Abbé Faissola, l’avocat des pauvres

Un personnage trop longtemps oublié à notre époque.

 

Il est des personnages qui n’apparaissent pas dans la lumière comme d’autres quand on parle de notre histoire tellement malmenée aujourd’hui. Et pourtant, ils figurent parmi les plus importants quand c’est le coeur qui parle.

 

Onorato Faissola, également appelé Honoré Faissola ou l’abbé Faissola en français ou Don Onorato Faissola di San-Giacomo en italien, né le 13 novembre 1765 à Nice et mort le 11 mars 1837, alors Royaume de Sardaigne Piémontais à Turin, est un prêtre catholique du diocèse de Nice, avocat des pauvres, diplomate consigliere, et écrivain Italien.

Enfant des vieilles familles nobiliaires du Comté de Nice du dix-huitième siècle, cousin du vicaire de Sigale correspondant du Roi de Sardaigne Don Giacomo Faissola, Don Onorato Honoré Faissola consacre sa vie à la foi Catholique et à la paroisse de son quartier d’enfance du « babazouk » (le vieux-Nice). L’abbé Faissola devient une figure historique de l’histoire nissarde et piémontaise, puis par extension française et italienne, pour son ministère de vicaire de l’église Saint-Jacques-le-Majeur de Nice (église du Gesù) à partir de 1791, puis son action d’avocat des pauvres (sous le nom de « citoyen Honoré Faissole ») opposé à la guillotine pendant le régime de la terreur, son action sociale en faveur des pauvres, ses actions de diplomate et d’écrivain documentariste pendant la période historique de l’invasion du comté de Nice par les troupes françaises de la Révolution en 1792, le premier Empire, jusqu’à la restauration du Royaume de Sardaigne en 1814.

Restera dans l’histoire pour avoir été en 1794 le porte parole et symbole des 44 prêtres réfractaires et barbets du Comté de Nice arrêtés par les révolutionnaires. Il en deviendra leur avocat et obtiendra leur libération. C’est au chanoine Garidelli et à lui-même que seront remises les clefs de la Cathédrale Sainte-Réparate de Nice pour sa ré-ouverture en avril 1795. En l’absence de l’évêque Valperga en exil, Garidelli lui confie la responsabilité d’y officier le culte, ce qu’il fera jusqu’au 15 décembre 1795 et son retour dans sa paroisse d’origine de l’église de Gèsu. Il se consacrera par la suite à sa paroisse et au vieux-Nice en y organisant la soupe populaire pendant les famines de la période révolutionnaire, avant de devenir diplomate et médiateur entre l’empire bonapartiste et la couronne piémontaise du Royaume de Sardaigne en exil. Il se retire de la vie publique avec la restauration de 1814 et devient « Consigliere » ambassadeur représentant le Comté de Nice auprès de la couronne piémontaise du Royaume de Sardaigne à Turin.

Apparaît dans la spécificité de la culture niçoise des dix-huitième et dix-neuvième siècle l’analogie au sens symbolique de ce qu’était son contemporain l’abbé Grégoire et de ce que sera l’abbé Pierre plus tard au vingtième siècle dans la culture française. Figure historique niçoise et italienne tombée en disgrâce puis dans l’oubli après l’annexion de Nice par la France en 1861, 2015 marque les 250 ans de sa naissance, des hommages de l’église catholique sont marqués à cette date.

Origine et contexte familial : les vieilles familles nissardes.

