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Sorcières et Sorciers en Pays Niçois
De tous temps et en tous lieux, notre imaginaire a été peuplé de sorcières et de sorciers. Dans notre tendre enfance, quel enfant n’a pas été menacé, s’il n’était pas sage, de rencontrer la sorcière que l’on appelait pour lui ? Pourquoi cette vision négative des sorcières et des sorciers ?
Cela n’a pas toujours été le cas, car à l’époque de nos anciens Dieux, les sorcières pouvaient être très bénéfiques et protectrices. C’est l’apparition du christianisme en Europe qui a changé la donne, en diabolisant les sorcières. Même si, le catholicisme, syncrétisme entre paganisme et christianisme, rompt avec le christianisme des origines pour devenir une nouvelle religion européenne, dont le centre n’est plus Jérusalem mais Rome, tout en reprenant la structure formelle de l’ancienne religion (lieux de cultes, fêtes, culte de la Madone, culte des Saints locaux), il a engendré des changement dans l’inconscient collectif des habitants de ce continent. La nouvelle religion a apporté une charge négative à bien des symboles qui étaient perçu de façon positive par nos anciens: la sorcellerie et les symboles associés à la religion naturelle comme les chouettes par exemple.
C’est pourquoi, nous avons reçu la publication d’un livre sur l’histoire de la sorcellerie à Ilonse en Tinée (sous titre du livre de Pascal Colleta: Esba) comme une résurgence de notre plus lointain passé et une invitation à le redécouvrir. C’est ce que nous avons fait en dévorant ce livre qui nous a, quelque part, replongé en enfance.
De prime abord, il faut souligner l’originalité d’une telle œuvre qui présente la particularité d’être écrite en trois langue: la langue d’origine dans la quelle ces histoires de sorcières se sont transmises par l’oralité, le gavouòt , la langue de nos montagnes, le nissart, langue parlée par les gens d’en bas (li gent d’avau) et le français, la langue qui a été imposé à la grande majorité des habitants de ce pays « nissart ». La démarche est très intéressante à plus d’un titre et particulièrement sur le plan pédagogique pour ceux qui aimeraient apprendre notre langue. Nous avons, d’ailleurs, parfois découvert quelques expressions oubliées au détour d’une phrase.
Nous nous sommes laissé entrainer dans ces mondes parallèles dans lesquels vivent tous ces personnages mais doués de pouvoirs surnaturels et pourtant tellement humains, et, au moment où la journée s’achève et que tombe l’obscurité, nous avons vécu avec ces habitants de la Tinée. Nous avons retrouvé, auprès d’eux, la vie rude et laborieuse des paysans d’en haut en parcourant les lignes de cet ouvrage captivant. Nous avons voyagé loin de ce monde moderne purement matérialiste et cartésien sous la plume des auteurs . Car, nous avons eu le plaisir de retrouver trois figure de notre culture locale, Pascal Colletta, bien sûr, qui nous a conté ces histoires dans le gavouòt de sa vallée et de son village et en a fait la transcription en français, Jérémie Marçais, notre professeur de langue nissarde à l’école bilingue des Orangers à Nice qui en fait la « revirada » en nissart et Louis Pastorelli, notre « Gigi de Nissa » qui a si bien su illustrer tous ces contes d’en haut.
C’est un ouvrage à mettre entre toutes les mains de ceux qui veulent découvrir, en profondeur, notre culture et que, chaque famille nissarde se doit d’avoir dans sa bibliothèque.
Esba, histoires de sorcellerie à Ilonse en Tinée. par Pascal Colletta, adapté en niçois par Jérémie Marçais et illustré par Louis Pastorelli. Préface de Jean Luc Domenge. Aux éditions « Baies des Anges ». Prix public: 14.90 €. www.baiedesanges-editions.com