Entretien avec…Michel BIANCO (Corou de Berra)

Chanter nos villages et nos vallées

 

C’est pour évoquer cela que Michel Bianco, la tête pensante du « Corou de Berra » nous a reçu à Berre les Alpes dans son nid d’aigle. C’est sur la terrasse devant leur local, assis à une table en partageant un café, face à un paysage de rêve, que nous avons devisé tout les deux par un bel après-midi de Novembre. Nous avons même eu la visite d’un héron qui, passant en volant juste devant nous, était venu nous saluer. Les contreforts alpins, descendant jusqu’à la mer sous un ciel d’un bleu d’azur nous offraient une carte postale qui n’a pas son pareil dans le monde et qui fait que l’on a le plus grand mal à quitter ce pays béni des Dieux. Et c’est pourtant ce que font les membres de la troupe du « Corou de Berra » qui se produisent un peu partout dans le monde entier, avec, accroché en permanence au cœur, un bout de notre terre et l’idée constante d’y revenir… Le « Corou de Berra » se positionne comme l’ambassadeur de la culture Niçoise dans toute l’Europe et ailleurs dans le monde.

Lou Corou de Berra

Le cinéaste Sandro Gastinelli a dit: « Le parcours du Corou de Berra est unique, parce que partant du répertoire traditionnel, il réussit à développer une créativité qui entre pleinement dans le contemporain »

Robert Marie MERCIER : Michel, je voudrais, tout d’abord, vous remercier de m’accueillir ici chez vous et de me permettre de profiter d’un tel spectacle.

Michel BIANCO : C’est vrai que ce n‘est pas la peine de courir le monde à la recherche de la beauté quand il suffit d’ouvrir sa fenêtre pour avoir un tel paysage de rêve.

Michel Bianco

RMM : Aujourd’hui, nous connaissons votre ensemble polyphonique qui s’est taillé une bonne réputation jusqu’au delà des frontières du Comté de Nice, mais, cette troupe qui fait, à présent partie des institutions dans les milieux artistiques, mais surtout culturels Niçois était fort différente à sa création. Pouvez vous nous dire comment s’est créé le « Corou de Berra », quand et pourquoi ?

MB : l’histoire  du « Corou de Berra » commence en 1986 avec la réunion et la prise de conscience d’une bande de copains qui chantaient tous ensemble et qui se sont dit que notre patrimoine de chants polyphoniques avait une spécificité très particulière mais qu’il tombait progressivement en désuétude…comme la langue, nos traditions, etc. Fort de ce constat, nous avons voulu le faire renaître et nous nous sommes réunis pour fonder cet ensemble qui dès le départ était mixte. Comme j’étais musicien professionnel, mes collègues m’ont demandé, d’entrée, de m’en occuper et, en quelque sorte, de mener, avec eux, ce projet à bien. Il s’agissait de remettre au propre un morceau de culture que l’on sentait être notre, mais que l’on sentait menacé. Depuis la création de « Corou de Berra », en 25 ans il y a eu beaucoup de gens qui sont passés chez nous certains sont restés une heure d’autres 20 ans. A présent, nous sommes devenus professionnels et nous nous produisons un peu partout en Europe, plus particulièrement et de temps à autre dans notre région, mais, comme le dit le proverbe…nul n’est prophète en son pays. Il faut dire que, si nous voulons faire revivre ce patrimoine que l’on avait oublié, nous ne nous sommes pas cantonnés dans un répertoire hyper puriste: alors, pour certains nous ne sommes pas assez Nissart, pour d’autres nous ne sommes pas assez occitan, nous ne sommes pas assez ceci ou cela, mais nous n’avons pas voulu nous enfermer dans un moule trop restrictif.  Ce que nous ne voulons surtout pas c’est être enfermés dans les querelles de chapelles existantes à Nice et autour. Notre démarche est donc purement musicale et, à l’instar de André Ceccarelli qui revendique sa Nissarditude mais également son ouverture au monde, nous nous voulons porteur d’une musique enracinée dans ce pays à la rencontre des musiques du monde.

berra (Countéa de Nissa)

RMM : Comment était le groupe au départ et comment a-t-il évolué ?

