes aux yeux de cette « république une et indivisible » mise en avant par les partis allant de l’extrême gauche à l’extrême droite. Et pourquoi cela ? La réponse est évidente: le pouvoir politique n’est que l’aboutissement d’un processus culturel visant à faire évoluer les mentalités jusqu’à obtenir un consensus devenu dominant. On a pu se rendre compte de cette volonté politique, constante dans notre histoire, depuis 150 ans, de « franciser » (que ce soit par la substitution systématique de notre langue locale par le français ou par le peuplement par des gens venus de régions déjà formatées): elle n’est que la démarche indispensable employée par le pouvoir pour assimiler les autochtones dans une république « une et indivisible ».
JdM: Cela est il irréversible ou bien pensez vous qu’il y a une possibilité d’inverser le processus ?
RMM: Si nous avons pris l’option de mettre en avant la culture, c’est bien que nous pensons que rien n’est définitif. Nous ne disons pas qu’il faut se satisfaire de la politique menée par l’état français dans notre Comté de Nice, mais nous pensons qu’il nous faut retrouver les valeurs qui ont fait que les habitants de ce territoire, pendant des siècles, ont vécu librement avec des structures totalement différentes de celles de la république française. Ces valeurs sont universelles et permanentes et pourraient, à nos yeux, représenter une alternative envisageable au système (et à l’évolution inéluctable de ce système) qui nous a été imposé depuis 150 ans. Voyez vous Julien, nous ne sommes pas les tenants d’un angélisme déconnecté des réalités qui auraient gommé le fait politique. Non, nous savons que l’action politique a toute son importance, mais nous savons, aussi, qu’une action menée sur le terrain de l’adversaire avec les armes de l’adversaire est perdue d’avance. Or, présentement, nous n’avons pas toutes les armes pour nous défendre et pour gagner. Les mentalités ne sont pas prêtes à basculer vers un changement radical: il y a tout un travail de désintoxication des esprits à faire en même temps qu’un travail de réappropriation de notre culture…donc de notre pensée. Pour résumer, nous n’avons rien à attendre des partis politiques français quels qu’ils soient, des débats d’idées circonscrits à l’idéologie dominante et à la pensée unique, des structures politiques françaises (Etat, Régions, Départements) et des scrutins organisés par l’état français pour alimenter ces structures.
JdM: Si je vous comprends bien, tout combat politique est perdu d’avance ?
RMM: Dans l’état actuel des choses, je ne peux que vous répondre par l’affirmative. Mais, ce n’est pas pour cela que nous devons être défaitistes. Pas du tout, il reste tout un tas de raisons de croire en l’avenir. Vous savez, nous ne sommes pas les premiers à avoir subi ce que nous subissons depuis des années. D’autres se sont trouvés, dans leur histoire, confrontés aux mêmes problèmes et ont pu, cependant, recouvrer leur souveraineté et l’épanouissement de leur culture. Prenons l’exemple des Irlandais qui ont été, pendant des siècles, intégrés dans le Royaume Uni avec l’obligation de parler l’Anglais, d’obéir aux lois anglaises qui rompaient avec leurs traditions, etc. Ils s’en sont sorti tous seuls. Savez-vous comment ceux qui refusaient la domination anglaise avaient appelé leur parti ? «Sinn Fein »…ce qui veut dire « Nous Seuls ». Tout cela pour dire que les Niçois ne s’en sortiront que par eux mêmes et de ne doivent compter sur personne d’autre qu’eux mêmes.
JdM: Et comment faire pour nous en sortir comme vous dites ?
