Aqui voulen parlà Nissart (Ici nous voulons parler Niçois)

Sommes nous en train d’apercevoir le bout du tunnel ? Une bataille a été gagnée mais la guerre est loin d’être finie. C’est pourquoi nous sommes allé à la rencontre de Fanny Peretti qui a porté ce projet d’école bilingue à bout de bras. Mais, auparavant, un peu d’histoire.

Cela fait des années que la bataille pour la création d’une classe bilingue à Nice a été lancée. Cela fait des années que les niçois souhaitent se réapproprier leur langue dont ils ont été privés pendant de nombreuses décennies. Cela fait des années que les jeunes Niçois ne peuvent entendre leur langue parlée à la maison ou à l’école.

Les jeunes veulent parler Nissart
Vouòli parlà Nissart

Pendant des siècles, le peuple du Pays Niçois a parlé la langue qu’il entendait parler tous les jours à la maison par les parents et les grands-parents. Bien sûr,  d’autres langues furent introduites dans le Comté, au cours de l’histoire, comme le Français et l’Italien. Cela n’empêcha en rien les populations autochtones de continuer à parler la langue de  leurs ancêtres.

Les Niçois très attachés à leurs libertés, ont toujours été fidèles aux seigneurs qui s’engageaient à préserver leurs droits et privilèges et qui respectaient leur parole. Pour ne pas remonter à la nuit des temps, il faut convenir que le Pays Niçois, qui fut essentiellement, au cours de son histoire, terre d’Empire, a été habitué à conserver sa langue et sa culture fussent elles différentes de celles de leur souverain (c’est d’ailleurs le propre du modèle impérial que de veiller à ne pas imposer un modèle centralisé). Depuis le Moyen-âge, cet usage resta loi tant sous les Comtes de Provence de la Maison d’Aragon, que sous le règne des premiers « Anjou » jusqu’à la reine Jeanne…jusqu’à ce que les Niçois, voyant ce qui était arrivé aux terres du Sud de la France après leur annexion suite à la croisade des Albigeois et à la volonté politique d’expansion du royaume de france, ne choisissent de se placer sous la protection de la Maison de Savoie au sein du Saint Empire Romain germanique, ce qui leur permit de conserver leurs libertés, leur culture et leur langue (Nissart et Gavouot). Et, si le peuple du Comté de Nice résistât longtemps aux assauts de la France (incursions des rois de France, invasion par la république française puis l’Empire), il ne put empêcher la forfaiture de 1860 avec l’annexion de son territoire par l’état français.

Le jeu de dupes
Le jeu de dupes

Nous allons voir que cela ne sera pas sans conséquences sur le mode de vie de nos compatriotes. Car, alors qu’ils vivaient dans un pays sous la forme d’une confédération de communes libres en pratiquant la langue locale (même dans le Comté, les différents « parlers » étaient préservés), le pays annexant pratiquait une politique toute différente voire opposée. Le petit pré-carré du départ, pour assoir son expansion à force de conquêtes, d’invasion, d’occupation, d’annexion, se forgea un état centralisé avec un pouvoir absolu. Déjà, François I°, par la promulgation de l’ordonnance  de Villers-Cotterêts en 1539 fait du français la langue officielle parlée dans tout son royaume.  

Ensuite, ce sera la révolution française, sous l’action du funeste Abbé Grégoire, qui reprendra à son compte cette politique en l’accentuant (dès août 1790, l’abbé Grégoire, membre de la Constituante, lance une importante enquête sur l’utilisation des patois en France. Puis, à partir de 1793, pendant la Convention, au sein du Comité d’instruction publique où il se montre très actif, il lutte pour l’éradication de ces patois.): Le décret du 2 Thermidor An II (juillet 1794) impose le français comme seule langue de toute l’administration, et les révolutionnaires font pression pour imposer le français et s’opposer aux langues autochtones nommées patois ou idiomes féodaux.

Recouvrer sa dignité
Una vergougna !

Il faudra ensuite attendre la chute du second Empire pour voir la troisième république  mettre en place une instruction primaire obligatoire, laïque et gratuite pour tous avec par Jules Ferry en charge de l’Instruction publique de début 1879 à fin 1883 afin de permettre d’imposer le français sur tout le territoire. Cette volonté nationaliste d’instaurer une langue unique à l’ensemble du territoire, concerne également tout l’empire colonial français dont Ferry sera un des grands défenseurs.