Se situe sociologiquement dans la continuation des vieilles familles de l’aristocratie nissarde et piémontaise depuis le XVème siècle, issu de la maison Faissola dont les fiefs sont à Nice et dans le village de Sigale dont Don Giacomo Faissola fut vicaire et correspondant du Duc de Savoie Victor-Amédée II lors de sa mission diplomatique sur place en 1689. Il est le fils du consigliere Pietro Antonio Faissola (1741) marié en 1761 en Cathédrale Sainte-Réparate de Nice avec la Nobil Maria Francesca Revello (1744), le petit-fils du Nobil Gio Filippo Faissola (1701) marié en 1722 en l’église Saint-Jacques-le-Majeur de Nice avec la Nobil piémontaise Maria Camilla Rosso (1707), le neveu du recteur de l’hôpital de Nice nommé en 1768 Bartolomeo Faissola (1721), et le cousin du Nobil Guglielmo Faissola (1710) marié en 1733 en Cathédrale Sainte-Réparate de Nice avec la Nobil Isabela Maria Angelica Durante (1716), du Nobil Onorato Faissola (1708) marié en 1743 en Cathédrale Sainte-Réparate de Nice avec Isabella Fossat, du nobil Bartolomeo Andrea Faissola (1717) marié en 1747 en l’église Saint-Jacques-le-Majeur avec Anna Maria Bessone (1721). Ces mariages scellant les relations des clans Faissola, Revello, Durante, Fossat (Comté de Nice), Rosso (Piémont) et Bessone (Ligurie) au dix-huitième siècle. Pour ses filiations des générations postérieures, Don Onorato Faissola est cousin d’Adrien Faissola (1800), magistrat du tribunal de première instance de Nice pendant la période de la Restauration, du contadino Serafino Faissola (1810), du couturier Stefano Etienne Barquier-Faissola (1824), et de la modiste Fanny Faissola (1834) qui s’illustrèrent pendant le second Empire. L’abbé Faissola, par son sacerdoce religieux, meurt sans descendance directe. Parmi ses cousinages généalogiques figurent par mariage avec sa nièce Anna Faissola (1760) en 1782 en l’église Saint-Jacques-le-Majeur de Nice le corsaire niçois d’origine génoise et ravitailleur de Napoléon Bonaparte pendant sa campagne d’Egypte le Chevalier d’Empire Giuseppe Bavastro (1760), et par mariage en 1737 de sa cousine Maria Faissola (1717) et Giacomo Audiberti (1698) l’écrivain Jacques Audiberti (1899) au vingtième siècle. Une rue porte le nom de la famille Faissola dans le quartier Saint-Isidore de Nice.

Formation

Onorato Faissola dès sa jeunesse tourne le dos à une carrière militaire dans l’armée sarde, qu’embrassera son frère cadet Giuseppe Faissola (1769), ou la carrière de grand bourgeois marchand, qu’exercera son autre frère cadet Luigi Faissola (1773), auxquelles sa famille pouvait le destiner pour s’orienter vers le sacerdoce ecclésiastique et entrer dans les ordres. Demeurant dans la maison familiale des Faissola, rue du bon-air (aujourd’hui rue Saint-Gaétan) dans le vieux-Nice, il étudie et se spécialise en théologie et latin. Sa pratique des langues du comté (l’italien langue officielle, ainsi que le dialecte nissart), sa maîtrise du latin, et sa connaissance de la langue française font de lui une ressource pour la traduction d’actes officiels entre le diocèse de Nice et le Sovrano Senato del Countea di Nizza (Sénat de Nice) jusqu’à la veille de l’entrée des troupes françaises révolutionnaires le 28 septembre 1792, date à laquelle le Sénat est transféré dans la vallée de la Roya, avant que le Sénat de Nice ne soit dépossédé de tout pouvoir exécutif suite au traité de Paris de 1796.

Ordination à Saint-Jacques-le-Majeur

L’évêque piémontais de Nice, Il Monsignore Carlo Valperga di Maglione procède en 1791 à l’ordination, à seulement 26 ans, du vicaire de l’église Saint-Jacques-le-Majeur (église du Gesù), rue Droite dans le vieux Nice, sous le nom de Honoratus Faissola, vicarius sancti jacobi apostoli. Eglise dans laquelle l’abbé Faissola avait été baptisé le 17 novembre 1765. L’ordination est parrainée par la famille des comtes Lascaris de Vintimille, bienfaitrice mécène et titulaire du banc de la paroisse.

Contexte historique

Le comté de Nice est bouleversé par les événements politiques révolutionnaires qui secouent la France voisine de 1789 à 1792. Des réfugiés de tout le sud de la France, passant le Var, affluent en ville fuyant les persécutions dont ils sont l’objet. Royalistes fidèles à l’ancien régime et ecclésiastiques des diocèses du sud visés par les nouvelles lois anticléricales viennent se placer sous la protection du Royaume de Sardaigne de Victor-Amédée III (1725/1796) dont le comté de Nice est l’un des états de Savoie. Les armées révolutionnaires prenant position à la frontière du Var et procédant à des incursions et pillages dans le comté, le Roi Victor-Amédée III leur déclare la guerre le 23 juillet 1792, faisant alliance avec l’Autriche – qui occupe alors la Lombardie – et la Couronne anglaise, pour protéger les limites territoriales du Royaume Sarde. Les troupes révolutionnaires entrent à Nice le 29 septembre 1792 et mettent en déroute les forces de la coalition piémontaise qui se replient sur Turin. Alors que la ville en flammes est livrée aux exactions menées par l’armée du midi et l’unité des colons marseillais, le représentant de la Convention à Nice, le Consul de France Leseurre, ordonne à l’évêque Il Monsignore Valperga de quitter la cité dans les heures qui suivent pour partir en exil à Turin. Celui-ci doit s’exécuter et réussira à gagner le Piémont non sans avoir été capturé et délivré par des paysans Nissarts. L’évêque mourra d’ailleurs sans avoir jamais pu revenir à Nice, et l’église de Nice se place provisoirement sous l’égide du chanoine et vicaire général Ignazio Garidelli qui va en assurer l’intendance pendant cette période d’incertitudes. Saint-Jacques devient sanctuaire de la résistance, accueillant civils et barbets blessés lors des combats, et organise une soupe populaire pour la population du vieux-Nice dont le ravitaillement est limité par les troupes révolutionnaires qui la coupe du reste de la ville pour étouffer son début d’insurrection et en prendre le contrôle militaire.