RMM: Il ne vous a pas échappé que le pays dont nous dépendons administrativement, la France, traverse une grosse crise d’identité. Que la référence des hommes politiques français n’est plus la patrie mais invariablement la république. Que personne ne peut définir ce qu’est le peuple français (je mets d’ailleurs au défi quelqu’un de le faire). Que les référents communs qui auraient pu faire un peuple d’un conglomérat d’individus n’existe pas (ou plus): je veux parler de la langue, de l’Histoire, de la culture, des symboles…etc. De plus, la « mondialisation » est passée par là et a, encore plus, effacé les repères. Tout être humain a besoin de sentir son appartenance à un groupe homogène qui partage avec lui l’essentiel et dont il percevra la solidarité face à l’adversité. Un tel groupe humain, une communauté, se construit patiemment, au travers d’une culture commune, d’une histoire commune, d’une langue commune et d’épreuves supportées en commun. C’est pourquoi les cultures enracinées de tous les peuples rassemblés au sein de cet hexagone devient le seul refuge qui nous reste pour nous situer dans le monde difficile qui nous entoure. Nous pensons que la culture Nissarde est un élément de ressourcement local indispensable pour ceux qui ne se reconnaissent plus dans la société française et mondiale. Et c’est pourquoi, notre culture doit être défendue et développée. Le phénomène de retour aux valeurs enracinées est constant dans le monde et répond à un besoin d’équilibre de l’individu dans le territoire ou il habite. L’être humain a besoin de vivre en osmose avec sa terre. J’ajouterai que nos problèmes sont décuplés, par rapport à d’autres nations car la France est un des rares états qui n’accorde pas d’autonomie à ses régions: tout se décide à Paris.
JdM: Je vous ai bien compris mais comment faire vivre une culture enracinée localement dans un pays qui n’a qu’une volonté d’homogénéisation ?
RMM: Je vous l’accorde, ce n’est pas facile et pourtant cette culture Nissarde vit quand même par la volonté d’un petit nombre de bénévoles et surtout par la demande croissante d’habitants de ce « Païs Nissart ». De plus en plus de jeunes apprennent notre langue et la présentent au Bac. De plus en plus de jeunes veulent connaitre l’histoire de notre pays. Et il y a de plus en plus de gens qui s’initient à la danse, au chant, à la cuisine d’ici. Je suis frappé de voir le nombre de jeunes qui viennent participer à nos fêtes, qui chantent nos chants et qui dansent nos danses: c’est d’ailleurs très agréable de voir toutes ces générations confondues qui partagent les mêmes instants de pur bonheur.
Ce qui m’a agréablement surpris c’est de voir le nombre de gens venus d’ailleurs qui partagent notre culture: cela nous prouve que la capacité à intégrer ceux qui aiment notre pays et sa culture n’est pas morte…c’est une véritable tradition dans le Comté de Nice dont la culture s’est constamment renforcée, tout au long de son histoire, par l’apport permanent de populations nouvelles qui adoptaient le mode de vie, la langue et la culture de notre pays. C’est véritablement cela la chance de notre pays pour inverser la tendance: faire en sorte que la majorité de la population vivant ici ne veuille pas que notre art de vivre disparaisse. Le jour où une majorité de Niçois (je parle ici des habitants de Nice et des vallées, d’où qu’ils viennent) voudra que le pouvoir politique aille dans le sens d’un renforcement de notre autonomie de décision, le fruit sera mûr.
JdM: Et quels sont ceux qui œuvrent, aujourd’hui, pour cette culture Niçoise ?