Jules Ferry
Jules Ferry

C’st ce même Ferry qui lancera ses « hussards noirs de la république » à l’assaut de tous les territoires de l’hexagone ne parlant qu’une langue enracinée et pas le français. Tous les moyens seront utilisés. Il y eut bien sûr des débats au sein du corps enseignant sur les méthodes à utiliser mais le pouvoir politique avait pour but d’éradiquer ces langues autochtones pour imposer la langue unique. Un exemple nous est fourni par la méthode que l’inspecteur Carré propose aux instituteurs de reproduire au sein de leurs classes: utiliser les conditions dans lesquelles l’enfant a appris à parler sa langue maternelle à la maison, d’où l’appellation de « méthode maternelle »sous laquelle est également connue la méthode directe. Le maître doit procéder de la même manière que la mère de famille qui, pour apprendreà parler à son bébé, va directement de l’objet au mot l’exprimant sans passer par un quelconque intermédiaire. Ainsi, le recours à la langue maternelle de l’apprenant doit être proscrit, l’enseignant s’efforçant, après avoir montré un objet, ou à défaut sa représentation, et l’avoir nommé, de le faire répéter à l’élève directement dans la langue cible. Le maître est, en outre, invité à constituer au sein de sa classe un véritable « musée scolaire » regroupant une grande variété d’objets usuels que les élèves devront apprendre à nommer uniquement en français.

 

Les Hussards noirs de la république
Les Hussards noirs de la république

C’est ainsi que des générations de petits niçois seront formatés par l’éducation nationale française qui leur interdira de parler le niçois à l’école, quand bien même les parents ou grands-parents le parlaient à la maison. Evidemment, cela s’accompagnera d’un dénigrement de la langue ancestrale que l’on traitait de vulgaire voire de ringarde et qu’il ne fallait surtout pas employer. Peu à peu, les Niçois se virent déposséder de leur langue comme tous les peuples enracinés du territoire. En cela, la république française « une et indivisible » était quand même une exception en Europe ou les autres pays toléraient (voire aidaient) leurs langues enracinées). A cet égard, il faut quand même savoir que depuis 1992, le français est l’unique langue officielle en France. La politique linguistique de la France repose donc sur le monolinguisme d’Etat. La France n’a pas, non plus, ratifiée la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.

lenga nouostra
La lenga es la vida

C’est dans ce contexte politique hexagonal et dans une ambiance de reconquête de leur patrimoine culturel (donc linguistique) que les Patries Charnelles ont vu se développer des initiatives pour assurer la pérennité  de leurs langues. Chez nous dans le Comté de Nice, des écoles privées avaient vu le jour, de nombreux cours d’apprentissage de la langue étaient mis en place surtout du fait des associations mais rien au niveau de l’école obligatoire. Une première tentative a eu lieu en 2010 par l’intermédiaire du délégué au Patrimoine, Jean Marc Giaume avec le soutien de différentes associations comme Nissart per tougiou et Countéa de Nissa, qui a fait circuler une pétition connaissant une large participation et en intervenant auprès de l’académie. Hélas, cela ne fut pas couronné de succès. Comme le Nissart est « testa dura » (têtu), ce fut au tour d’une femme d’ici (et chacun sait que nos femmes ont du caractère), maman d’enfants scolarisés qui entamât sa croisade dans un quartier populaire de Nice avec le soutien d’autres mamans qui croyaient à son projet: obtenir la création d’une classe bilingue pour les tout petits, prélude à une généralisation future dans tout le cursus des études de nos chers enfants.

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Cette jeune femme, je l’ai rencontrée, il y a quelques jours, dans son quartier (à la terrasse d’un établissement « La Fontaine à Chocolat », tenu par une autre Niçoise faisant partie de la troupe « Nissa la Bella ») et  je vous livre les dessous de notre entretien.

Robert Marie Mercier:  Fanny Peretti, bonjour. C’est un plaisir d’être reçu dans votre quartier, un quartier populaire de Nice qui a su garder une âme.

Fanny Peretti:  Bonjour, c’est effectivement un quartier très agréable ou nous vivons et ou mes enfants sont scolarisés.

Fanny Peretti
Fanny Peretti

R.M.M: Parlez moi un peu de vous. Qui êtes vous ? D’où venez vous ? Avez vous toujours été partie prenante de ce combat permanent pour rester nous mêmes ?

F.P: Je suis une femme d’ici. Une Cairaschi de Contes. Et toute ma famille est de ce pays. Pour moi qui ai entendu parler notre langue depuis le plus jeune âge, je ne sentais pas la nécessité de se battre pour elle, car quand j’était petite je ne la percevais pas en danger. Plus tard, on m’a dit qu’il ne fallait pas parler cette langue de mes ancêtres hors du foyer familial et ainsi je n’eus pas le loisir de la pratiquer car nos générations ont été amputées de cette partie de nous même. C’est plus tard, quand mes enfants sont allés à l’école que j’ai perçu de façon aigue le manque que cela représentait dans la transmission de leur culture, eux dont les arrières grands parents et les grands parents parlaient « la lenga nouòstra » .

