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Arc Méditerranéen ou Arc Alpin ?
Le Grand débat actuel est posé…
Deux conceptions de notre devenir s’opposent à l’heure actuelle. Les tenants de la république française optent pour un futur Arc Méditerranéen. Les tenants de la souveraineté des peuples, eux, préfèrent voir naître un Arc Alpin.
Nous allons essayer d’y voir un peu plus clair dans ce débat:
Nice est une ville vraiment particulière et à nulle autre pareille. Pour la plupart des gens, c’est une ville maritime, baignée par la méditerranée, reflétée par l’image de cette Baie des Anges, célèbre dans le monde entier.
Les clichés véhiculés par les médias français renvoient systématiquement à une image fausse de cette Ville et de son pays: pour quelqu’un qui n’est jamais venu à Nice et qui ne la connait que par les images que l’on en donne ce ne sera qu’une suite de plages privées le long de la Promenade des Anglais d’un côté de celle-ci, tandis que l’autre côté de cette artère ne serait occupé uniquement que par des Palaces et des Casinos. De tout le reste de la Ville, on n’en parle pas, de son histoire particulière et de sa culture multimillénaires pas plus, quant au reste du territoire situé dans le haut pays, on pourrait penser qu’il n’existe pas. Seule l’image superficielle de la Côte d’Azur nous est présentée, celle issue d’un concept touristique et marchand, qui gomme la vraie image de notre pays et néglige son âme.
Pour celle ou celui qui veut découvrir notre ville et son territoire, il faudra aller à la rencontre des gens d’ici, s’enfoncer un peu plus dans la ville (et particulièrement la Vieille Ville) et dans l’arrière pays et ses vallées. Alors, seulement à cette condition, il est possible de connaitre notre pays et de se rendre compte que sa vraie nature est montagnarde: même Nice est une ville de montagne (en certains endroits de la Ville, la bande côtière fait à peine 10 mètres) et comme pour être fidèle à son passé, elle est bâtie sur plusieurs collines. Rome a ses sept collines, on peut dire que Nice les a aussi: Château, Mont Boron, Mont Vinaigrier, Mont Chauve, Cimiez, Gairaut, Fabron. Et, surtout, dès que l’on sort de la Ville, on se retrouve dans la montagne (très rapidement on peut, en quelques minutes atteindre des sommets de haute montagne).
Et, c’est pourquoi l’âme de ce pays est essentiellement montagnarde et se retrouve dans le caractère des gens d’ici, des gens dont la peau a été tannée par des siècles d’histoire, histoire écrite dans ces mêmes montagnes qui sont un lieu de passage obligé tout au long de l’histoire de notre Continent. Nice et le Comté de Nice sont un territoire incontournable et une porte d’entrée débouchant sur plusieurs contrées. Notre pays a toujours été le débouché maritime d’une région européenne que ce soit la Lotharingie ou plus tard la Maison de Savoie (voire le Saint Empire Romain Germanique). De tout temps, nous avons fait partie de cette épine dorsale sur le continent européen. Et, réduire Nice et son Comté à une région uniquement tournée vers la mer procède d’une vision étroite de l’histoire et de la géographie.
Nous ne pouvons pas laisser de côté, notre attachement à cette mer Méditerranée, la « Mare Nostrum » berceau de nos civilisations, que ce soit la grecque ou la latine, puisque Nice puise ses origines dans ces deux grandes civilisations antiques: les fondateurs de Nikaïa étaient grecs et ceux de Cemenelum étaient Romains. Cela dit, les Niçois ont toujours été plutôt tournés vers l’intérieur des terres et ne sont pas un peuple de marins. Il y eut, bien sûr, des exceptions à cette règle puisque l’on trouve des faits notoires de la part de Niçois qui se sont déroulés sur mer: nous pourrions citer parmi les exemples les plus célèbres, l’expédition menée par André Provana de Leyni qui commandait , en tant qu’amiral, les trois galères Niçoises engagées par le Duc de Savoie dans la coalition de la Sainte Ligue regroupant de nombreux pays européens en lutte contre l’empire ottoman qui faisait régner la terreur sur la Méditerranée. Cette Sainte Ligue commandée par Juan d’Autriche regroupait l’Espagne, Venise, Gênes, la Maison de Savoie entre autres: elle accula la flotte turque à Lépante (aujourd’hui Naupacte) près du golfe de Patras et entreprit de la détruire. Le coup fatal fut porté par la galère de Juan d’Autriche et par celle d’André Provana de Leyni , qui s’emparèrent du bateau amiral turc: le chef des armées turques fut décapité ce qui sapa le moral du reste de la flotte turque et permit la victoire de la Sainte Ligue: cette victoire signa la fin de l’hégémonie turque sur la Méditerranée et permit l’ébauche d’une conscience européenne.