MB : Au départ nous étions une quinzaine de personne et nous sommes montés jusqu’à 20/25 personnes. Nous étions pour la plupart des musiciens qui nous produisions dans des pubs pour jouer toutes sortes de musiques (cela pouvait aller du rock au Jazz en passant par des musiques qui plaisaient au public ou qui nous plaisaient). Mais petit à petit le groupe s’est professionnalisé pour des tas de raisons. D’abord parce que je suis « chiant », très exigeant quand je monte un truc et comme ils m’avaient bombardé responsable du projet, je leur ai dit : « soit on fait quelque chose de cohérent et alors on se plie à une certaine discipline, sinon, si c’est pour chanter quelques chansons en buvant un verre, c‘est sympa mais dans ce cas vous n’avez pas besoin de moi, demandez à quelqu’un d’autre, moi c’est mon métier de faire de la musique et pour aboutir à quelque chose qui se tienne, j’ai des exigences » La deuxième raison tient au fait que nous avions de plus en plus de dates et que nous étions loin de chez nous assez souvent : certains étaient mariés et avaient une vie de famille, d’autres avaient un boulot trop prenant et pour eux cela devenait difficile. C’est pourquoi il a fallu s’orienter vers un ensemble professionnel donc, sélectif.

RMM : Cela dit, tout ces musiciens qui jouaient ici et là toutes sortes de musiques ont, sans doute, comme moi d’ailleurs, fait partie de ces générations que l’on avait privées de leur langue et de leur culture. Il y a, je pense, eu une envie de leur part de retrouver ces racines, ce patrimoine du Comté de Nice et par extension des Alpes du Sud.

MB : Oui, nous avons ressenti le besoin de remettre au goût du jour un patrimoine musical oublié et de transmettre aux générations futures un des aspect de cette culture particulière que nous ne voulions pas voir disparaître.

RMM : Mais, à l’origine, vous étiez des instrumentistes, pas des choristes. Vous aviez des répertoires plutôt Rock ou Jazz. Quand vous avez commencé l’aventure, étiez vous un groupe instrumental ou bien avez-vous monté immédiatement un ensemble polyphonique ?

MB : Nous avons de suite fait du chant à plusieurs voix, des chants polyphoniques…nous voulions faire renaître un patrimoine musical oublié, en faisant quelque chose de propre et cela a marché d’entrée. Ce que nous faisions plaisait et le public venait. Les gens se reconnaissaient dans ces musiques. Et c’est ce succès qui a fait évoluer notre groupe. De 20, 25 nous sommes rapidement tombé à 5 membres (la formation du groupe actuel). Comme je vous l’expliquais précédemment, nous étions très demandés et nous partions pratiquement toutes les fins de semaine pour nous produire loin de chez nous. Pendant 10 ans, nous partions toutes les fins de semaine, nous faisions de la route et souvent nous rentrions le lundi matin à 5 H00 pour attaquer une semaine de boulot. Ce n’était plus une vie pour beaucoup d’entre nous. Donc, il a fallu choisir : soit on avait un boulot et (ou) une famille et en continuant en amateurs il nous fallait réduire le nombre de concert (un par mois par exemple), soit nous passions professionnels et, dans ce dernier cas de figure, on ne gardait que des musiciens professionnels. D’ailleurs, aujourd’hui, nos n’engageons plus que des musiciens professionnels qui sortent du conservatoire, des musiciens qui ont acquis les fondamentaux, qui savent décrypter, voire écrire, une partition, qui savent chanter et se retrouver dans l’harmonie. Donc, maintenant, nous avons une structure professionnelle qui peut se produire sur de grandes scènes et monter des grands projets. Voilà, c’est ce qui me plaît et qui me donne l’envie de m’investir à fond.

