A propos de l’Identité
Ecrit par Robert-Marie MERCIER le 15 fév, 2016 dans la rubrique Dossiers / Doussié | 2 commentaires
Identité, ce n’est pas un gros mot. Simplement, il ne faut pas le mettre entre n’importe quelles mains, ne pas l’abandonner à ceux qui en font mauvais usage.
L’identité n’est pas un concept utilisé contre un autre, mais juste une affirmation de ce que l’on est. C’est ce qui fait notre personnalité et notre différence par rapport aux autres. C’est ce qui nous donne, non pas des certitudes, mais simplement un équilibre. Notre identité guide l’attitude que nous avons face au monde qui nous entoure et donne tout son sens à ce qui fait de nous des héritiers et des transmetteurs.
Aujourd’hui, quand nous voyons la tendance des « élites » à promouvoir un système mondialiste unificateur et standardisant, ce qui se traduit présentement par le phénomène de déplacement de populations (ce que les médias, toujours en mal de scoop et soucieux de servir le système, appellent « l’afflux des migrants »), système tendant à abolir les notions de territoire et d’appartenance culturelle, nous pouvons comprendre que certains (motivés par des ambitions politiques) utilisent cette tendance pour s’en servir à leur profit. Cela représente un véritable danger du fait qu’il n’y a pas d’analyse sereine de la situation et surtout pas de réflexion sur les causes qui ont amené ces bouleversements.
Il est vrai que, de prime abord, l’arrivée d’un grand nombre d’individus n’ayant pas la même culture, donc, à fortiori, la même identité, peut susciter des réactions fortes et négatives parmi ceux qui réagissent au premier degré. Il est normal de se préoccuper du devenir de son peuple, encore ne faut-il pas réagir sans réflexion face aux évènements qui pourrait sembler le menacer plutôt que de se pencher sur les motivations de ceux qui ont créé cette situation et qui eux, réellement, menacent l’existence même de notre peuple, de notre communauté. (*1)
– Notre identité personnelle est-elle menacée aujourd’hui ? Nos identités collectives sont elles menacées aujourd’hui ? Ces menaces viennent elles des populations manipulées et déplacées ou de ceux qui ont créé les conditions de ces bouleversements ? Est-ce que nos identités ne sont pas menacées, depuis pas mal de temps déjà, par les tenants d’un système qui considère que l’individu n’est qu’un pion que l’on peut déplacer au gré des besoins de l’économie ?
En ce qui concerne nos identités collectives, il ne semble pas que notre identité soit prioritairement menacée par l’identité des autres, même si une telle menace peut, à terme, exister : en fait, le danger le plus grand est ce « système à tuer les peuples », qui nous impose une homogénéisation planétaire avec l’offensive de « l’idéologie du Même »(*2)
Ce phénomène de « clonisation » des êtres vivants est largement accentué par le développement de l’individualisme dans les sociétés modernes. L’idéologie dominante favorise, par le biais de la « société marchande » le phénomène d’individualisation avec le détachement du groupe (la famille, la communauté, le peuple). La société privilégie l’individu consommateur au citoyen enraciné dans un groupe au sein duquel il partageait les mêmes référents culturels et y était attaché par la mémoire collective.
A cet égard, le capitalisme en tant que « fait social total » (ainsi que le définit Marcel Mauss) s’est avéré le système le plus efficace pour effacer les frontières et les identités. Beaucoup plus que l’apport de nouvelles populations. (*3)
– Pourquoi le capitalisme est en fait le principal danger qui menace notre identité, nos identités ?
Le capitalisme génère le « Marché » dont se gargarisent nos hommes politiques (et bien sûr, nos économistes), ce grand marché mondial qui, pour dégager des marges de plus en plus importantes, a la nécessité de « standardiser » les peuples de la planète. Un « homo économicus » interchangeable de par le monde qui mangera la même chose que son alter-égo lointain, boira la même chose que son alter-ego, s’habillera de la même façon que son alter ego et vivra dans la même cellule impersonnelle que son alter ego…ainsi les séquences de fabrication seront simplifiées et diminuées. Et les profits augmentés. Avec un tel processus, il paraît évident que les cultures sont un obstacle au système capitaliste. Car, la culture est bien ce qui nous différencie des autres et qui nous est propre. Nous avons donc, tous, notre façon de cuisiner, de nous habiller et de décorer notre maison…tous ces éléments étant fortement influencés par notre culture et étant, dans le même temps, l’expression de notre identité.