R.M.M:   Mais vous, Fanny, vous parlez notre langue ?

F.P: Hélas non. Comme je vous le disais, je suis de toutes ces générations qui n’ont pu pratiquer leur langue sous la pression sociale. En revanche, je comprends assez bien le Niçois quand je l’entend parler. J’entendais mes grands parents parler notre langue. Le dimanche, quand les vieux jouaient à la belote, ils s’engueulaient en Niçois. Et c’est pourquoi, je trouvais (et je trouve encore) frustrant de ne pouvoir répondre ou entretenir une conversation.

R.M.M: De là vient votre engagement pour la création d’une école bilingue.

F.P: Oui, mais avant que je m’engage il y a eu un déclic provoqué par un fait anodin qui s’est produit chez moi. Mes enfants suivaient une initiation au Nissart et  connaissaient quelques mots sans pour autant le parler. Un jour, le petit fait tomber son assiette de frites et, naturellement, se met à les ramasser. Comme la plupart des enfants, tout est prétexte à jouer et il s’amusa à compter les frites qu’ils ramassait…mais, surprise, il comptait en Nissart. Nous étions tellement estomaqués que nous lui avons demandé de recommencer et il se remit à compter en Nissart. C’est là que j’ai pris conscience que pour parler la langue il fallait la pratiquer régulièrement.

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 R.M.M: Et vous ne pouviez leur parler en Niçois, d’où l’idée de baigner les enfants dans une scolarité précoce imprégnée de notre langue.

F.P: C’est cela, il fallait que les enfants dès le plus jeune âge entendent la musique de la langue de leurs ancêtres afin de pouvoir l’intégrer, comme les générations de petits enfants qui nous avaient précédés connaissaient le Niçois et le parlaient en l’ayant entendu tous les jours par l’intermédiaire de leurs parents et grands-parents, à la maison. « L’avion mancou emparat, ma soulamen audit ». Mais, aujourd’hui, ou il n’y a plus les « vieux » pour leur parler la langue, il devenait nécessaire qu’ils l’apprennent et, ce, dès le plus jeune âge.

R.M.M: Et pour cela, il fallait passer par l’école, lieu ou ils se trouvaient tous les jours.

F.P: Exactement. Nous avons fait ce constat avec quelques mamans du quartier et, sans réaliser, au départ, l’ampleur de la tâche, nous nous sommes lancées dans cette folle aventure. Comme quoi ce qui mène le monde est bien la passion et non pas la raison. Autrement….

R.M.M: Autrement, vous ne vous seriez jamais lancé dans ce parcours du combattant si vous aviez réfléchi au lieu d’écouter votre  cœur et votre âme.

F.P: Bien évidemment, mais j’ai fonctionné à l’instinct et, je dois dire que cela ne m’a pas trop mal réussi.

R.M.M: Fanny, pourquoi l’école des Orangers dans le quartier Saint-Roch ?

 

L' Ecole des Orangers
L’ Ecole des Orangers

 

F.P: Le choix de cette école ne vient pas du hasard. Plusieurs raisons ont guidé notre choix. La première est que nos propres enfants étaient scolarisés dans cette école et grandissaient dans ce quartier ou ils avaient tous leurs copains. La deuxième est qu’il fallait fixer notre choix sur une école susceptible d’accueillir le premier contingent d’enfants qui allaient suivre cet enseignement bilingue. Il nous paraissait évident que nous allions commencer « petit » en mettant en route, pour la première année, une seule classe dans Nice: nous pensions que cet enseignement n’allait pas attirer des effectifs pléthoriques nécessitant des créations de classes dans tous les quartiers de la ville ( laissa mi lou pantai ) et qu’il faudrait regrouper tous ces enfants dans une seule classe , dans la même école. Nous pensions, (cela s’est révélé judicieux) que nous n’aurions pas des déblocages de postes d’enseignants par l’académie à volonté. Une fois ce constat fait, il nous a semblé que notre école était la mieux à même de recevoir cette classe car elle se situait dans un quartier populaire cher aux Niçois (et particulièrement aux nissardisant).

R.M.M: C’est donc bien une volonté des mamans de l’école des Orangers qui a enclenché votre action ?

F.P:  Effectivement, c’est cette convergence d’idée qui  nous a amené à entreprendre cela et le fait que nous ayons le soutien du corps enseignant de l’école.

R.M.M: Si vous nous racontiez le déroulement des faits jusqu’à ce jour ?