De même, nous ne pouvons passer sous silence les faits d’armes d’un corsaire nissart, le capitaine de frégate Joseph Bavastro (26/3/1760- 10/3/1833), né à saint Pierre d’Arène (Nice) et mort à Alger, qui mena la vie dure aux anglais tout au long de sa vie (même s’il a servi la France…après tout Garibaldi l’a bien fait lui aussi). Il fut surnommé le « Lion de Gibraltar » et sa réputation n’était pas surfaite (il ne fut jamais capturé par les anglais). Il alla même combattre aux côtés de Simon Bolivar, « el liberador » , pour permettre la libération des peuples de l’Amérique latine.
Ceci dit, les Niçois n’ont pas une attirance extrême pour la mer et il ne s’y aventuraient autrement que pour pêcher.
Ce sont les français qui développeront les bains de mer et peu de Niçois s’adonnèrent à cette nouvelle activité: cela était plutôt le fait des étrangers (Anglais, Russes, et Colons Français).
En revanche, l’histoire de Nice et de son Comté se retrouve en osmose avec la montagne. Les Alpes sont l’apanage du peuple de ce pays: Nissart et Gavouot. Si les découvertes archéologique ont trouvé des vestiges de peuplades parmi les plus anciennes en Europe, vestiges souvent situés en bord de mer, nous savons que ces peuples étaient tournés vers la montagne qu’ils avaient sacralisée: le Mont Bego en atteste avec ses gravures rupestres qui attestaient de leur vénération envers le Dieu Taureau et la Terre mère.
De la même façon, les peuplades ligures qui résistaient aux troupes Romaines s’étaient réfugiées dans nos montagnes. Quand il fut question de se trouver un nouveau souverain pour nous assurer protection face aux menées de la Provence et de la France, c’est vers les Alpes que nous nous sommes tournés pour nous dédier, en 1388, aux Comtes de Savoie (ils ne prendront le titre de Duc que plus tard). Et pendant des siècles, notre histoire nous a porté vers les Alpes, les yeux tournés vers nos capitales successives Chambéry puis Turin.
Pendant des siècles, lorsque des troupes françaises nous envahissaient, c’est dans nos montagnes que notre peuple résistait: quand la république française est venue commettre des exactions dans notre pays (pour faire pendant à celles commises plus à l’Ouest en Bretagne et en Vendée), elle a eu maille à partir avec les premiers résistants Niçois…les Barbets.
Pendant des années et des années, la guérilla menée dans nos vallées et nos montagnes par les Barbets a fait grand mal aux troupes françaises.
De la même façon, lors des derniers conflits mondiaux, c’est dans nos montagnes que la résistance s’organisa. Et, c’est ainsi, que lors de la dernière (?) guerre mondiale, Nice s’est libérée toute seule, sans l’intervention des troupes alliées (ni français, ni américains), c’est la seule ville de tout l’hexagone qui a réussie à se libérer elle même (même si aujourd’hui, des politiciens français sans vergogne commémorent ce fait sous les couleurs de leur drapeau tricolore, en oubliant « lou noustre drapèu Nissart » : l’aigla rouge sus lou drapèu blanc) . Et, même de nos jours, on sait que pour tenir Nice, il faut tenir les vallées et la montagne.
Un autre aspect de notre culture fait que nous n’appréhendons pas la montagne de la même façon que les français. Pour les français, la montagne, que ce soient les Alpes ou les Pyrénées, est une frontière naturelle et est considérée comme telle, ce qui va grandement contribuer à influer sur leurs jugements. Pour le Niçois (j’englobe sous ce terme, les habitants du Comté de Nice qu’ils soient Gavouots ou Nissarts), la montagne est, au contraire, un lieu d’échange et de partage, et nullement une frontière. Pour les français, les Alpes séparent, pour les Niçois, les Alpes rassemblent. Et cela, va déterminer deux attitudes totalement opposées dans la vision future de notre pays par les uns et par les autres.