Dans nos sociétés modernes, à la différence des sociétés traditionnelles, les choix de vie qui s’offrent à l’individu à notre époque sont incommensurables, rendant, de ce fait, la question de notre identité plus problématique. Tout, dans la « société marchande », est fait pour valoriser le modèle individuel du citoyen. Les discours politiques, culturels et publicitaires font tout pour persuader le citoyen qu’il n’existe qu’en tant qu’individu. Et celui-ci finit par le croire et s’en persuader. Aujourd’hui, l’homme est devenu un individu parce qu’il ne veut être rien d’autre que lui-même. Le revers de la médaille est qu’il se trouve fort démuni et désarmé face au monde et à la société. C’était le « groupe » qui le rendait fort. Hors du « groupe » l’individu est fragilisé et bien plus manipulable. Quand nous parlons de groupe, nous pensons, bien sûr famille, communauté, peuple.
Ainsi le « système » peut, à sa guise, manipuler les peuples (pour les entraîner à la guerre, les inciter à l’exode, les amener à accepter des conditions de travail inhumaines et des salaires indécents). Il peut se servir de ces masses de population pour gérer le marché du travail. Il n’y a pas de crise ou de fatalité du chômage car ce ne sont que des outils de gestion du capitalisme. Celui-ci produit toujours plus d’argent, sauf qu’il n’est pas distribué à ceux qui, par leur travail, le génèrent.
Attention, ce n’est pas l’individu qui est critiquable mais l’individualisme. Si se distinguer des autres apparaît comme le seul moyen d’exister, l’anonymat qui prévaut dans le monde contemporain ne fait qu’exacerber ce besoin de reconnaissance. En outre, le désir d’être individuellement soi-même n’exclut pas le besoin d’appartenir à un groupe homogène qui ne ressemble lui non plus à aucun autre. Le problème est bien l’anonymat dans lequel vivent nos semblables dans un monde sans repères. Par réaction, il peut en découler des exacerbations de l’identité (unique ou collective): le nationalisme n’est, à cet égard, rien d’autre qu’un individualisme à l’échelle de la nation. De cet anonymat insupportable, peuvent naitre, de cette façon, des pathologies de l’identité, des poussées de revendications qui peuvent être tragiques. L’identité « saine » au contraire est celle qui respecte à la fois l’individu et la communauté, et qui ne rejette pas l’autre, mais au contraire l’intègre.
En fait, plus que le déplacement de populations, ce qui menace notre identité (en tant que peuple) ou nos identités (en tant qu’individu), est l’oubli de ce que nous sommes, d’où nous venons et de ce que nous partageons. Oubli de notre culture, oubli de notre histoire, oubli de notre héritage, voilà ce qui menace notre identité. N’oublions pas qu’un peuple sans histoire est un peuple sans avenir et qu’un peuple sans avenir est un peuple voué à la mort. Ce qu’il faut combattre, ce ne sont pas les populations déplacées (autant menacées que nous dans leur identité) mais bien tout ceux qui nient notre personne comme élément constitutif d’un groupe humain. Notre personne n’est que la somme de ce que nous avons reçu de ceux qui nous ont précédé.
– Alors quelle démarche adopter pour préserver notre identité ?
Penser que, pour défendre ce que nous sommes, il faudrait simplement s’opposer à la venue de populations extérieures et différentes de la notre serait une erreur fondamentale. Je ne nie pas le fait qu’il faille défendre son territoire contre une invasion massive volontaire ou programmée. Non, bien sûr, on ne peut laisser le coucou s’installer dans le nid. Mais, je persiste à croire que cela n’est ni suffisant ni primordial. Car, quand bien même vous fermeriez vos frontières hermétiquement (imaginons que cela soit possible), il n’est aucunement certain que cela suffise à préserver nos identités.
N’oublions pas que le pire ennemi de notre identité est ce système qui conduit à la perte de notre culture. Si les référents culturels véhiculés par l’idéologie dominante ne sont pas ceux de notre communauté mais ceux d’une civilisation (?) marchande d’outre-Atlantique, il apparait évident que ceux-ci seront en complet déphasage avec la terre sur laquelle nous vivons, avec l’Histoire que nous ont transmis nos anciens et avec notre mémoire collective. Si notre résistance à cette idéologie dominante (donc à ces nouveaux référents culturels) est suffisante, alors nous préserverons notre héritage culturel (et par là notre identité). Si nous abandonnons notre culture pour cette culture de remplacement, alors c’en sera fait de notre identité. (*4)
Il faut savoir que, dans un territoire à forte identité culturelle et historique, une nouvelle culture aurait du mal à s’implanter. C’est d’ailleurs bien le problème qui se pose à la France qui, depuis la pseudo-révolution de 1789, n’a eu de cesse de remplacer ce qui était l’âme de ses terroirs (le concret) par des concepts intellectuels tels que la « république une et indivisible » (l’abstrait). Cela s’est fait peu à peu par l’interdiction des parlers régionaux, l’abandon de traditions enracinées, la négation des patries charnelles. A la place, on a institué la langue unique, la mise en avant des symboles de la « république », la récupération et la création de régions factices qui n’ont aucune légitimité historique et culturelles. Dans le même temps, ce pays s’est progressivement laissé envahir par la sous-culture états-unienne. Il n’a eu de cesse de mettre en avant tout ce qui venait des « states », de « nos alliés américains ». Il est donc devenu une proie facile pour une culture de substitution. Aujourd’hui, les dirigeants de l’hexagone, ne parlent plus de patrie, de terroir, d’enracinement mais de la république (et de ses valeurs ?).
