La Tradition des « Mais » à Nice

« Anen vira lou Mai »: une tradition Niçoise multimillénaire

Depuis tout petit, n’importe quel Niçois connait la tradition des « Mais » qui fait se rassembler toutes les familles nissardes autour d’une « merenda » sous les oliviers du jardins des Arènes. Les Mais aux Arènes sous les oliviers
Quand les beaux jours arrivent, on monte à Cimiez pour, avec le Peuple de Nice, célébrer le retour du printemps. Là, tout au long de  la journée, pendant que les enfants courent partout dans les jardins, les familles et les amis s’installent sous les arbres, par affinités, discutant de tout et de rien, heureux de se retrouver après un hiver passé chacun chez soi en buvant un « gotou de vin » et en mangeant « la socca », « la pissaladièra » et « lou Pan Bagnat ». Pendant, que les uns et les autres sont occupés à « ficanasser » ou à faire un « penec », des groupes de musique ou de danse traditionnels animent l’estrade située autour du mat enrubanné. Plus tard, on tournera le Mai: tourner le mai veut dire danser autour du mat central en croisant les longs rubans de couleur qui entoure celui-ci, puis en les décroisant dans le sens opposé. Cela veut tout aussi bien dire danser autour du mat.L'arbre de Mai Ce mat décoré symbolise l’Arbre de Vie que l’on retrouve depuis la nuit des temps dans les traditions européennes les plus reculées. Cet arbre dont les racines sont ancrées au plus profond de la terre rejoint à son sommet le ciel: il symbolise le lien entre le  ciel et  la terre et réalise l’union entre les forces telluriques et les forces célestes qui animent toute forme de vie.  La danse cyclique autour du mat représente la course des saisons autour du soleil: il faut savoir que la religion de l’ancienne Europe était une religion solaire et que nombreux sont les symboles du disque solaire qui reviennent aussi bien dans les fêtes que dans  la vie courante. Ces fêtes du mois de Mai viennent, également, annoncer la sortie définitive de l’hiver pour entrer dans le printemps et le temps de la renaissance de la nature. Chez les anciens, on fêtait la déesse Ostara, protectrice de la terre nourricière. C’était la fête de la renaissance de la nature et plus tard, les chrétiens, pour s’implanter en Europe, fixèrent à cette date leur fête de Pâques avec la même symbolique de renaissance: la résurrection du christ. Ce n’est pas un hasard, non plus, si Pâques se dit Ostern en allemand et Eastern en anglais, le nom de ces deux fêtes étant issu, éthymologiquement,   du nom de la déesse Ostara. Nous voyons, par la même, que nos fêtes les plus populaires viennent de la nuit des temps et qu’il ne s’agit pas de folkore ou de spectacle, mais bien de traditions transmises de génération en génération.
Pour en revenir à notre fête des Mais, elle fait partie de celles que l’on ne manque jamais. On se ballade au milieu des stands de restauration, des stands des associations nissardes, rencontrant un auteur de bouquin ici, un ami que l’on retrouve là… une journée ou la communauté  se retrouve, se renforce, se parle dans sa langue, se réunit pour chanter et danser, se prouve qu’elle existe. Il est important que les Nissarts perpétuent leurs traditions pour affirmer leur identité: le Païs Nissart existe parce que tous les jours des Niçois se sentent Niçois, se pensent Niçois. Le Païs Nissart existera tant que des Nissarts auront conscience d’être Nissarts dans leur tête et dans leur âme. Demain, de petits Nissarts naîtront : auront ils la conscience d’être Nissart à leur tour ?  Tout est là.Lu Mai C’est pourquoi, aujourd’hui, il nous faut  monter aux Arènes,  nous retrouver pour célébrer, une fois encore, la fête des Mais et, surtout, que nos enfants y viennent aussi pour perpétuer la tradition.

R.M. MERCIER

Petit lexique à l’usage de ceux qui ne parlent pas le Nissart:
« merenda »: casse croûte
« gotou de vin »: verre de vin
« socca »: spécialité culinaire du Comté de Nice (crèpe de farine de poids chiches)
« pissaladièra »: spécialité culinaire du Comté de Nice ( tarte aux oignons et au pissala: anchois écrasés)
« pan-bagnat »: spécialité culinaire du Comté de Nice (littéralement: pain trempé…salade niçoise dans un pain rond)
 » ficanasser »: bavasser, déblatérer
« penec »: sieste (sport traditionnel de la culture niçoise)

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