RMM: Hélas, ils ne sont pas assez nombreux à ma convenance et surtout ils n’unissent pas leurs efforts…mais je ne désespère pas qu’ils y arrivent un jour. Vous savez, pour faire avancer une cause il y a parfois de multiples stratégies pour y arriver qui peuvent parfois sembler incompatibles, mais, en l’occurrence, seul le résultat compte in fine. Il suffit de ne pas perdre de vue l’objectif final et de ne pas se tromper d’ennemi…après chacun peut emprunter un chemin différent, si tous se retrouvent au moment crucial. Alors, toutes les actions menées pour diffuser notre culture, notre histoire et notre langue sont les bienvenues. Que ce soit par des livres, par des chansons, par des spectacles, tous les vecteurs sont à utiliser. Je voudrais, ici, rendre grâce à tous ceux qui, dans le passé (depuis l’annexion), ont maintenu la flamme, tels nos grands auteurs, les successeurs de Rosalinde RANCHER, notre grand auteur Nissart d’avant 1860:
BESSI Jules, CAPATTI Louis, COMPAN André, DELRIEU Georges, EYNAUDI Jules, GAG Francis, GENARI Louis, MOSSA Gustave Adolph, NATHIEZ Raoul, NICOLA Jouan, PELHON Alain, RONDELLY Menica, SAUVAIGO Jòan Luc, TASSO Jorgi ….. Je veux saluer ceux qui ont su créer des structures et qui ne sont pas souvent reconnus à leur juste valeur: je pense aux groupes folkloriques (La Ciamada Nissarda, Nissa la Bella, Lou Caïrèu Nissart, Lou Rodou Nissart), aux sociétés de pensée (l’Academia Nissarda, Le Comité des Traditions Niçoises) aux sociétés historiques (Nice Historique) aux premiers chanteurs et groupes modernes dans les années 70 ( Mauris, l’Ontario Blues Band) à la première revue bilingue (« Lou Sourgentin ») et à ce conservateur des musiques de nos Vallées (Zéphirin CASTELLON)… sans qui nous ne pourrions peut-être pas aujourd’hui mener ce combat pour la reconnaissance de notre identité et de notre différence. Partout, dans le monde, il y a eu des peuples qui ont maintenu leur intégrité et leur fierté par les seuls moyens que des états totalitaires leur laissaient: cela pouvait être une fanfare, un groupe folklorique, une société de gymnastique, un groupe de randonneurs, une chorale, etc. En ce sens, ils ont été des pionniers, des éveilleurs de peuple. L’important est que la mémoire collective d’un peuple ne meure jamais.
JdM: J’entends bien, mais, est ce que cela suffit ?
RMM: Non, Julien, cela ne suffit, bien sûr, pas. D’autant que notre culture s’était endormie pendant de trop longues années et que l’on pouvait craindre qu’elle disparaisse. Mais, heureusement, dans les années 90, plusieurs jeunes Nissart ont pris conscience qu’il fallait se retrousser les manches et décidèrent de faire vivre des associations: « Sian d’Aqui » et « Nissart per tougiou ». Chacune menât des actions dans des domaines forts différents mais propres à réveiller notre culture endormie et faire en sorte qu’elle vive au quotidien. La première par la pose de plaque en Nissart à l’entrée de nos villages. La seconde en développant ses cours de Nissart et autres manifestations. Depuis, elles ont fait leur chemin, non sans mal, mais continuent à faire œuvre d’utilité publique. Dès les années 2000, les groupes de musique Nissart prirent leur envol (Corou de Berra, Nux Vomica, Lo Mago d’en Castèu, Lu Rauba Capèu…) Il me faut citer nos artistes (que ceux que j’oublie, veuillent bien m’excuser): Serge Dotti, Richard Cairaschi, Xavier Borriglione, Gigi de Nissa, Henry Scatena, etc. Ensuite, sont venues les publications remarquables d’Alain Roullier ainsi que l’apparition des nécessaires Editions « Mémoires Millénaires » dans le paysage. Nous, nous sommes arrivés plus tard, puisque j’étais exilé dans la capitale du pays occupant pendant 12 ans et nous avons créé l’association « Racines du Pays Niçois » avec ce site associé. Peu après, est né la « Manada Nissa Vièia ». Il faut signaler également le travail mené, au travers de leurs blogs respectifs, par Félix Kudelka (La Countèa: le blog du Comté de Nice), Denis Bensa (Ville de Nice-info. le blog de Dionisi), Sébastien Donato (Nissa e Countèa: actu culturala de Nissa) et Bau Bau Bonifassi (Nissart.info: Agenda e Crounica dei Nissart)…on trouve d’ailleurs le lien vers ces sites amis sur notre site. Je n’ai pas cité dans les actions récentes, le travail effectué par J.L Gag, le petit fils de notre regretté Francis Gag, dans son théâtre de la « Vila Vièia » avec toute sa troupe… car lui n’a pas émergé récemment mais ne fait que continuer le travail entrepris par son grand père, notre grand homme de lettre niçois et poursuivi par son père: leur travail est des plus remarquable d’ailleurs.
