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Une nouvelle Europe des Peuples ?
Chaque jour qui passe, nous apporte la confirmation que les vieux cadres dans lesquels les peuples étaient enfermés sont en train d’éclater.
L’ère post-moderne va amener une révolution complète dans l’organisation du monde du XXI° siècle.
Pendant des siècles, de nombreux peuples, de nombreuses nations européennes ont vécu dans des ensembles composites, respectueux des libertés de chacun. Après l’Empire Romain, la volonté de plusieurs peuples d’Europe de se rassembler dans le respect des libertés et privilèges de chacun a été constante. C’est ainsi, que la Saint Empire Romain Germanique s’est constitué…germe d’une Europe harmonieuse. Il nous faut constater également que le Royaume de France a constamment été en opposition avec cet Empire que ce soit contre la Maison de Bourgogne ou contre l’Empire de Charles Quint…puis contre l’Autriche Hongrie. La France n’a eu de cesse de combattre cette confédération européenne…allant jusqu’à s’allier avec des peuples extra européens.
La guerre de 14/18, drame incommensurable pour les nations européennes, qui a vu la disparition de l’Empire central et le triomphe des nationalismes étriqués ( cause de tous les malheurs futurs de ce Continent) a été l’élément primordial de l’évolution que nous avons connue jusqu’à aujourd’hui. Cette évolution néfaste s’était fait jour au XIX° siècle avec la naissance des nationalismes, les campagnes de colonisation des peuples et la montée en puissance de la révolution industrielle. Après 1920, l’Europe étant saignée et ayant perdu toutes les forces vives de sa jeunesse, un tournant a été pris et les sociétés et les régimes qui en découlaient n’avaient plus rien à voir avec les sociétés séculaires qui les avaient précédées.
L’économie devenait primordiale dans ces sociétés modernes, le fait nationaliste était l’élément moteur de la nation, le colonialisme triomphant était la gloire de ces nations.
Déjà très présente en Europe, après la première guerre mondiale, les jeunes états unis d’Amérique, ont profité, après la deuxième guerre mondiale, d’être présents sur notre Continent, brisé par cette nouvelle guerre civile européenne, pour s’y implanter et y apporter leur mode de société et leur pseudo-culture. La boucle était bouclée et nous, peuples européens, nous engagions alors dans une nouvelle société ou l’économie avait envahi tous les rouages de l’état. L’Homo Economicus était en marche…
La logique économique étant poussée à son paroxysme nous a entrainé dans des aventures dangereuses dont nous voyons les conséquences aujourd’hui. La logique du « Marché » sous- entend une destruction des particularismes culturels qui sont un frein au développement d’un grand marché mondial pouvant vendre se produits standardisés au consommateur formaté sur l’ensemble de la planète.
Une autre période nous semble, également, incontournable, période qui se situe environ 20 ans après la fin de la deuxième guerre mondiale à l’approche des années 70. Nous avons assisté aux évènements de 1968 qui étaient motivés par un rejet de la société de consommation, à partir des années 70 nous assistons à un renouveau du sentiment d’appartenance en Bretagne, dès le début de ces années 70 se développent des luttes antifranquistes en Catalogne, en 1971 commence l’extension du camp militaire du Larzac qui va entrainer un mouvement fortement marqué par l’attachement régional (Volem viure al païs), le 20 décembre 1973 a lieu à Madrid, l’attentat, perpétré par les indépendantistes basques, contre le maréchal Carrero Blanco, second du régime franquiste, le 22 Août 1975, ce sont les évènements d’Aléria en Corse qui signe le début du combat Corse pour la libération de l’Ile de Beauté et nous signalerons pour finir cette décennie, en 1979, la restauration de la « Généralitat », le gouvernement autonome de la Catalogne du Sud. Enfin, comment passer sous silence, nos trois troubadours Nissart Alain Pelhon, Mauris Sgaravizzi et le dernier survivant Joan Luc Sauvaigo qui ont eu une production mirifique durant cette décennie. Cette période a marqué une affirmation significative de révolte contre l’ordre établi, en revenant à l’essentiel: la terre, la culture, la langue.
Nous sommes de ceux qui pensent que le XXI° siècle sera celui de la libération des peuples en Europe. la décolonisation a déjà commencé en dehors de notre Continent, mais l’émancipation des peuples d’Europe n’a pas encore atteint son aboutissement.
