Défendre nos langues, défendre notre culture, défendre nos identités

 

 

La défense de la langue est devenue, aujourd’hui,  une priorité pour préserver une culture

 

Le titre de cet article est, en soi, presque un non-sens car il place les peuples dans une attitude défensive et non pas dans le sens d’une affirmation de soi. Pourtant, nous voyons que ceux qui assurent une pérennité à leur langue et à leur culture sont ceux qui s’affirment vraiment pour ce qu’ils sont. Les exemples, au travers d’une actualité récente, nous viennent de ceux qui n’ont jamais renié leur identité et n’ont jamais fait de compromissions.

 

Les évènements qui se sont déroulés lors des derniers mois attestent  que la persévérance, la rigueur et la cohérence ont conduit à donner une légitimité aux Catalans et aux Corses dans leur avancée vers une souveraineté retrouvée. Le deuxième point à soulever est que l’action doit être globale et dans une volonté d’union de toutes les forces vives d’un pays. Si nous analysons la stratégie adoptée par les uns et par les autres, nous constatons que tant qu’il y avait des « chapelles » éparpillées (et tirant les unes et les autres dans des directions divergentes) le bout du tunnel était très loin. Du moment que tous ont fait taire ce qui les séparait (égos, volonté de monopole, folklore improductif, actions violentes…) et ont présenté un front commun autour d’un projet réaliste accepté par tous, les résultats ont suivi. Quand on sait que c’est par un acte politique (ne parlons pas de politique politicienne ici)  que la pratique de leur langue été enlevée à un bon nombre de peuples avec l’émergence des « états–nations », il nous paraît évident que ce sera un nouvel acte politique qui permettra de restaurer langue, culture et histoire des « patries charnelles »  dont celles-ci avaient été privées.

C’est aussi par un langage commun, facilement compréhensible par leur peuple, que les dirigeants de ces deux nations européennes précitées (Catalogne et Corse) ont pu obtenir une légitimité donnée par le peuple lors des dernières consultations (et en dépit de tous les obstacles mis en travers de leur route).

Si nous venons à l’exemple de notre pays niçois, il paraît évident que ce front commun n’existe pas et que nous ne sommes absolument pas maître de notre destin car toutes les décisions concernant notre langue, notre culture et notre histoire sont, in fine, dans les mains de l’état français qui est le plus centralisateur d’Europe et le plus conservateur de l’ordre établi. Tant que les Niçois, soucieux de la mise en valeur de leur patrimoine (langue, culture, histoire) et de l’affirmation de leur identité ne s’entendront pas pour constituer un front commun sur des valeurs qu’ils prétendent défendre aujourd’hui et ne constitueront pas une force de pression suffisante, l’avenir paraîtra bien sombre pour, en premier lieu, notre langue.

Dernièrement, une grave menace s’est fait jour sur la permanence de l’enseignement de la langue niçoise et nous avons été alerté de ce danger (la possible fermeture de la licence 3 d’Occitan de l’Université de Nice par le doyen de la faculté de lettre) et sollicité pour soutenir les actions menées pour sa défense. Ce que nous avons fait bien sûr, mais en mettant l’accent sur ce que je viens de développer ici. Il y a eu plusieurs actions menées par différentes officines (que nous vous livrons en annexes) mais elles ont été malheureusement  menées en ordre dispersé.

Vous pourrez lire les propos tenus par Gilles Siméoni, Président de la nouvelle collectivité territoriale de la Corse (un des acteurs, autonomiste, des derniers succès avec Guy Talamoni, l’indépendantiste) lorsqu’il a accordé un entretien à France Inter. Des propos plein de sagesse et d’espoir. L’exemple existe et il nous reste, nous niçois, à le suivre.

Annexe 1 : Communiqué de l’association des Professeurs de Langues Régionales

L’Association des Professeurs de Langues Régionales de l’Académie de Nice (APLR) réagit à l’actualité liée à la menace de fermeture de la Licence d’Occitan de l’Université de Nice ainsi qu’aux propos tenus par Monsieur le Doyen de la Faculté des Lettres dans l’édition du Nice-Matin d’aujourd’hui (lundi 4 décembre 2017, p.3).

– Si Monsieur Le Doyen déplore une « faiblesse remarquable du vivier d’étudiants de langue d’oc », nous regrettons qu’il n’ait pas évoqué sur ce sujet l’absence historique, ahurissante, contre-productive et néfaste de l’existence d’une Licence 1 et d’une Licence 2 occitan-langue d’oc (ou anciennement DEUG), années universitaires pourtant indispensables comme dans tout autre cursus afin de former dans des conditions acceptables des néo-bacheliers et de les conduire en Licence 3. L’absence historique de ces deux premières années du cursus universitaire est responsable du nombre restreint d’étudiants en Licence 3.