Pour les politiciens français au pouvoir, actuellement, dans notre pays, leur vision d’une métropole tournée exclusivement vers la Méditerranée, leur fait envisager le développement d’un Arc Méditerranéen. Pour les Niçois, notre avenir n’est sûrement pas vers l’Ouest et le Sud, mais plutôt vers l’Est et le Nord, notre avenir s’inscrit dans l’émergence d’un Arc Alpin, ébauche de la future grande région européenne de demain.
Le grand projet du maire actuel de la ville de Nice et de ses alliés est la création d’un Arc Méditerranéen de Gênes à Barcelone, dans une logique de développement d’une bande côtière relativement réduite et qui concentrerait la quasi totalité des activités en abandonnant l’arrière pays, sauf pour des activités ponctuelles et rentables à court terme (comme les sports d’hiver). Il est à remarquer que ce type de développement sur une seule activité fragilise les populations du haut pays qui ont abandonné un savoir faire et des productions locales, souvent de qualité (et qui leur permettaient de vivre toute l’année, sans se prostituer auprès des touristes). Il n’y a qu’à voir, aujourd’hui, lorsqu’ on a un hiver sans neige cela devient une « catastrophe » (et dans tous les cas, une activité bien peu écologique puisqu’il faut activer les canons à neige pour produire de la neige artificielle: neige factice pour loisirs fabriqués).
A l’inverse, notre engagement dans l’élaboration d’un Arc Alpin (auquel nous, « Racines du Pays Niçois » sommes favorables-NDLR) permettrait de relancer une activité réelle à travers nos montagnes, par delà les frontières actuelles et nous rendrait une autonomie de production agricole autosuffisante, donc, meilleure pour notre environnement. Nous pensons que le développement de grandes régions autocentrées et enracinées constitue la réponse à la faillite du système actuel. Le fait de développer de tels territoires permettrait d’autoriser les peuples à vivre chez eux, de leur savoir faire ancestral, sans être coupés de leurs racines, de mieux répartir les populations sur un territoire donné ce qui éviterait l’expansion de ces mégalopoles déculturées et criminogènes et d’avoir un vrai creuset pour la transmission du savoir faire.
A l’heure actuelle, de nombreux Mouvements Citoyens s’organisent ici et là, tout autour de cet Arc Alpin, dans des territoires aussi divers que la Savoie, le Comté de Nice, le Piémont, la Ligurie alpine, le Tyrol, le canton de Genève, le Tessin, voire la Lombardie et le Haut Adige. Ces mouvements citoyens se structurent et se fédèrent. Ils sont l’avenir de nos nations sans état. Ceux qui animent ces nouvelles formes d’expression populaire sont conscients qu’il faut abandonner les vieux schémas, issus de la révolution française, que la France nous a imposé depuis un siècle et demi.
Personne ne sait de quoi demain sera fait. La seule certitude que nous puissions avoir est que le monde dans lequel nous vivons, issu des cataclysmes du siècle dernier, est en crise et ne pourra pas continuer à se survivre éternellement. L’histoire n’est écrite nulle part: elle est ce que les hommes en feront. Nul ne pouvait prévoir la chute du mur de Berlin et de l’Empire Soviétique d’une façon aussi rapide. Nous avons tous l’intuition que leur Europe, qui portait elle, dès le départ, les germes de sa destruction, va exploser tôt ou tard.
Il faut que, dès à présent, les peuples soient prêts à mettre en place une alternative cohérente, qui soit pensée dès aujourd’hui. La libération des peuples, de nos peuples (Countèa de Nissa, Savoie, Corsica, Catalunya, Euskal Herria, Breizh…) est inéluctable. Il nous faut être prêts à cette éventualité réjouissante. Ici, il faut que le peuple Nissart, en prenne conscience et prépare son avenir.
Annexe: j’aimerai vous soumettre le texte qu’un ami m’a envoyé et qui analyse bien la situation (l’impasse devrais je dire ?) actuelle en proposant d’éventuelles solutions pour l’avenir. Cet ami est en train de mettre en place les structures nécessaires à l’action future.
Petite réflexion à mes semblables.
Il n’est pas nécessaire de faire l’inventaire des déprédations du capitalisme (voire du socialisme industriel) : la destruction des terres arables quand la population humaine explose, la disparition des insectes, des oiseaux, des poissons, l’uniformisation et l’enlaidissement des paysages où nous vivons, l’empoisonnement des eaux, l’artificialisation et la marchandisation du vivant, la prolétarisation planétaire des pauvres et son corollaire les flux migratoires… Mais la pire des catastrophes est que la fragilisation accrue du mode de vie industriel et la révélation (même pour les plus optimistes) des bombes à retardement dont est grosse la société industrielle n’a pas conduit les masses désemparées à remettre en cause le progrès, mais au contraire les fait adhérer davantage aux palliatifs néo-technologiques de la fuite en avant, tandis que les indignés manifestent dans toute l’Europe pour exiger que le système accomplisse enfin les promesses contre lesquelles nous avons abandonné notre autonomie et notre liberté.