L'ensemble polyphonique actuel

RMM : Et cet investissement professionnel musical  est compatible avec l’affirmation d’une culture ?

MB : Sans doute, mais nous sommes assez loin de tout ces groupements, Nissarts ou Nissardisants,  de défense de la culture, nous sommes loin de ceux qui se battent sur le terrain politique, nous voulons simplement faire de la musique  et notre but est de faire rêver, de donner du « pantaï ». Si c’est pour que la musique serve à autre chose, qu’elle serve une cause, nous le laissons à d’autres (nous respectons ce qu’ils font, mais ce n’est pas notre truc).

RMM : J’entends bien, mais ce que vous chantez n’est pas neutre, toutes ces chansons procèdent d’une culture, vous véhiculez, même sans le vouloir un langage musical spécifique et enraciné. D’ailleurs, être enraciné quelque part est  le moyen de se désinstaller sans aucun problème, d’aller se confronter à d’autres cultures. En revanche, nous aussi nous en avons assez de toutes ces chapelles qui se disputent à longueur d’années.

MB : Oui, c’est cela. Nous en avons eu l’exemple, en allant chanter dans la province de Cuneo quand nous avons découvert des tas de groupes l’un étant Occitan, l’autre Provençal, le troisième Nissart…et qui passaient leur temps à se disputer, alors que s’ils avaient été ensembles ils auraient pu faire de grandes choses, d’une grande richesse. Et c’est un peu ce que nous retrouvons, ici, à Nice et dans le Comté. Déjà, sur cent concerts, on doit en donner 5 autour de Nice et 95 ailleurs, principalement en Europe. Dernièrement nous étions en Suisse, puis en Autriche, puis en Italie et dans ces moments là, on peut dire que nous sommes des ambassadeurs de cette culture: les gens que nous rencontrons sont surpris : « ah, bon, ces chants viennent de Nice, c’est super, on savait pas ! »

carriera de Berra

RMM : Ce qui nous intéresse, entre autres, est de savoir si, quand vous avez commencé cette aventure, il y avait un répertoire préexistant ou s’il a fallu aller rechercher un nouveau répertoire.

MB : Nos avons débuté avec le répertoire traditionnel du Pays Niçois, sans chercher ailleurs, et c’est un peu pour cela que ça a marché très fort tout de suite. Nos étions sollicités par tous les comités de fêtes du Haut Pays et des Vallées, tout le monde voulait entendre cela. Nous avons même été pris comme indicatif de France 3, l’émission « Vaqui ». C’était fabuleux !

RMM : Il y avait, donc, bien un besoin, un manque énorme, au niveau de cette culture locale, cette langue oubliée dans un coin ?

MB : Oui, c’est vrai, et, si ensuite nous nous sommes tournés vers ailleurs, ce n’était pas parce que Nice c’était trop petit, non, mais parce qu’on voulait prendre de la distance, de la hauteur pour éviter de s’enfermer dans une forme de routine et parce que quelque part c’était bloqué. En plus, c’est important de partir, ne serait ce que parce que « qu’est ce que c’est bon de revenir ici ! »

Berre les Alpes (Berra)

RMM : En dehors du répertoire traditionnel que tout musicien d’aqui a approché, ne serait ce qu’en allant acheter des partitions chez « Delrieu » ou en entendant « la Ciamada Nissarda », vous avez fait un travail de recherche plus approfondi, me semble t il. Vous avez sûrement retrouvé des chants de nos montagnes, de nos villages.

MB : Oui, nous avons des tonnes de bandes magnétiques en réserve qui attendent d’être exploitées. On voit encore passer des trucs qui nous interpellent, mais le plus gros a été fait. Nous avons, bien sûr, collecté des tas de documents… ne serait ce, par exemple, pour l’album des « Chants Sacrés » que nous avons réalisé dernièrement.

RMM : Mais, il doit encore rester des trésors cachés quelque part.

