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Enquête en Pays Niçois
Tout bon niçois qui se respecte connait depuis son enfance ce jeu de carte bien d’ici qu’est le vitou. Un jeu dans le quel il faut savoir cacher son jeu, avancer ses cartes l’une après l’autre, dans lequel il est bon de bluffer voire de mentir. Notre « poker Niçois » est ainsi fait. Un jeu de stratégie subtil.
Quoi de plus ressemblant à ce jeu que la politique internationale et les intérêts cachés qu’elle véhicule. Bien souvent, les intérêts en jeu sont tels que les individus ne sont que des cartes à jouer ou à abattre, selon l’humeur de ceux qui les manipulent ou les circonstances. Alors quel rapport entre un cercueil et un jeu de carte ?
Le livre que je viens de terminer « Atahut per un vitou » (‘Cercueil pour un vitou) s’appuie sur cette analogie entre notre bon vieux jeu de cartes et les méandres de la géopolitique contemporaine. Un polar bien mené, dont l’action se déroule dans notre bon vieux Comté de Nice, qui, ne l’oublions pas, a longtemps été un lieu de convergence de plusieurs nationalités venant passer leur hiver au soleil.
Il n’est donc pas étonnant que l’auteur de ce roman policier, Jean Marc Fonseca, ait situé les péripéties de ses héros dans notre pays.
D’entrée, l’auteur nous met dans le bain: Hôtel des Postes, Hôpital Saint Roch… Nous sommes bien chez nous, dans des lieux familiers ce qui aura pour effet de nous entrainer dans le roman comme si nous en étions un des acteurs. Nous allons suivre pas à pas les protagonistes de cette histoire en commençant pas le commissariat Foch puis le Palais de Justice, l’Ariane et bien d’autres quartier de Nice pour finir par aller dans le haut pays. Cela a pour effet, bien qu’il s’agisse d’une œuvre de fiction (c’est bien précisé en préambule), de donner l’impression à tout lecteur niçois qu’il s’agit de la réalité (quand bien même le fil serait ténu entre fiction et réalité).
Je dois dire que l’intrigue est fort bien menée tout au long du livre. Elle monte même en puissance avec cette facilité qu’a l’écrivain de faire dérouler le fil de l’histoire avec une multitude de rebondissements, le tout parsemé de fausses pistes. C’est assurément un bon polar qui se lit avec envie et facilité (cela dit, il ne faut pas perdre le fil, car nombreux sont les personnages qui se croisent au fur et à mesure de l’enquête).
A cet égard, nous avons retrouvé avec plaisir le commissaire Perruti et son équipe, que nous avions connu précédemment dans un roman policier du même auteur, « Les Cinq Yeux de l’Abeille », roman qui, bien que se déroulant à Nice et dans le haut-pays, traitait d’affaires criminelles à une plus grande échelle, mettant en jeu des intérêts planétaires.
Connaissant l’équipe du commissaire Perruti, nous sommes forcément en terrain connu et plus aptes à nous impliquer dans cette enquête. (Il est à souhaiter que la même équipe puisse nous faire vivre d’autres aventures dans le futur).
Mais, il n’y a pas que cela qui nous captive dans ce livre parce qu’au delà de l’enquête policière, l’auteur a truffé son livre de points de repères nombreux que tout niçois peut reconnaitre. Ne serait ce que toutes ces expressions en « lenga nouòstra » qu’il met dans la bouche de ses personnages et, cerise sur le gâteau, au détour d’une page, vous pourrez même trouver des recettes de cuisine bien de chez nous qui vous sont révélées dans ce livre.
C’est un livre que tout Nissart dévorera (et particulièrement ceux de la diaspora nissarde, qui, éloignés de leur terre, pourront en lisant « Atahut per un vitou » se promener à Nice et dans le Comté). Mais, également, pour les non-niçois, ce livre peut leur permettre de découvrir le Pays Niçois (et peut-être leur donner l’envie de venir le découvrir).
Une petite critique cependant: il est dommage que la maison d’édition choisie n’ait pas de relecteurs à la hauteur, car il y a quand même pas mal de coquilles par ci , par là. Cela ne gêne en rien la lecture de ce roman policier fort bien écrit par ailleurs.
En attendant la suite…