– L’Administration de la Faculté des Lettres qui aujourd’hui, fait savoir qu’elle ambitionne de fermer le cursus d’occitan-langue à l’Université de Nice pour cause de faible attractivité s’est quant à elle remarquablement comportée en n’accompagnant aucunement le développement d’un Département universitaire qui pendant quinze ans remplissait ses rangs et offrait un taux de professionnalisation proche des 100% après l’obtention de la licence par les étudiants et ce, nous le rappelons, malgré l’absence des deux premières années universitaires du cursus d’occitan. Cette même Administration de la Faculté a pris depuis 2012 des décisions remarquables qui ont eu pour unique but de saper le seul lien que La Licence 3 d’Occitan pouvait entretenir avec des Etudiants de Licence 1 et de Licence 2 d’autres cursus par le biais des Unités d’Enseignement Libre: fermeture de ces UEL décentralisées qui permettaient alors à des étudiants de tous les campus de l’Université de Nice de pouvoir recevoir un enseignement de langue et de culture régionales… puis fin de la possibilité qui était offerte aux étudiants de Psychologie, d’Info-Communication et de Langues Etrangères Appliquées, pourtant présents sur le campus de Lettres, d’assister à une Unité d’Enseignement  Libre d’Occitan (Niçois ou Provençal). L’Administration de la Faculté de lettres s’est ainsi rendue responsable du faible nombre d’étudiants qui aspirait à s’inscrire en Licence 3 d’Occitan-Langue d’Oc.

– D’autre part, lorsque nous lisons que le souci de Monsieur le Doyen est « d’offrir un débouché professionnel aux étudiants », problématique qui nous préoccupe également et que nous soutenons bien évidemment, nous réaffirmons qu’historiquement le Département de Langue d’Oc de l’Université de Nice a toujours assuré auprès de ses étudiants un taux de Professionnalisation proche des 100% et que de tous temps, les étudiants de Licence 3, malgré le manque de reconnaissance, de soutien et de possibilités offertes par l’Administration de la Faculté qui, force est de constater, n’avait alors que peu de considérations pour le niveau de professionnalisation de ces mêmes étudiants, ont tous persévéré dans cette voie ce qui leur a permis d’exercer leur métier d’aujourd’hui. Que dire alors de certains  Départements universitaires qui ne professionnalisent en fin de cursus que 5% des inscrits en début de cursus?

 

Annexe 2 : Lettre envoyée au Recteur par le Vice-président de l’AELR (Alliance Européenne des Langues Régionales)

             Nissa, lou 20 dou mès de decembre en lou 2017

 

 

 

                     Monsieur le Recteur de l’Académie de Nice

                     53 Avenue cap de Croix

                      06181 Nice

Monsieur le Recteur,

nous avons été alertés par l’annonce d’une possible fermeture de la « Licence d’Occitan de l’Université de Nice » qui était le seul diplôme délivré, par l’Université, à ceux qui voulaient pouvoir enseigner la langue Niçoise sur notre territoire.  Le cursus universitaire pour ces étudiants était déjà très incomplet puisqu’il n’y avait pas de licence 1 et licence 2  qui devaient mener à la licence 3 (seule existante), celle qui délivrait le diplôme (de ce fait les étudiants devaient passer par d’autres départements pour accéder à cette fameuse licence).  Nous remarquons que toutes les chances n’étaient pas données aux étudiants de l’Académie de Nice désirant obtenir cette licence à l’heure ou une charte pour les langues minoritaires aurait dû être ratifiée par les états de l’Union Européenne (la plupart -25 états- ont ratifié cette charte mais pas la France). Cette possible fermeture nous étonne d’autant plus que cette licence est celle qui obtient un taux de professionnalisation le plus important par rapport à la plupart des autres filières. Nous vous faisons, donc, part de notre désaccord le plus total à propos de cette annonce et de sa possible mise en place et vous prions de bien vouloir faire tout ce qui est en votre pouvoir pour préserver, et même renforcer, cette filière et cette licence afin que les étudiants de cette académie puissent être traités avec équité et avoir les mêmes droits que d’autres filières peut-être plus fréquentées en nombre mais débouchant de façon bien moins significative sur des emplois. Nous vous demandons de veiller à l’égalité des chances de tous les étudiants de l’Académie de Nice ainsi que de la préservation de la diversité culturelle qui ne peut qu’enrichir notre pays.

Je vous prie de croire, Monsieur le Recteur, en l’assurance de ma considération,

Docteur Robert-Marie MERCIER

Vice-président de l’Alliance Européenne des Langues Régionales pour le pays niçois

Annexe 3 : Entretien de Gilles Siméoni à France Inter

 

 

Gilles Simeoni, Président de la nouvelle collectivité territoriale de la Corse est l’invité de France Inter.

C’est une réforme avec des conséquences importantes (…) Au plan administratif, l’enjeu est de construire une institution moderne, une administration capable de faire rentrer la Corse dans le XXIe siècle
« Nous sommes dans une logique de respect de droit acquis », poursuit le nouveau président de la collectivité territoriale unique de Corse.
« La corse n’est pas une région administrative de droit commun (…)nous avons eu affaire a un système politique adossé au clanisme, au clientélisme, qui conduisait à la balkanisation de l’intérêt général ». Pour lui, « l’enjeu est d’avoir une administration de plein exercice avec la nécessité d’inventer de nouvelles formes de politiques publiques ».

La langue, question politique

Quelle langue utilisée dans cette nouvelle assemblée territoriale ? « Je parlerais à la fois en Corse et en Français, de manière apaisée, sans volonté de provocation. Nous souhaitons que la langue corse puisse être utilisée de façon naturelle, y compris dans les échanges publics (…) La question de la langue est toujours fondamentalement politique ».

Il s’agit de dire que la langue corse est l’âme de ce peuple

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