Résistance des prêtres réfractaires

Les abbés et vicaires des différentes églises sont arrêtés et soumis, comme partout sur le territoire français, à la loi de la Constitution Civile du Clergé (12 juillet et 28 août 1790) selon laquelle ils doivent prêter serment de fidélité aux principes de la loi révolutionnaire. L’abbé Faissola refuse d’abdiquer ses convictions en la foi Catholique et de quitter son église de Saint-Jacques. Il assume ainsi le fait de devenir prêtre réfractaire que le décret conventionnel rend de facto hors la loi. Avec d’autres ecclésiastiques réfractaires du diocèse, il assure la liaison entre les différentes paroisses des villages de l’arrière pays niçois et place provisoirement sa charge de vicaire de Saint-Jacques-le-Majeur sous l’autorité du chanoine Garidelli. Le 21 janvier 1793, Louis XVI est exécuté. La répression s’intensifie à partir du 10 mars 1793, avec, sur proposition de Danton, l’instauration du tribunal révolutionnaire.

Le régime de la terreur, 28 juillet 1794, chute de Robespierre

Le père de l’abbé, Pietro Antonio Faissola, sera arrêté et emprisonné, selon la loi des suspects de la Convention, sous le chef d’accusation de « propos inciviques », après avoir publiquement maintenu fidélité au comté de Nice et au Royaume de Sardaigne. L’année 1793 marque à Nice, comme dans tout le reste de la France, la politique de la terreur qui se solde par des milliers d’exécutions publiques. L’abbé Faissola assure, en langue française sous le nom francisé de « citoyen Honoré Faissole », la qualité d’avocat des pauvres du peuple (puisque Sénat de Nice et avocats sont suspendus). Il assure la défense d’accusés sur le point d’être guillotinés selon la loi des suspects. Dénoncé comme prêtre réfractaire, il doit fuir dans les villages de l’arrière pays niçois où l’armée révolutionnaire livre une chasse sans merci aux barbets, les résistants nissarts irréguliers qui opèrent derrière les lignes. Suivant l’arrêté pris le 23 novembre 1793 à Paris par la Convention sur la fermeture des lieux de culte, toutes les églises de Nice sont annoncées bientôt fermées. Les biens et mobiliers de l’Eglise niçoise sont inventoriés et vendus au profit de la Convention. Beaucoup d’archives de l’Eglise et de l’administration du Royaume Sarde sont brûlées à cette occasion. L’abbé Faissola, accompagné d’ecclésiastiques des villages de l’arrière pays niçois, fait son retour à Nice dans le but de soustraire le mobilier de sacrement des églises transmis depuis des générations, ainsi que pour sauver les archives et les faire parvenir jusqu’à Turin, selon la mission confiée par l’évêque en exil Il Monsignore Valperga.

