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Quelle Europe pour les territoires enracinés ?
Un des paradoxes du territoire de l’ancien Comté de Nice est de n’avoir jamais trouvé sa place depuis l’annexion frauduleuse de 1860, il y a 154 ans, au sein de l’hexagone. Mais, il semblerait que d’autres territoires à forte identité historique soient dans le même cas.
Si nous considérons que tous ces territoires ont eu une Histoire bien avant leur incorporation à l’état français, que cette Histoire est intimement liée à celle du continent européen et que leur « appartenance » (sic) à la nation française ne s’est pas faite par adhésion mais bien par conquête armée ou par annexion, on comprend mieux que leur attachement à l’Europe est plus fort que leur attachement à la France. Bien sûr, quand je dis « Europe » je ne parle pas de ce « machin » qu’est l’Union Européenne dont le nom même prête à rire.
L’Europe et l’Empire:
Si nous prenons l’exemple du Pays Niçois, son Histoire commence bien avant que la France n’existât. Et, assez rapidement elle va se confondre avec l’Histoire de l’Europe. Nous avons été une des Provinces de l’Empire Romain (Cemenelum capitale de cette Province et Nikaia, citée rattachée à l’administration impériale Romaine) avant que celui-ci ne disparaisse, sans pour autant que notre ville et son territoire subissent le même sort. Nous intègrerons l’Empire de Charlemagne, la Lotharingie, les Etats de Bourgogne et in-fine, le Saint Empire Romain Germanique. Nous voyons bien que l’Histoire de notre pays se confond avec celle de l’Europe pendant des siècles. Je dirai même mieux, notre Pays Niçois a constamment été une terre d’Empire.
Ceci a son importance, car les structures qui définissent l’Empire (tout au moins au sens originel du terme) sont des garants de nos libertés (à l’opposé de bien d’autres formes d’organisations d’états). A l’origine, l’empire veut désigner une forme de communauté politique unissant des peuples différents autour d’un pouvoir central unique. La notion d’Empire nous ramène, jusqu’à la fin du XIXe siècle, à l’idée d’une structure fédérale couvrant un grand ensemble sur le modèle de l’Empire romain et de ce qui en découlait, la Pax Romana. Nous retrouvons cette idée forte dans le domaine de la philosophie politique, à travers Dante, Vico, Machiavel et Kant, chez qui la notion d’Empire est vue comme la façon d’assurer la paix. Le mot empire vient du latin imperium, un mot désignant, à Rome, le pouvoir des consuls, puis, par la suite, la structure politique de l’Empire romain, fondé en 31 avant J.-C.. Pendant les siècles qui suivirent, le terme d’Empire ne s’appliquera qu’aux États se considérant comme les héritiers de l’Empire romain, comme l’Empire Byzantin, l’Empire Carolingien, le Saint-Empire romain germanique voire l’Empire russe.
La rupture avec l’Empire…l’Impérialisme:
Avec la découverte du Nouveau Monde nous assistons à une rupture fondamentale avec l’ancien système. La conquête de nouveaux territoires va être l’occasion pour de nombreux pays européens de s’embarquer dans un programme impérialiste d’un type nouveau, la colonisation. Il n’y a plus un élément fédérateur, l’Empereur, qui garantit la liberté (dans le domaines culturels et religieux et souvent dans l’organisation politique) de chacun des territoires liés à l’Empire. Avec le nouveau modèle (qui fut d’ailleurs testé, auparavant, dans l’Ancien Monde aux Îles Canaries et en Irlande, les territoires nouvellement conquis devenaient, de droit, subordonnés à l’État impérial (devenant de ce fait un état centralisateur) , plutôt que de facto comme dans les premiers empires. Cela va conduire à des ressentiments exacerbés dans les colonies, et, portant en soi le germe de sa propre destruction, par voie de conséquence, au déclin de ce système dès le XVIIIe siècle sur le continent Américain et jusqu’à la fin du XXe siècle pour les autres pays. Le modèle impérialiste européen a, également, induit des découpages géographiques arbitraires qui ne tenaient pas compte des peuples et de leur Histoire. La puissance impérialiste ayant tendance à découper les territoires suivant ses convenances, plutôt qu’en fonction des particularismes des populations (identité, langue, Histoire, culture). Prenons un exemple: le découpage qui fut mis en place entre l’Irak et le Koweït semble plus avoir correspondu aux intérêts pétroliers des états impérialistes, qu’à des raisons historiques ou ethniques. De la même façon, l’Afrique souffre encore du décalage entre les frontières étatiques héritées de la période coloniale et les frontières ethniques, généralement beaucoup plus anciennes. Ce décalage a eu des effets très pervers qui sont, aujourd’hui, largement exploités par les anciennes puissances coloniales.