JdM: Oui, mais quelques cours de Nissart par çi, quelques plaques posées par là…cela ne vas pas faire beaucoup évoluer les choses.
RMM: C’est vrai, mais ils ont développé leurs actions depuis le début et augmenté leur nombre d’adhérents. Par exemple, « Sian d’Aqui » organise un « Festin d’Aqui » chaque année et un festival d’humour ‘Les fourres de Rire » tout en continuant à marquer le territoire. « Nissart per tougiou » a pris un essor considérable en changeant de local pour créer la « Maioun Culturala Nissarda – Lou Trident » , local dans lequel l’association a pu mettre en place de nouvelles activités: les cours de Nissart ont lieu trois soirs par semaine (un soir pour des études de textes, un autre pour les cours proprement dit, débutants d’abord suivis des confirmés et enfin un soir pour les conversations en Nissart), les ateliers de Danses traditionnelles ont lieu tous les 15 jours, ainsi que les ateliers de Chants polyphoniques, il y a des ateliers d’arts plastiques et des cours de « Cala baudou » le nouvel art martial Nissart…bientôt auront lieu des cours de cuisine nissarde. L’association CCO Païs Nissart dispense elle aussi de cours de Nissart comme il en existe, aussi, dans les CAL. Même à la mairie, l’adjoint au Patrimoine donne des cours de nissart aux employés municipaux. Je citerai, car ils ont toute leur place dans cette mouvance culturelle Nissarde l’Association « La Mourra dei Quatre Cantoun » et la toute nouvelle « Liga de Pilou » ainsi que Nissa Pilou.
JdM: La langue semble avoir une importance primordiale de votre point de vue.
RMM: C’est un des éléments essentiels pour la survie d’un peuple. je vous rappellerai la phrase de Ben: « Qu perde la sièua lenga, perde soun païs ». La langue est l’âme d’un peuple et est porteuse d’une mémoire. Ce qui est dramatique, c’est l’attitude qu’à eu la France quand elle nous annexé. Elle nous a interdit de pratiquer notre langue alors que nous n’avions aucune prévention à parler le français puisque c’était une des langues pratiquées dans notre Comté (tout comme l’Italien d’ailleurs). Nous parlions au moins trois langues quand la France n’en parlait qu’une. Si le Comté de Nice était souverain, nous n’abandonnerions pas la langue française pour autant car nous sommes confiant dans notre culture…nous n’avons pas ce sentiment paranoïaque (et, à la limite, totalitaire) que développe la France, elle qui ne tolère aucune autre langue que la sienne. Nous ne reprochons pas à la France de nous avoir fait parler le français…nous lui reprochons simplement de nous avoir appauvri en nous interdisant le Nissart (ou le Gavouot) et l’Italien pendant si longtemps. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons participé aux actions menées pour la création d’une école bilingue (Nissart/Français) à Nice et que nous suivons l’affaire de près.
JdM: Mais il n’y a pas que la langue dans la culture ?