Arrestation des réfractaires et fermeture des églises

Sous l’autorité d’Augustin Robespierre, frère cadet de Maximilien Robespierre, député de la Convention et délégué général à Toulon ayant ainsi autorité sur l’armée du midi et la brigade des colons marseillais, les troupes révolutionnaires accentuent leur pression sur Nice et l’arrière pays niçois. Exécutions sommaires, viols, et pillages ravagent le comté. Un mandat d’arrêt révolutionnaire, prévoyant la peine de mort sans nécessité de procès, est lancé contre toute personne n’ayant pas prêté serment républicain, ou soutenant les barbets qui, de leur côté, intensifient la résistance. Le 14 juillet 1794, toutes les églises du comté sont interdites au culte, selon le processus enclenché dans la France entière par la Convention. La cathédrale Sainte-Réparate est rebaptisée « Temple de l’être suprême » et devient un dépôt de blé. Le 24 octobre 1794, le général François Vachot, connu pour ses précédentes actions d’épuration sanglante en Vendée, donne l’ordre de fermer l’église Saint-Martin-Saint-Augustin, puis le lendemain le 25 octobre, l’église Saint-Jacques-le-Majeur. Le 26 octobre 1794, sous une pluie torrentielle, l’abbé Faissola ainsi que 43 autres ecclésiastiques ayant porté secours et donné asile à des civils blessés et à des barbets dans les paroisses de l’arrière pays niçois sont arrêtés et mis au secret à Saint-Jean-Baptiste. Interrogés avec violence, l’abbé Faissola et ses coreligionnaires refusent d’abdiquer leur foi Catholique et de dénoncer les réseaux barbets. Le 28 octobre 1794, le général Vachot organise un procès par un tribunal révolutionnaire de 20 jurés au Palais de la ville. Les 44 prisonniers sont poursuivis sous le chef d’accusation de « fanatisme religieux des Niçois contre les lois de la République ». Le général Vachot y tient le rôle de procureur, et l’abbé Faissola, qui n’a alors que 28 ans, assure lui celui d’avocat de la défense pour les accusés. Selon son témoignage de l’époque, l’abbé Faissola se présente comme Ministre du Christ et recteur de Saint-Jacques. Répondant à Vachot qui le menace ouvertement de mort, il maintient sa position et ré-affirme sa volonté de rester au service de son peuple. En novembre 1794, devant le soulèvement populaire des Niçois contre ce procès arbitraire, l’exécution est reportée sine die, et les « 44 de 1794 » restent au secret. Après la mort de Maximilien Robespierre, Augustin Robespierre et Louis Antoine de Saint-Just, guillotinés à Paris le 28 juillet 1794, les inflexions politiques de Paris se répercutent progressivement sur le comté de Nice. La Constitution de l’an III sera conclue le 29 messidor de l’an III (17 août 1795) pour aboutir à l’installation du Directoire le IV brumaire an IV (26 octobre 1795). Après des semaines de résidence surveillée, les survivants des « 44 de 1794 », prêtres réfractaires et résistants de l’arrière-pays, sont libérés début 1795 afin d’apaiser l’opinion publique du comté de Nice qui a pris fait et cause pour eux. Les clefs de la cathédrale Sainte-Réparate sont rendues au chanoine Garidelli le 31 mars 1795. Le culte reprend le premier avril 1795 sous les offices du chanoine Garidelli, du vicaire Vittorio Massa de Saint-Martin-Saint-Augustin et du vicaire Onorato Faissola qui y officiera du premier avril 1795 au 15 décembre 1795, date après laquelle il reprendra son ministère de vicaire à sa paroisse d’origine qui vient de ré-ouvrir : Saint-Jacques-le-Majeur, dans le vieux Nice.

Résidence surveillée et médiations jusqu’au concordat

La libération des survivants des « 44 de 1794 » avait pour dessein avoué une pacification des relations entre les forces d’occupation française et la population civile niçoise en voie de soulèvement. Les anciens détenus n’en demeurent pas moins soumis à une mesure de résidence surveillée. Mesure qui durera 6 ans et ne sera levée qu’au concordat de 1801. L’abbé Faissola devient le symbole de ceux qui ont osé s’opposer à la terreur du général Vachot, surnommé « le boucher de Vendée ». L’église du Gésu devient alors un centre de médiation incontournable puisque c’est à cet endroit que les Jacobins décident d’y installer leur club de la liberté et de l’égalité, symboliquement dans ce sanctuaire dédié depuis des siècles à l’ordre des jésuites. L’abbé Faissola devient ainsi naturellement un traducteur et diplomate incontournable entre le pouvoir français d’annexion, la population locale nissarde, et le Royaume Sarde de la couronne de Turin exilée à Cagliari sur l’île de Sardaigne. L’abbé Faissola, comme il l’explique dans ses écrits, multiplie sa présence auprès des malades et des pauvres, autant à Nice que dans les campagnes de l’arrière-pays ; il exerce également le rôle d’avocat du peuple et plaide auprès des autorités pour la diminution des actes répressifs, notamment dans les villages, ainsi que pour la libération de paysans et barbets prisonniers.