La décolonisation en Europe:
Nous allons prendre quelques exemples. En premier celui d’un peuple qui s’est affranchi de l’occupation d’une autre nation, puis de deux autres en marche vers leur liberté. L’Irlande (en irlandais Éire et en anglais Ireland), aussi connue sous le nom de République d’Irlande (en irlandais Poblacht na hÉireann et en anglais Republic of Ireland). C’est un pays d’Europe, devenu une république qui s’étend sur les 26 des 32 comtés historiques de l’ile qu’elle partage avec la zone occupée, l’Irlande du Nord (en fait, les six comtés restants, faisant partie du Royaume-Uni.), restée sous administration anglaise. Cette république d’Irlande revendique fondamentalement son identité celtique, sur le plan culturel: elle est considérée comme l’une des six « nations celtiques » à notre époque. Ces nations celtiques, considérées comme Celtes par la Ligue celtique, le Congrès celtique et les autres organisations panceltiques, sont l’Irlande (Eire dont la langue est le Gaeilge), l’Ecosse (Alba dont la langue est le Gàidhilg), l’Ile de Man (Ellan Vanin dont la langue est l’Yn Ghaelg), le Pays de Galles (Cymru dont la langue est Cymraeg), la Cornouailles (Kernow dont la langue est le Kernewek) et la Bretagne (Breizh dont la langue est le Brezhoneg).
Le symbole officiel du pays est la harpe celtique, qui figure sur les pièces de monnaie actuelles (mais le trèfle irlandais est souvent utilisé comme autre symbole, notamment par l’équipe irlandaise de rugby). C’est vers – 500 que les Celtes font leur apparition en Irlande et leur civilisation sur l’île va durer près de mille ans. Leur arrivée s’est faite par deux routes différentes: l’actuelle Grande-Bretagne et l’Espagne. N’oublions pas que les Celtes se sont répandus dans toute l’Europe (puisqu’aussi bien, on les a vu arriver chez nous, en Pays Niçois, par la Roya). La mythologie celtique a d’ailleurs conservé le souvenir de cette origine espagnole puisque, selon le Lebor Gabála Érenn (Livre des Conquêtes d’Irlande), les Milesiens (c’est-à-dire les Gaèls) sont dits fils de Míl Espáine. Avant l’introduction de la civilisation de La Tène (second âge du fer), l’histoire d’Erin est largement mythique. cette civilisation Celte va prospérer pendant mille ans avant que l’ile ne soit soumise à l’occupation des Vickings…
Un peu plus tard, Brian Boru va triompher à la bataille de Clontarf, en 1014, et l’Irlande va connaître une brève période d’indépendance. La conquête anglaise va se faire à la fin du XII° siècle…d’abord à l’ouest de l’île, puis en 1494, sur toute l’île. En 1541, Henri VIII prend le titre de roi d’Irlande. La colonisation par les confiscations de terres se développe alors. Une grande révolte éclate en 1641, brisée par Oliver Cromwell en 1649 (massacres de Drogheda et Wexford). Les Irlandais ont profité de la première révolution anglaise pour tenter de retrouver leur indépendance. Mais la république est pire que la royauté et Cromwell débarque à Dublin (durant l’été 1649) avec ses soldats, les « Côtes de Fer » et organise un véritable massacre. Selon les sources, entre le tiers et la moitié de la population de l’île est massacrée. Après sa défaite, l’Irlande est soumise à l’autorité et aux lois de l’Angleterre et les terres du nord du pays sont confisquées et attribuées à des colons venus d’Écosse et d’Angleterre. Jacques II, roi catholique chassé du trône de l’Angleterre protestante, tente