RMM: Bien sûr que non. Nous avons énuméré les domaines dans lesquels la langue peut s’exprimer, mais il faut savoir que certains travaillent pour relancer le savoir faire qui existait dans tout notre Comté et qui a été abandonné pour diriger toutes les activités vers le seul secteur du tourisme. Ils veulent mettre en avant l’excellence du travail manufacturé qui peut être réalisé chez nous et obtenir des labels de qualité d’origine pour notre pays…le temps venu, nous leur donnerons la parole. Dans un autre domaine, certains travaillent à préparer le devenir de notre pays niçois: nous voyons bien que la France est en crise, que l’Europe est en crise et qu’il en faut peu pour qu’elle ne puisse plus continuer dans la voie, sans issue par avance, qu’elle s’était choisie. Nous ne savons pas quand le grand chambardement aura lieu mais il nous faut nous préparer en vue d’un nouveau destin. Notre passé était inscrit non pas vers l’Ouest mais vers l’Est et le Nord de Nice…et certains mettent en place les jalons d’une nouvelle grande région européenne de l’Arc Alpin. Nous pensons, comme eux, que l’Europe des peuples se recomposera avec de grandes nouvelles régions: l’Arc Alpin, la fédération des pays Celtes, la grande Scandinavie, l’Union des Balkans, les peuples germaniques, la Catalogne, le Pays Basque, etc… De la même façon, eux aussi œuvrent pour notre culture et nous leur donneront la parole le moment venu. L’Histoire n’est écrite nulle part et notre destin sera celui que nous nous tracerons.
JdM: Au milieu de tout cela, passons à ce que vous avez fait avec « Racines du Pays Niçois ». Votre association ? Votre Site ? Quels projets ?
RMM: Bon, en préambule, je vais vous dire que nous n’avons pas assez fait tant au niveau de l’Association qu’au niveau du site. Mais, nous avons tellement envie de réaliser tous les projets que nous avons en tête et les journées étant tellement courtes, nous sommes inévitablement frustrés. Et je sais que tous ceux qui font déjà beaucoup pour notre Comté ont la même frustration que moi. Mais l’objectif est immense et tous ne sont que des bénévoles. Bien, ceci dit, nous ne sommes quand même pas resté les bras croisés à ne rien faire. Il faut dire que nous avons mobilisé nos énergies sur notre site afin de produire et d’éditer. Et nous avons réussi à tenir le pari puisque notre site est de plus en plus visité, que nos articles sont appréciés (et même repris dans d’autre sites, ailleurs que dans le Comté), que nous sommes reconnus. Et je tire ici un grand coup de « Capèu » à tous mes collaborateurs qui ont tous une activité professionnelle et donnent, en dehors de celle-ci, beaucoup de leur temps, bénévolement pour que notre site soit vivant: Merci à Eric, François, Jean Marie, vous Julien, Patrice et Paul pour votre contribution à la réussite de ce site. Et, c’est pourquoi, même avant que nous changions de maquette, nous avions perfectionné notre site par rapport à ses débuts. Nous lui avons adjoint une page « facebook » intitulée « Racines du Pays Niçois » sur laquelle les internautes peuvent nous rejoindre en demandant à être amis avec nous (Cela n’empêche pas de faire des commentaires à la suite de la lecture d’un article directement sur le site). Nous avons créé un groupe « facebook » dont le nom est « Raïs dou Païs Nissart », groupe fermé et réservé aux Nissart, nissardophones ou non. Et depuis le 1° Janvier de cette année, vous avez pu le constater, nous avons mis en ligne chaque jour les « éphémérides » relatives à l’histoire du Comté de Nice, car nous avons un devoir de mémoire. Nous allons reprendre, suite à l’entretien que je vous accorde, notre série « Entretien avec… » et nous avons un grand nombre de figures emblématiques de notre Comté qui sont sur notre liste d’attente. Nous cherchons toujours à améliorer ce site, la communication et, à cet égard, nous allons créer un compte « Youtube » bientôt.
JdM: Et l’association dans tout ça ?