MB : Nous avons eu des gens qui spontanément sont venu nous apporter des documents qu’ils possédaient chez eux et qui leur avaient été transmis par les plus anciens. Alors, il y avait plein de choses dans des bouquins, dans des bibliothèques, un peu partout. Et, puis, rapidement on nous a identifié et les gens qui aimaient la musique, qui savaient chanter, sont venus nous trouver parce qu’ils voulaient communiquer tout ça : au départ, tout cela procédait d’une tradition orale qui se transmettait de père en fils, de chanteur en chanteur, et cette transmission se passait très bien tant que société était très liée et très homogène, mais, lorsque l’individualisation de cette société, son atomisation s’est produite dans les années 50, avec le « boum » économique et la société de consommation, tout ce répertoire, tout ce savoir, car il s’agit bien d’une culture musicale et pas simplement d’un répertoire dont nous parlons, donc, toute cette culture ne pouvant plus se transmettre de façon traditionnelle, ceux qui étaient dépositaires de ce savoir, voulaient le transmettre, à leur tour, de peur qu’il ne soit perdu …et ils sont venus nous voir pour nous apporter tout ce dont ils étaient les dépositaires en nous disant : «  tiens, moi j’en connais une, écoute ça, c’est super, il faudrait que vous le repreniez. Je ne veux pas que ceci crève avec moi. »

RMM : En quelque sorte, le « Corou de Berra » est quelque part le conservatoire des chansons du Comté ?

Corou de Berra

MB : Oui, c’est vrai, on a fait deux bouquins déjà et sorti 11 disques. C’est sûr que ce n’est quand même pas rien. Il y a peu de groupes qui ont fait ce que nous avons fait. Il y avait bien, à l’époque, avant que le « Corou de Berra » n’apparaisse sur la scène Niçoise, aussi bien des chansons traditionnelles bien connues (on chantait pratiquement toujours les mêmes) que des chansons nouvelles avec Mauris (mais c’était du Dylan traduit en Nissart) et Alan Pelhon que je considère comme un des poètes majeurs. Ce qui était bien c’est qu’en écoutant Mauris, on faisait connaitre la langue niçoise de par le monde…moi aussi j’ai joué du « folk-song » à la niçoise mais ça n’allait pas bien loin, au niveau création. Cela dit, il y avait du monde pour nous écouter et on se régalait.

RMM: Bien, mais en dehors du répertoire traditionnel, parlez nous un peu des créations, car il y a eu des créations tout de même.

MB: Oui, il y a eu des créations. Déjà le fait d’interpréter une chanson est une création en soi. je veux dire par là, que sur une chanson existante, il y a la trame et ensuite l’apport personnel. Mais, nous avons des créations personnelles au niveau musical et nous travaillons avec des auteurs comme Serge Dotti (par intermittence, on se voit, on se voit pas) ou Reinat Toscano qui écrit très bien mais qui va trop vite: pour ma part, j’aime bien que les choses soient très réfléchies. Reinat écrit des romans et c’est fort différent des chansons. alors que dans le roman on peut s’étendre sur une description, pour la chanson il faut un esprit synthétique qui puisse, la plupart du temps, résumer une phrase par un mot. L’écriture de la chanson n’est pas si évident que cela. C’est vrai que le mot doit suggérer une image. Bon, cela dit nous n’avons pas l’obsession de la création à tout prix: dans notre avant-dernier disque (je parle de l’avant-dernier parce que le dernier est un disque de musique sacrée, c’est un peu spécial dans tout notre répertoire) il y a des chansons anciennes et des chansons nouvelles. En fait, c’est l’envie qui nous guide lorsqu’on rencontre une musique, un texte ou une chanson, cela peut être une nouveauté ou une œuvre existante, il faut que j’ai envie de le faire et c’est parti…mais je ne cherche pas à vouloir créer de nouvelles chansons pour créer. C’est plutôt l’envie de travailler sur telle ou telle œuvre qui nous fait avancer.

RMM: Vous avez parlé du CD de musique sacrée que vous venez de sortir, il y avait eu aussi un CD sur « Miréio » , toutes ces œuvres sortent un peu des sentiers battus. C’est un peu en ce sens que je parlais de créations.