de reprendre pied en Irlande et y est défait à la bataille de la Boyne (1690), le sort de l’Irlande s’aggrave encore. En 1695, Guillaume III promulgue des « lois pénales » anticatholiques. Un nouveau soulèvement a lieu en 1798, prenant exemple dans l’émancipation des États-Unis et du soulèvement du peuple lors de la Révolution française (il est glorifié par la chanson The Wind That Shakes the Barley). Une éphémère République de Connaught a été proclamé, par John Moore, après la Bataille de Castlebar, dont il deviendra le président. La répression est terrible et le 1er août 1800, en réaction, la Grande-Bretagne proclame un « acte d’union » unissant totalement l’Irlande au Royaume-Uni. Le XIXe siècle est marqué par une émigration massive des Irlandais (plusieurs millions) en direction de l’Amérique du Nord, émigration accrue par les conséquences de la terrible famine qui sévit en Irlande entre 1846 et 1848. Cette famine est d’ailleurs l’objet de controverses, les nationalistes irlandais considérant que la couronne britannique laissa délibérément les Irlandais mourir de faim. Mais à la fin du XIXe siècle, le mouvement pour l’indépendance reprend de la force, les élus irlandais au parlement britannique s’en font l’écho. Une suite de réformes agraires commence à restituer des terres aux Irlandais. En 1905, le Sinn Féin indépendantiste est fondé. De son côté, James Connolly fonde le premier journal socialiste irlandais : Workers’ Republic. Des syndicats irlandais se développent. En 1914, le « Home Rule » est voté, donnant une autonomie relative à l’île. Néanmoins le pouvoir suspensif de la Chambre des Lords puis le déclenchement de la Première Guerre mondiale l’empêcheront d’être mis en œuvre. Durant la guerre, en 1916, sous la direction de l’Irish Republican Brotherhood, du Sinn Féin et de l’Irish Citizen Army de James Connolly, éclate l’insurrection de Pâques 1916 à Dublin, qui proclame la République au nom de Dieu et des générations disparues. Elle est écrasée au bout d’une semaine. Mais le Sinn Féin en retire une popularité accrue : il remporte triomphalement les élections de décembre 1918, constitue un parlement irlandais (le Dáil Éireann) et proclame l’indépendance. Le pouvoir britannique dissout le parlement. Un nouveau soulèvement éclate, qui va durer trois ans. Le 6 décembre 1921, des négociations entre le gouvernement britannique et les dirigeants nationalistes irlandais aboutissent au traité de Londres, qui fait de l’Irlande, amputée des deux tiers de l’Ulster, un dominion au sein de l’empire britannique, l’Irish free state, qui se dota d’une constitution en octobre 1922. En fait, la partition de l’île s’est faite sur des critères économiques. L’est de l’Ulster était la région la plus développée à l’époque. C’est pourquoi six des neuf comtés de l’Ulster restèrent britanniques dont deux avec une faible majorité catholique. Ce traité fut ratifié de peu par le Dáil Éireann en décembre 1921, mais fut rejeté par une large majorité de la population. Cela entraîna la guerre civile d’Irlande qui dura jusqu’en 1923, opposant les adeptes d’une poursuite de la lutte pour obtenir l’indépendance complète de l’île et les partisans du compromis de 1921. Depuis, l’Irlande, s’est détaché de l’empire britannique et est devenue membre de l’Union européenne depuis 1973.
D’autres nations celtes existent en Europe, sans pour autant, être, pour le moment, indépendantes.