C’est pourquoi, il nous a semblé intéressant de vous faire découvrir un article paru il y a peu et qui va dans le sens de ce mouvement libératoire. Nous savons que la Catalogne a encore franchi un pas pour passer de l’autonomie à l’indépendance, nous avons noté, avec satisfaction, que l’Ecosse avait retrouvé son parlement national, nous avons constaté le retour à la souveraineté de nombreux pays de ce continent après des décennies d’asservissement.
Aujourd’hui, ce sont des universitaires indépendants qui se penchent sur l’intérêt pour certaines nations sans état de prendre leur indépendance tant au plan culturel qu’au plan économique.
Voici l’article en question:
– Selon les conclusions d’une étude menée par une équipe de chercheurs espagnols, français, russes et américains, l’Ecosse et le Pays basque sont les nations qui, en Europe, gagneraient le plus – du moins sur le plan économique – à se séparer des pays auxquels ils appartiennent actuellement. Une enquête originale, tant par son objet que par sa méthode, qui pourrait concerner beaucoup d’autres régions, en France et en Europe – à commencer par la Bretagne.
Révélée par l’Express, cette étude a été réalisée sous la direction d’Ignacio Ortuño Ortín dela Carlos III University of Madrid, en collaboration avec la New Moscow School of Economics (Russie), la Southern Methodist University de Dallas, (USA) et la « Toulouse School of Economics » – in french « l’École d’économie de Toulouse » – une des meilleures d’écoles d’Europe en sciences économiques.
A partir d’un modèle mathématique qui évalue les avantages économiques pour les pays à se regrouper ou au contraire à se séparer, les chercheurs de ces universités sont arrivés à la conclusion que le Pays basque aurait intérêt à se séparer de l’Espagne et l’Ecosse du Royaume –Uni. Le modèle se fonde non seulement sur le potentiel économique des pays – rien de surprenant – mais aussi sur leur identité culturelle, ce qui est plus original.
L’identité culturelle étant délicate à évaluer avec précision, l’équipe d’universitaires a donc eu l’idée, pour évaluer ce facteur, de se fonder sur la génétique des populations, estimant à juste titre que la distance génétique des nations est un indicateur fiable de leur plus ou moins grande proximité culturelle. Une approche on le voit très novatrice, fort éloignée du conformisme idéologique dominant, même si les hypothèses retenues ne prennent en compte que le seul intérêt économique des pays, les aspects géopolitiques étant notamment écartés.
Sur cette base, l’étude a envisagé par exemple les meilleures alliances que les pays européens devraient conclure entre eux au cas où l’Union européenne éclaterait. Dans ce schéma, l’Autriche devrait par exemple s’allier avec la Suisse, le Danemark avec la Norvège- ce qui n’a rien de bien surprenant – et la France…avec le Royaume Uni – ce qui parait plus original. Selon les chercheurs, il existe aussi des cas où les avantages entre pays ne seraient pas réciproques : ce serait notamment celui de l’Espagne, qui pourrait tirer avantage à s’unir à la France, alors que le contraire ne serait pas exact.
Enfin, toujours selon Ignacio Ortuño Ortín, si l’Union européenne devait se maintenir et adopter une gouvernance économique et budgétaire commune, quatre pays seraient bénéficiaires : le Portugal,la Grèce, l’Irlande et la Finlande qui devraient en profiter le plus avec des augmentations de richesse de respectivement 13%, 11,9%, 8,9% et 8%. Par contre l’Allemagne,la France et l’Italie pourraient être les grands perdants.
Cette étude est tout à fait intéressante et ouvre des perspectives nouvelles pour une Europe des Peuples, celle qui sera amenée à se construire, une fois leur Europe marchande épuisée et les vieilles nations sans âme disparues.
Pour nous, Comté de Nice, il parait évident que notre avenir n’est plus à l’Ouest- pas plus avec la France qu’avec la région marseillaise sans nom- mais plutôt à l’Est avec les peuples de l’Arc Alpin ( Piémont, Ligurie, Lombardie, Trentin Haut Adige, Tyrol du sud, Tessin, Suisse, Val d’Aoste, Savoie), peuples historiquement accrochés à cette colonne vertébrale que sont les Alpes, qui ne sont nullement une frontière pour nous (contrairement à la vision française ou italienne) mais bien un lieu de rassemblement et d’échanges.