F.P: En Janvier 2012, début de cette aventure, nous nous posons la question: comment allons nous faire ? Avec d’autres parents d’élèves que je rencontrais, nous nous mettons à l’œuvre pour monter un dossier bien argumenté qui fera pratiquement 300 pages, dossier destiné à être remis ultérieurement à l’inspection d’académie. Quatre points fondateurs de ce projet: pourquoi le bilinguisme ? pour quoi « les Orangers » ? Rencontre avec les parents. Rencontre avec les politiques.  Ce seront les axes de notre action. En ce qui concerne le bilinguisme et la localisation aux « Orangers », nous en avons parlé plus haut. Il fallut aller à la rencontre des enseignants auprès desquels, je dois  dire, nous avons reçu un accueil favorable. Pour ce qui est des politiques, il faut reconnaître que Jean Marc Giaume, fort de son expérience précédente (pétition de 2010), nous a guidé et bien aidé. Nous sommes allé taper à toutes les portes, souvent au culot dois-je dire. Nous avions constitué une liste de « pré-élèves » au début de l’année 2012. Le 26 mars 2012, nous créons une association de parents d’élèves en parallèle à une association culturelle pour l’enseignement du Nissart « Oc-bi- Countèa- Parlen Nissart! ». Nous avons reçu, dès le départ l’appui de l’association « Nissart per tougiou » qui nous a permis d’intégrer toutes les fêtes « nissardes » du Comté auxquelles nous avons participé lors de l’année 2012: « le « Festin dou Boutau » à Levens, le « Festin d’Aqui » au théâtre de verdure, le « Festivous » à Ilonse et la « San Bertoumièu » à Nice. Nous avons eu un appui incessant du Député Européen François Alfonsi. L’Association CCO Pais Nissart e Alpenc est venu nous apporter son soutien. A l’automne dernier, en Septembre 2012, « Nissart per tougiou » nous a ouvert les portes de son local, la « Maioun Culturala Nissarda- Lou Trident » pour une soirée de soutien avec une ouverture au public, animée par « Nux Vomica ». Une conférence sera organisée en Novembre 2012 et finalement, en fin d’année, notre dossier complet pour la création d’une classe bilingue sera remis à l’inspection d’académie. Suite à cela, et grâce à notre action soutenue, un communiqué sera publié par Christian Estrosi, communiqué qui, évidemment, donnera un coup de pouce à notre projet. La décision de créer cette classe bilingue interviendra en Février 2013. Peu après, début mars, au Théâtre Francis Gag, lieu significatif, sera signée la convention définitive pour la création de la première classe bilingue à Nice.

Théâtre Niçois Francis Gag
Théâtre Niçois Francis Gag

 

 

 

Tout ce cheminement trouvera sa conclusion, le 29 mars dernier, au « Trident » pour une soirée ou tous les acteurs de cette réussite étaient présents.

Lou Trident
Lou Trident

Il me faut dire, que, tout au long de ce périple, nous avons eu le soutien indéfectible des responsables des supporters de la tribune sud qui nous ont facilité l’accès auprès des niçois qui allaient au stade et cela continue d’ailleurs encore aujourd’hui.

Les supporters du Gym étaient là
Les supporters du Gym étaient là

 

 

 

 

R.M.M: Fanny, on peut dire aujourd’hui que vous avez réussi votre projet.

F.P: Je ne dirai pas tout à fait cela, car il ne faut pas faire de triomphalisme. Nous avons (car je n’étais pas seule et j’ai été entouré par des gens formidables, particulièrement ceux qui ont été là du début à la fin) obtenu une grande avancée, par la création de cette classe, pour la pérennisation de notre langue et, par contrecoup de notre culture. Mais, ce n’est pas pour autant qu’il faille s’arrêter en chemin.

R.M.M: Mais, vous avez les effectifs suffisants pour cette nouvelle classe ?

F.P: Nous avons actuellement 26 enfants inscrits pour la classe bilingue en petite et moyenne section de maternelle et il ne reste que 3 places encore libres. Mais, il faut déjà penser à l’avenir. Il va falloir nous remettre en chemin pour aller chercher des préinscriptions pour la rentrée prochaine. Car, notre but n’est pas de faire seulement une classe bilingue en bas de l’échelle éducative, mais bien chaque année de créer une nouvelle classe supérieure afin que cette première génération d’enfants bilingue continue jusqu’au bac. Cela implique que, chaque année, il faille trouver des familles qui nous suivent pour inscrire leurs enfants dans cette première section bilingue et poursuivre cet enseignement bilingue par la suite. Quand, nous aurons tout le cursus éducatif bilingue de la maternelle à la faculté, nous pourrons, alors, dire que nous aurons réussi à peut-être sauvegarder la « nouòstra lenga » qui sera pratiquée par un grand nombre d’enfants d’aqui et qui pourront transmettre à leur tour.