Nous pensons à l’Ecosse, dont nous allons parler à la suite, de la Bretagne, de l’Ile de Man, de la Cornouailles, du Pays de Galles mais aussi des communautés existantes en Espagne et dans les Alpes. Je veux parler, ici, de la Galice et du Val d’Aoste. Une bonne partie du peuple de la Galice, des Asturies et de la Cantabrie fait, régulièrement, référence à son passé celtique antique ou du début du Moyen Âge, bien qu’ils ne possèdent aucune langue celtique vivante ou morte, inscrite dans une littérature ou une documentation. Les habitants et les dirigeants aiment se présenter comme habitant un pays celtique et, dans certains événements comme le Festival inter celtique de Lorient, leurs représentants sont accueillis comme tels. Le club de football emblématique de la région s’appelle le Celta Vigo. En Italie, les habitants de la Vallée d’Aoste, les Valdôtains francophones et locuteurs du franco-provençal valdôtain se réclament également d’un héritage celtique en raison de l’origine celtique des Salasses, les anciens habitants de la Vallée ayant résisté aux Romains qui ne les ont soumis que partiellement sous Auguste (dont vient le nom d’Augusta Prætoria Salassorum, aujourd’hui Aoste). Quelques expressions indiscutablement celtiques (gauloises), telles que Blétsé (traire les vaches), Berrio (pierre), Modze (génisse), Bren (son de la farine), Verna (aulne), Breuill (plan lacustre alpin marécageux), Baou (étable) ont été conservées dans le franco-provençal valdôtain actuel. Pour célébrer son héritage celtique, la région autonome Vallée d’Aoste organise chaque année un festival appelé Festival Celtica.
Revenons à l’Écosse, une nation en marche vers son indépendance. L’Ecosse, nommée Scotland en anglais et Alba en gaélique écossais, est une des quatre nations constitutives du Royaume-Uni et l’une des six nations celtiques. Occupant le nord de la Grande-Bretagne, elle est également constituée par un ensemble de petits archipels parmi lesquels les Hébrides, les Orcades ou les Shetland. La capitale est Édimbourg, la religion se partage entre presbytérien écossais et catholiques mais nombre d’Écossais sont athées. La langue officielle est l’anglais mais deux langues régionales sont reconnues : le gaélique écossais et le Scot. Politiquement, l’Écosse est marquée par un fort mouvement indépendantiste. Après les élections législatives de 2007, le Parti national écossais (SNP) a formé le premier gouvernement indépendantiste (mais minoritaire) de l’histoire de l’Écosse. Lors des élections du 5 mai 2011, le SNP obtient la majorité absolue des sièges (69 sur 129) et, le 15 octobre 2012, le premier ministre David Cameron a signé un accord portant sur l’organisation en 2014 d’un référendum sur l’indépendance de l’Écosse. Un bref rappel historique: en 1603, le roi Jacques VI d’Écosse devint également Jacques Ier d’Angleterre et d’Irlande, en 1701, le parlement de Londres régla la succession au trône d’Angleterre en faveur de la maison de Hanovre, mais le parlement écossais menaça pour un temps de faire un choix différent, peut-être en faveur du fils du roi déchu Jacques II, « Jacques III et VIII », ami du roi de France, qui pouvait prétendre aux trois trônes, mais après de longues négociations, le Traité d’Union fut signé et le « Royaume-Uni de Grande-Bretagne » vit le jour en 1707. Cependant, l’idée d’indépendance fut toujours présente dans l’Histoire de l’Ecosse. La bataille de Culloden de 1746 a entre-temps marqué l’échec du quatrième des débarquements royalistes en Écosse, après ceux de 1692, 1708, et 1715. Les espoirs de restauration de la lignée des Stuarts vont alors s’éteindre. Le mode de vie traditionnel des Highlanders (les clans, les tartans et même la cornemuse) sera quant à lui interdit pendant longtemps. Un Parlement écossais sera ensuite, en 1998, instauré par le « Scotland Act », adopté par le parlement britannique. Un référendum avait été organisé auparavant, en septembre 1997 et une large majorité s’était prononcée en faveur de la création d’un parlement. Ce sera le premier parlement écossais depuis 1707, composé de 128 députés. Les premières élections du parlement écossais vont être organisées le 6 mai 1999. La première séance du parlement a lieu le 12 mai 1999. Des élections ont eu lieu ensuite en 2003. Le parti travailliste était alors le plus grand parti (29,3 % et 50 