Les victoires militaires napoléoniennes bouleversent les rapports de force subalpins et conduisent, le 15 mai 1796, au traité de Paris par lequel le Roi piémontais de Sardaigne doit reconnaître l’annexion du comté de Nice par la République française. Les rapports entre l’administration française d’occupation et l’Eglise restent tendus mais s’infléchissent. Malgré une méfiance réciproque, les deux pouvoirs doivent cohabiter. Cette tension ne commencera à se normaliser qu’avec le concordat de 1801.

Action après le concordat

Peu de documents d’archives nous laissent des informations sur ce que fut la vie de l’abbé Faissola du début du XIXe siècle jusqu’à sa mort en 1837. N’étant plus cité qu’à de rares reprises, son parcours dans la dernière partie de sa vie demeure une énigme, et il semble probable qu’il ait volontairement pris du recul avec la vie publique. A la ré-insertion du comté de Nice dans le Royaume de Sardaigne, après la chute du premier empire en 1814, son nom (dans sa forme italianisé de Don Onorato Faissola) apparaît cependant plusieurs fois en qualité de diplomate alors qu’il intervient auprès du Royaume de Sardaigne et du Senato de Nice pour demander argent et matériels au bénéfice d’œuvres caritatives pour les déshérités de son diocèse, et particulièrement les pauvres des quartiers populaires du vieux-Nice où il grandit. . Tout en restant volontairement à l’écart de l’œil public de son époque après le concordat de 1801, son nom ainsi que les thématiques et interlocuteurs de ses missives, indiquent une fonction diplomatique à haut degré de responsabilités. Une position de diplomate de l’ombre et médiateur entre le diocèse de Nice, les paroisses de l’arrière pays niçois, l’ordre des chevaliers de Malte, l’évêque de Nice en exil à Turin puis son successeur Jean Baptiste Colonna d’Istria qu’il accueillit au Port de Nice à son arrivée, et la couronne des Rois piémontais de Sardaigne en exil à Cagliari puis de retour à Turin après 1814. La position si spécifique du Comté de Nice à cette époque, puis son passage à l’administration française lors de la création du Royaume d’Italie en 1861, font du Nissart du Royaume de Sardaigne l’abbé de Saint-Jacques-le-Majeur de Gèsu de Nice Don Onorato Faissola et du Piémontais l’évêque de Nice Il Monsignore Carlo Valperga deux figures marquantes de l’histoire au passage du dix-huitième au dix-neuvième siècle ; aussi bien dans les livres d’histoire du Comté de Nice que dans ceux du patrimoine culturel de l’histoire de France et de l’histoire de l’Italie.

Ecriture de la chronique historique

L’abbé Faissola meurt à Nice le 11 mars 1837 à l’âge de 71 ans. N’ayant jamais écrit à titre autobiographique et préférant, semble-t-il, mener une action hors du débat public de son époque, l’abbé Faissola est avant tout connu pour l’écriture de son récit « Chants de l’Eglise niçoise sous la Révolution ». Cette chronique historique écrite en italien et latin dépeint l’évolution des événements depuis l’entrée des troupes françaises à Nice en 1792.

Il y décrit, de façon éphéméride et réaliste, la situation sociale de cette époque. Après l’annexion de Nice par la France en 1860, ce texte, ainsi que nombre d’autres textes et auteurs de l’époque, sont interdits d’édition par la censure du second empire en raison « des descriptions trop crues de l’action des troupes révolutionnaires françaises pendant l’occupation de Nice 1792/1814 ». Il reste inédit de traduction complète de l’italien et latin au français, et inédit de publication depuis plus de deux cent ans dans sa forme intégrale et originelle. L’original du manuscrit est conservé dans une bibliothèque royale de Turin, et protégé par les lois de la république italienne. Source de documentation pour des universitaires traitant le sujet du comté de Nice, des passages du manuscrit ré-apparaissent en 1907 dans la revue érudite Nice Historique (organe de presse édité par l’association d’érudits Academia Nissarda fondée en 1904 par Alexandre Barety et l’écrivain Henri Sappia) dans son numéro 7 avec un dossier titré : « L’abbé Faissola, un vicaire niçois sous la terreur ». Des passages du manuscrit servent de sources pour une recherche sur « La révolution française et la religion » par des chercheurs de l’Université américaine du Michigan ; sources également de notes et références pour le récit « La triste fin de Monseigneur Valperga di Maglione évêque de Nice » écrit en 2003 par Monseigneur Ghirardi.

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