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R.M.M: Pourquoi, vous semble-t-il si important que le Nissart  survive ?

F.P: Déjà, je me suis rendu compte, personnellement, du manque que j’avais à ne pas parler la langue des anciens. Et, je souhaitais que mes enfants puissent ne pas perdre la culture de leur ville , de leur territoire. Il n’y a pas mieux, pour ressentir l’âme d’un pays, que de pratiquer la langue. En parlant la langue du terroir, on augmente la perception d’une certaine sensibilité culturelle.

R.M.M: Peut on dire que la langue est le terreau dans lequel s’enracine la mémoire ?

F.P: Oui, c’est ce que je ressens quand j’entend parler Nissart. Des tas d’images reviennent du plus profond de ma mémoire qui me rappelle qui je suis et d’où je viens. Mais c’est aussi, la base de nos racines, ces racines si nécessaires à tout individu auquel, bien souvent, le monde contemporain a ôté tous repères. Le fait de parler une langue enracinée crée du lien social.

R.M.M: Et, en dehors de cet aspect là, que leur apportera le fait de parler deux langues ?

F.P: Il est reconnu dans les milieux scientifiques que le fait de posséder deux langues très jeune est un plus et que, dans la très grande majorité des cas, les enfants qui pratiquent deux langues réussissent mieux que les autres. Sans doute, leur esprit est toujours plus en éveil. Nous savons tous que les élèves qui avaient fait du Latin où (et) du Grec avaient, ensuite, plus de facilité à intégrer les mathématiques ou une autre langue. Le Niçois est comme le Latin une langue romane avec ses déclinaisons et sa grammaire, et, à ce titre, il devrait apporter ce plus qu’apportait le Latin.

Non, ce n'est pas trop tard pour le bilinguisme
Non, ce n’est pas trop tard pour le bilinguisme

R.M.M: A vous écouter, j’ai l’impression que l’on pourrait utiliser une image simple pour illustrer ce qu’apporte le fait d’être dans une classe (où une école) bilingue: si je fais le parallèle avec l’acquisition d’une voiture, je pourrais dire qu’une classe normale monolingue peut être l’équivalent d’une voiture qui n’aurait que les options de série, alors qu’une classe bilingue serait l’équivalent d’une voiture sur laquelle on vous proposerait toutes les options supplémentaires pour le même prix.

F.P: Vous avez raison et l’image est bien trouvée: nous donnons toutes les options à nos enfants pour réussir.

R.M.M: Aujourd’hui, Fanny, que peut on faire pour transformer l’essai ?

F.P: Et bien, nous comptons continuer à battre le fer afin que ce que nous avons mis en place ne soit pas qu’un feu de paille, mais qu’il y ait une continuation dans le temps. Il faut aller solliciter les familles de niçois qui ont des enfants en très bas âge afin qu’ils s’inscrivent sur les pré-listes d’inscription à la classe bilingue de l’an prochain, un véritable « Nissardothon« .

R.M.M: Il faut donc que les associations continuent leurs actions de soutien  à cet objectif.

F.P: C’est effectivement indispensable.

R.M.M: Et bien Fanny, dores et déjà, je vous informe que vous êtes invitée, le 3 Août 2013, à la « 1° Festa de la Countèa de Nissa » à Roquesteron, dont je suis coorganisateur avec mon association « Racines du Pays Niçois » et vous serez la bienvenue avec votre stand pour rencontrer les familles niçoises.

1° Festa de la Countèa de Nissa

F.P: Je vous remercie pour cette invitation et pour cet entretien dans votre site. Permettez moi de donner les informations essentielles dont les parents pourraient avoir besoin suite à la lecture de votre article afin de prendre contact et d’avoir tous les renseignements:Ecole maternelle des orangers à Nice : une classe nissart-français à la rentrée 2013. Une classe bilingue franco-niçoise sera ouverte à la rentrée de septembre 2013 à l’école maternelle « les Orangers » , située au 86, boulevard Pape Jean XXIII. Deux niveaux d’enseignement sont concernés : petite et moyenne section. Le nombre de places est limité à 29. Renseignements au 04.97.13.29.35, ou à michele.ciminato@ville-nice.fr

Fanny Peretti 2

R.M.M: C’est moi qui vous remercie, Fanny, et, pour conclure, je citerai Claude Levy-Strauss, « chaque langue est une vision différente du monde »

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