sièges) manquant de peu la majorité. Avec l’appui des Libéraux (11,8 % et 17 députés) du Scottish Liberal Democratic Party, les travaillistes formaient, alors, le Scottish Executive, c’est-à-dire le gouvernement d’Écosse. Dans ce premier gouvernement, il y avait une présence non négligeable d’élus indépendantistes du SNP (20,9 % et 27 sièges) (Scottish National Party, centre gauche, qui était, en fait, le deuxième parti du parlement), des socialistes indépendantistes (6,9 % et 6 députés) répartis entre le SSP (Parti socialiste écossais) et Solidarité et des écologistes indépendantistes du Parti vert écossais (6,7 % et 7 sièges). Les conservateurs unionistes, dont le Scottish Conservative and Unionist Party, de droite, qui s’opposaient à la création du Parlement, n’avaient plus que quelques élus (15,5 % et 18 sièges). Les élections du jeudi 3 mai 2007 donnèrent l’avantage au SNP, qui devança d’un siège le parti travailliste (47 sièges pour le SNP, 46 pour le parti travailliste). Les conservateurs et les démocrates gardant à peu près le même nombre de sièges, tandis que les verts et autres petits partis étaient éliminés. Depuis la création du SNP, c’était la première fois que ce parti indépendantiste devenait le parti le plus important à l’Assemblée écossaise. Cependant, n’ayant pas la moitié des sièges, il format un gouvernement minoritaire, dirigé par Alex Salmond. Enfin, lors des dernières élections du 5 mai 2011, le SNP obtient la majorité absolue des sièges (69 sur 129). Le Premier ministre actuel, Alex Salmond, a d’ores et déjà promis l’organisation d’un référendum sur l’indépendance pour le 18 septembre 2014, à l’issue des jeux du Commonwealth qui auront lieu en Écosse. Les sondages montrent toutefois qu’environ 40% des écossais sont contre l’indépendance, et environ 35% sont pour, avec, toutefois, un nombre d’indécis qui reste relativement important. Le processus vers l’indépendance est donc lancé en Ecosse.
Un autre pays, une autre nation sans état, la Catalogne veut suivre le même chemin. La Catalogne, (en catalan : Catalunya, en espagnol : Cataluña) est une communauté autonome et une région historique de la péninsule ibérique. Depuis le 19 juin 2006, elle est définie comme « réalité nationale » par son statut d’autonomie, mais le préambule du même statut définit la Catalogne comme une nation. Elle est située au nord-est de la péninsule Ibérique et a pour capitale Barcelone. Administrativement, la communauté autonome de Catalogne actuelle est divisée en 41 comarques, regroupées en quatre provinces d’Espagne : Barcelone, Gérone (Girona), Lleida et Tarragone (Tarragona). Sa capitale est Barcelone et sa langue officielle, le catalan. Comté de l’empire carolingien depuis la conquête par Charlemagne (801), la Catalogne naît au IXe siècle. Sa langue, le catalan, très proche au Moyen Âge des autres langues d’oc, se développe à partir du IXe siècle. Le « père fondateur » de la Catalogne serait Guifred le Velu, nommé comte de Barcelone en 878 au Concile de Troyes. Guifred le Velu est l’ancêtre de la dynastie de Barcelone, qui construit peu à peu l’État catalan autour du comté de Barcelone, notamment en rejetant la suzeraineté des rois francs. En 1133, le comte de Barcelone épouse l’héritière du royaume d’Aragon. À ce moment naît la couronne d’Aragon qui développe un mode d’administration original, très décentralisé pour répondre aux fortes différences tant politiques qu’économiques et linguistiques des deux parties de la Couronne. Ces rois d’Aragon deviendront, de fait, Comtes de Provence. ce n’est qu’en 1176 que le Pays Niçois réintègrera la Provence, Alphonse I° d’Aragon ayant enfin reconnu les droits et privilèges des niçois. La Catalogne va décliner à la mort du roi Martin Ier d’Aragon, en 1410, dernier souverain de la maison de Barcelone, mort sans héritier. Pendant trois siècles, les Catalans se rebellent à de nombreuses reprises pour défendre leurs droits face à un pouvoir castillan de plus en plus expansionniste et cherchent à échapper à l’effort militaire de l’empire espagnol. Après plusieurs soulèvement réprimés par les Castillans, éclate en 1640 la révolte des Faucheurs (Segadors). Les Catalans s’opposent au très centralisateur ministre Olivares qui veut supprimer leurs privilèges locaux pour les faire participer à l’effort de guerre. Les Catalans révoltés