Tags
Articles liés
Partager
Nos Diables Bleus dans la tourmente…
Nos lecteurs se souviennent de l’article que j’avais consacré, il y a quelques mois, aux Diables Bleus dans le Comté de Nice, article qui marquait leur spécificité par rapport aux autres corps de troupe.
Ce corps d’élite avait une relation particulière avec notre Pays Niçois tant les hommes qui le composaient avaient un rapport privilégié avec nos montagnes dont, pour la plupart, ils étaient issus. Cette osmose avec leur pays s’est perpétuée au fil du temps, malgré la volonté farouche de la république française de formater les habitants des régions qu’elle administrait, habitants issus pour la plupart du monde paysan.
Lors de la « grande boucherie » de la guerre de 1914/1918, que l’on ose dire Grande, toute la population paysanne des pays européens fut mobilisée et ce conflit sonnera la fin du monde agricole. Ce conflit affectera considérablement notre pays Niçois qui paiera un lourd tribut à cette guerre civile européenne.
L’intérêt du Livre de Martine Arrigo-Schwartz réside dans le fait qu’elle raconte dette période tragique au travers de destins individuels de ces « nissarts » embourbés dans des tranchées loin de leur pays.
Il y aura plus de 4000 combattants tués issus de la ville de Nice ce qui laisse imaginer le nombre d’enfants du Comté qui ont perdu la vie dans un conflit qui les dépassait.
Il leur aura fallu du courage à ces enfants du pays pour supporter les conditions particulières de cette guerre dans des contrées qu’ils ne connaissaient pas, au milieu de populations qui leur étaient étrangères et avec le mépris que pouvaient avoir l’état-major français à leur égard. Le traitement dont fut l’objet le XV° corps (composé de soldats venus de chez nous) est assez symptomatique à cet égard. Ils furent accusés de défaitisme et de trahison pour masquer les défaillances du commandement suprême et, face à la première cuisante défaite des troupes françaises , le chauvinisme français avait besoin d’un bouc émissaire et ce furent , selon les paroles d’un historien français , « des français un peu moins français que les autres, à tout le moins, un peu particuliers » qui en firent les frais.
Cependant, on peut noter les réactions des adversaires allemands (qui les appelaient les « schwarze teufel« , les diables noirs) qui se traduisait par une admiration envers ces soldats venus d’ailleurs: « combattre les diables noirs, est un honneur pour le guerrier allemand« .
Si nous pouvions oublier les horreurs provoquées par la bêtise des hommes, nous pourrions, sûrement, admirer le comportement admirable de nos chasseurs alpins dans cette tourmente.
Au long des lignes, dans ce livre, nous vivons, au jour le jour, avec ces hommes que nous comprenons car ils sont d’ici et ont les mêmes réactions que nous eussions pu avoir à leur place. C’est par l’attachement à leur terre et à leurs montagnes, à leurs familles et à leurs villages, qu’ils ont pu surnager (et pour certains survivre). C’est par la petite histoire (souvent bien plus intéressante) que l’on peut comprendre celle que l’on appelle grande (sic).
Nous suivons le destin d’hommes qui ont compté dans la culture de notre Pays Niçois, qu’ils soient peintres, écrivains, photographes, illustrateurs ou autre. Nous sommes les seuls à pouvoir comprendre la réaction d’un soldat niçois refusant de tirer sur l’ennemi au prétexte qu’il parle notre langue (propos relatés par Francis Gag) : « et moi, je ne peux pas tirer sur quelqu’un qui parle niçois, même s’il est allemand » .