Le système industriel ne peut fonctionner que soumis à sa propre logique, la concurrence. Or la dynamique concurrentielle est immaîtrisable : n’importe quelle entreprise peut être éliminée au gré d’une évolution des conditions de production, tandis que risque de s’appauvrir un pays dans lequel trop d’entreprises seraient éliminées. La survie de ce qui semble acquis aujourd’hui dépend donc de l’effort consenti pour affronter cette guerre économique continuelle : ainsi toute innovation génératrice de profit même si elle est inutile, immorale ou antisociale, sera adoptée par la production, et toute demande solvable sera satisfaite quelques soient les conséquences pour la nature et pour l’humanité. Pour imposante qu’elle paraisse, notre construction économique et technique n’est en réalité qu’un mouvement, notre richesse n’existe que si elle continue de croître… C’est pourquoi personne ne veut et ne peut abandonner le postulat d’une croissance infinie : elle est infinie non pas parce qu’elle peut l’être (rien ne le prouve, tout laisse supposer le contraire) mais parce qu’elle doit l’être.
Dans cette situation, les voies réformistes ou citoyennistes (indignés) sont évidemment des impasses. De fait, la complexité technique des modes de production et les impératifs de rentabilité excluent toute prise de responsabilité réelle dans et par le travail. Les agents d’exploitation aussi bien que les employés administratifs sont si bien réduits à l’état de rouages programmés que la seule logique opérante et décisive est technique et économique.
Tout comme le paysan est devenu un employé de l’industrie agro-alimentaire. Tout contrôle individuel ou collectif est assujetti à cette logique qui se perd dans les seuls impératifs de sa reproduction. En conséquence, les tentatives révolutionnaires visant à s’approprier la machine industrielle s’avèreront également illusoires. En fait, même les dirigeants prétendus de cette mécanique infernale n’en maîtrisent ni la direction, ni l’action et se contentent de tirer un maximum de profit de son exploitation. Finalement, le seul pouvoir qui subsiste est le pouvoir d’achat, et tous, y compris les plus démunis, nous participons de ce processus de mécanisation et de marchandisation de l’être.
Le véritable désastre actuel réside surtout dans le fait que ce mode de vie soit effectivement désiré par le plus grand nombre.
Puisqu’il n’est possible ni de réformer ni de révolutionner le capitalisme industriel et que son développement suppose au moins notre concours d’assisté, la seule voie qu’il nous reste est de sortir de ce système dont le ressort idéologique a pour nom : progrès.
Nous proposons de le faire ici et maintenant, même si nous ne sommes qu’une poignée. Ce « Nous » ne peut être qu’une assemblée de volontaires qui se définissent par l’objectif d’instituer un en-dehors du système pour y exercer la liberté politique, et cet « en dehors du système » nous l’appelons une commune : La commune que nous voulons former sera une assemblée des égaux faisant advenir entre eux par la parole et par l’action, les conditions d’une authentique puissance d’agir qui requiert l’union de forces individuelles responsables d’elles mêmes et du groupe qu’elles engendrent ensemble. La liberté politique est le nom de « ce qui vaut la peine d’être décidé » et ce qui vaut la peine d’être décidé est tout entier contenu dans la question : « Dans quel monde voulons nous vivre ? ».
Concrètement :
– Cela signifie décider ce que nous produisons et comment nous le produisons.
– Cela signifie définir notre rapport avec la propriété et le travail.
– Cela signifie définir notre rapport avec notre culture, notre histoire, notre langue, nos traditions.
– Cela signifie comment nous habitons un territoire et comment nous le partageons avec les créatures sœurs y compris celles qui nous dérangent, celles qui pillent nos récoltes, celles qui tuent notre bétail (si nous en avons), celles que nous pouvons être amenés à tuer pour nous nourrir ou nous protéger.
– Cela signifie rompre avec les vieux schémas idéologiques droite-gauche.
– Finalement, cela signifie décider jusqu’à quel niveau d’inconfort nous sommes prêts à endurer pour diminuer notre pression sur la nature et partager un monde vivable avec les autres humains.
JMF
J’avoue que cela me plait bien !