RMM: Vous savez, j’avais de nombreux projets en tête pour l’association, mais comme je vous le disais, nous sommes peu nombreux, nous sommes bénévoles, et nous devons dégager des priorités. Même si les projets envisagés avec l’association nous tenaient à cœur, il faut comprendre que la priorité était le site et ce pour plusieurs raisons: notre but premier était de mettre en vitrine tout ce que faisaient les autres associations, ce que faisaient les groupes musicaux, les éditeurs de livre, les artistes niçois, les médias niçois, etc. Ensuite, par notre site qui était bien référencé fournir un lien avec tous ceux que nous venons de nommer afin que de les faire découvrir au plus grand nombre. Nous voulions montrer qu’il y avait une culture vivante dans le Comté de Nice pour combattre les clichés qui ne représentaient notre culture que comme une simple réminiscence du passé. Nous voulions que les gens se rendent compte que la culture Nissarde était toujours bien vivante au XXI° siècle. Une autre de nos motivations était d’offrir à la « Diaspora Nissarde » un lieu de rencontre avec leurs racines qu’ils avaient au fond d’eux même quand ils étaient loin de la mère patrie. Enfin, nous voulions aussi forger un « corpus doctrinal » afin que ceux qui se battent pour notre culture aient un argumentaire large et choisi. Alors, oui, nous avons laissé un peu l’association « en sommeil », sans pour autant ne rien faire. Qu’a fait notre association pendant ces deux années d’existence ? Et bien, nous avons tissé des liens avec un grand nombre de Niçois. Nous avons, la première année, participé à des manifestations communes avec d’autres associations Nissardes, nous nous sommes associés avec ceux qui diffusaient la pétition pour la création d’une école bilingue à Nice (Nissart/Français), nous avons la première année organisé un diner-débat que j’animais personnellement, nous avons produit nos autocollants Païs Nissart (PN) pour plaques minéralogiques, nous avons diffusé le livre « La Voix des Peuples », la deuxième année d’existence nous avons organisé, en nous associant au CDS (Club des Supporters) et à « Nissart per tougiou », un hommage à Lionel Letizi, un enfant du pays qui mettait un terme à sa carrière, nous avons organisé deux diner-débats (avec Nadège Bonfils du collectif « OIN Plaine du Var » et avec Frédéric Boyer des Editions « Mémoires Millénaires »), un troisième a du être annulé au dernier moment car le conférencier a eu des problèmes personnels, nous avons créé nos T-shirts, nous avons augmenté notre nombre de « socis » (adhérents) et nous avons lancé quelques projets qui n’ont pas encore abouti. Et nous avons des tas de projets pour cette troisième année qui commence: diners débats, organisation commune avec d’autres associations pour des projets de manifestations communes, randonnées culturelles pour ne pas « marcher idiot », visites commentées sur site par petits groupes, et création d’autres objets pour la boutique. Nous allons très bientôt faire venir un conférencier de l’extérieur pour un diner débat organisé, au mois d’avril, en symbiose avec une autre association « Le Castellaras » autour d’un livre dont vous pouvez trouver la critique dans notre site: « l’Esprit européen entre mémoires locales et volonté continentale » …l’auteur Georges Feltin Tracol sera parmi nous en cette occasion.
JdM: En effet, c’est un programme alléchant qui devrait intéresser beaucoup de monde. Je pense que nous avons fait le tour de la question avec ce bilan et ces projets, après deux années d’existence. Il ne me reste plus qu’à souhaiter une longue vie à « Racines du Pays Niçois », en vous remerciant de nous avoir accordé cet entretien.
RMM: Avant de terminer, je tiens vraiment à adresser mes remerciements les plus sincères à quelqu’un en particulier. J’ai, précédemment, remercié tous mes collaborateurs pour tout ce qu’ils donnent mais il ne faudrait pas oublier celui, sans qui, ce site ne serait rien, celui qui a conçu cette nouvelle mouture de notre site (après avoir été à l’origine de la première), je veux citer Arnaud MERCIER, qui, en dehors du fait qu’il est mon fils (ce dont je suis très fier), est un « ingénieur du son » reconnu et apprécié ainsi qu’un « Webmaster » de talent: je tiens à lui adresser mes remerciements les plus chers pour son aide et son soutien. Merci, Julien pour votre écoute, mes excuses pour ceux que j’ai omis de citer…et merci à nos lecteurs.
Julien de MONTFERRAT