proclament dans un premier temps une république catalane, puis font appel à Louis XIII, proclamé comte de Barcelone. Par le traité des Pyrénées son fils Louis XIV conclut avec le roi d’Espagne une partition de la Catalogne. Le Roussillon, le Vallespir, le Conflent et le nord de la Cerdagne rejoignent le royaume de France. Els Segadors (Le chant des Faucheurs) est l’hymne officiel catalan. Après plusieurs occupations françaises et la mise sous éteignoir du régime franquiste, avec le retour de la démocratie, la Généralité de Catalogne (Generalitat de Catalunya) est rétablie en 1978 avec retour d’exil de son président Josep Tarradellas. Celui-ci occupe le poste en intérim jusqu’aux élections de 1980, qui voient Jordi Pujol, souverainiste catalan de centre-droit, plusieurs fois emprisonné sous la dictature franquiste, être élu président de la Généralité. Il occupera ce poste pendant six mandats consécutifs. Le statut d’autonomie de 1979 et l’actuel, approuvé en 2006, déclarent que la Catalogne, en tant que « nationalité » d’Espagne, exerce son auto-gouvernance comme une communauté autonome, conformément à la Constitution et au statut d’autonomie de la Catalogne, qui est un droit institutionnel de base. Le préambule de 2006 sur le statut d’autonomie affirme que le Parlement a défini la Catalogne comme une nation, mais que la Constitution espagnole reconnaît la Catalogne comme une réalité nationale. Le préambule n’a pas de valeur juridique, donc le statut est le même que ce qu’il était en 1979, c’est-à-dire une communauté autonome. Bien que ce statut ait été approuvé à la fois par le Parlement catalan et par le Parlement espagnol et, plus tard, par un référendum en Catalogne, il a été juridiquement contesté par les Communautés autonomes environnantes de l’Aragon, des îles Baléares et par la Communauté valenciane , ainsi que par le Partido Popular . Les objections sont fondées sur divers aspects tels que le patrimoine culturel et le principe de « solidarité entre les régions ». En novembre 2008, le tribunal constitutionnel est chargé d’évaluer la constitutionnalité des articles en cause. Le 10 juillet 2010, elle récuse les nouveaux statuts comme non conformes à la constitution sur plusieurs points tels que les notions de nation, de justice autonome et la fiscalité. Cette décision va entraîner une manifestation monstre, à Barcelone, rassemblant plus d’un million de personnes le lendemain. Artur Mas devient, en 2010, le 129e président du gouvernement de la Catalogne, la Généralité de Catalogne, à la tête de Convergence et Union, une coalition de deux partis de centre-droite. Il a remplacé José Montilla, Président de 2006 à 2010. Aux élections du 25 novembre 2012, Artur Mas est réélu dans des élections avancées, son parti CiU se proclama vainqueur mais avec une perte des voix considérable. Le nouveau gouvernement catalan déclarant son intention de partir dans une ligne sécessionniste en faisant une alliance de circonstance avec ERC, parti de gauche républicaine (certaines de ces thèses plutôt proches de l’extrême gauche), contrairement à CiU de droite et chrétien-démocrate . La date et le texte précis de la consultation ont été annoncés par le président de la Généralité de Catalogne Artur Mas le 12 décembre 2013, avec le soutien des groupes parlementaires de Convergència i Unió, Esquerra Republicana de Catalunya, Iniciativa per Catalunya Verds – Esquerra Unida i Alternativa et Candidatura d’Unitat Popular, groupes qui représentent 87 des 135 députés du parlement de Catalogne. Le référendum sur l’autodétermination de la Catalogne est un référendum sur l’indépendance de la Catalogne qui doit être organisé le 9 novembre 2014. Le référendum est une question qui se scinde en deux parties : « Voulez-vous que la Catalogne devienne un État ? En cas de réponse affirmative, voulez-vous que cet État soit indépendant ? »
Avec ces trois exemples, nous avons vu des processus de marches vers l’indépendance dont les stratégies ont été différentes, avec une nation Irlandaise qui est indépendante aujourd’hui (quoiqu’amputée d’une partie de son territoire) et deux autres nations qui ont choisi leur propre voie pour récupérer leur souveraineté. Mais, en Europe, il reste un bon nombre de territoires qui contestent la présence d’une administration et de lois venues d’un pays considéré comme occupant.