En revanche, dans nos patries charnelles, malgré l’action de l’état français pour affaiblir nos cultures, l’esprit de résistance et notre mémoire collective nous ont permis de résister. Il convient donc, non pas de se focaliser sur les mouvements migratoires (même s’il faut dénoncer cette politique du capitalisme international et s’y opposer), mais bien de développer tous les moyens qui permettent de pérenniser notre langue, notre culture et notre histoire. En un mot, tout faire pour pérenniser notre identité, le meilleur des remparts contre les dérives induites par le « système à tuer les peuples » (déplacements des populations, institution des monopoles pharmaceutiques et agro-alimentaires, interdiction de la préférence locale, dictature des banques centrales…).
Au delà de l’affirmation de notre personnalité et de notre appartenance, l’identité est, d’abord, un rempart contre la standardisation du monde et la dépersonnalisation des individus. Notre identité nous permet de lutter contre l’arrachement à notre culture et à notre terroir, valeurs auxquelles nous sommes attachés. L’identité est une valeur forte et positive pour trouver sa place dans un monde sans repère et non pas un concept dépassé dirigé contre autrui. Oui, chacun d’entre nous peut légitimement revendiquer son identité. Et, ici, il n’est pas envisageable que nous abandonnions nos couleurs et nos symboles à des politiciens extrémistes français en recherche de carrière.
(*1) « Les humains doivent se reconnaître dans leur humanité commune, en même temps que reconnaître leur diversité tant individuelle que culturelle. » (Edgar Morin). Comme l’explique Edgar Morin, l’unité et la diversité humaine doivent être liées : en parlant d’unité il ne faut pas oublier ce qui nous différencie et en parlant de diversité ce qui nous lie.
(*2) l’idéologie du même est un concept développé par Alain de Benoist. La différence et la diversité contre l’idéologie du même et l’unification marchande du monde. En fait l’idéologie du même est représentée par tout ce qui est contre la diversité du monde.
(*3) Pourquoi défendre la diversité culturelle ? Comme le dit Paul Valéry, les civilisations sont mortelles… Une langue, une culture, une civilisation qui disparait c’est la disparition des valeurs qui lui sont associées et ce pour toujours. Les cultures sont le patrimoine de l’humanité, il faut les préserver au même titre que l’environnement ou l’architecture.
Défendre la diversité culturelle c’est défendre les principes de la démocratie internationale.
« Au-delà de la démocratie nationale, c’est la démocratie à l’échelle internationale qui est en jeu. Car je suis convaincu que, tout comme la démocratie à l’intérieur des Etats s’appuie sur le pluripartisme, la démocratie entre les États doit s’appuyer sur le plurilinguisme, sur la pluralité des cultures. »
Discours du Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, M. Boutros Boutros-Ghali
(*4) « Rien ne serait plus contraire à la vérité que de voir dans l’affirmation de l’identité culturelle de chaque nation, l’expression d’un chauvinisme replié sur soi-même. Il ne peut y avoir de pluralisme culturel que si toutes les nations recouvrent leur identité culturelle, admettent leurs spécificités réciproques et tirent profit de leurs identités enfin reconnues ». (M. Amadou Mahtar M’Bow – directeur général sénégalais de l’UNESCO)
Salut Robert,
On s’est propi régalés à la visite de samedi.
Je suis allé retrouveer la photo de 6ème de Masséna sur « Copains d’avant ». Li sies ! E ieu finda ! Poudes ana veire.
Ti mandi lou « link » : http://copainsdavant.linternaute.com/photo/6eme-a5-lycee-massena-3932096?add_tag
Mi diès se poudes lou liége.
A bientôt. A si réveire.
Paul Henquinez
paul.hqz@wanadoo.fr
Gramaçi, l’amic per la foutougrafía. M’a fa plèsi de ti veire. A ben lèu,
Robèrt