Concert Chapelle Sainte Croix

MB: Alors là, il s’agit de deux trucs particuliers qui nous ont demandé beaucoup de travail et d’investissement. Nous avons particulièrement soigné ces deux disques au niveau de la réalisation musicale et de la réalisation artistique: pour les pochettes nous travaillons avec des artistes niçois comme Ernest Pignon Ernest ou Edmond Beaudoin. Quand nous sortons un truc de ce genre, tout doit être travaillé. Quand on parle d’œuvre, cela englobe le disque et son support, tout doit être en harmonie.

RMM: C’est pour cela que lorsqu’on a un de ces disques entre les mains on a l’agréable impression d’avoir quelque chose qui sort du commun, que l’on ne trouvera pas ailleurs.

MB: C’est vrai, il n’y a que nous, dans la mouvance musicale Nissarde, qui faisons ça. Et nous pouvons monter des tas de projets originaux grâce à notre image de marque qui est bonne, aussi,  dans les milieux musicaux de l’hexagone et par les connaissances que nous n’avons jamais perdues de vues. C’est pourquoi nous avons des contacts avec André Ceccarelli, mais aussi avec Sébastien Chouard, le guitariste de De Palmas, avec Francis Cabrel, Thomas Bramerie (bassiste de Dee Dee Bridgewater) et également Jean Maria Testa et Antonella Ruggiero, et…. bien d’autres. C’est pourquoi nous travaillons avec des compositeurs comme Gilberto Ricchiero, Etienne Perruchon…

RMM: Comment se fait il qu’avec des atouts pareils, on n’entende pas plus les créations de « Corou de Berra » sur les radios ou sur les plateaux de télévision ?

MB: Malgré tout, on est dans une situation ou cela reste marginal en France parce que dans ce pays tout ce qui est régional ou émanation du régionalisme est marginalisé, c’est comme ça et nous sommes victimes de cette situation. Vous n’entendrez jamais sur les ondes de France Inter des chants polyphonique du « Corou de Berra », même si le titre en question est bien, il ne passera pas parce qu’il est (culture française dixit) en patois. D’ailleurs certains groupes de Marseille comme « Massalia Sound Systèm », s’ils ont vu certains de leurs titres passer sur ces radios, ce ne sont que les titres en français. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons autant de dates au niveau international (particulièrement en Europe) ou la dictature du français ne peut plus s’exercer.

RMM: Il est vraiment bien que nous ayons, ici, une locomotive comme le « Corou de Berra » qui puisse donner l’envie à d’autres groupes de se créer, de se produire, de se faire connaitre. Ce serait assurément un moyen de revivifier la culture du Pays. A ce titre, le projet de « Nissart per tougiou » avec la « Maïoun Curturale Nissarda » est très intéressant par leur volonté de mettre en place, en plus des cours de Nissart, des cours de cuisine, des cours de fifres, des cours de danses et pourquoi pas des cours de chants.

MB: Mais, il y a plein de groupe de chants polyphonique et nous essayons de les faire produire ici ou là, de les envoyer là ou il y a de la demande. Par exemple, Françoise Marchetti, une des chanteuses du groupe anime les cours de chant du CEDAC de Cimiez (le Corou de Berra gère les cours de musique traditionnelle au CEDAC). Et, je peux vous dire que les cours de chants sont plus que plein (nous envisagions des classes de 12 et ils sont 25), les cours d’accordéon diatonique sont complets de chez complet. Nous venons d’ouvrir une nouvelle classe à Contes. Il y a un gars qui apprend la vielle à roue au CEDAC. Il y a vraiment un réel engouement pour toutes ces musiques.

RMM: Et malgré cet engouement, toute cette culture musicale reste totalement  « underground »

MB: C’est vrai que c’est au niveau « underground » mais cela est du à la mentalité française qui domine dans les médias. Un exemple, lorsque nous allons au stade du Ray et qu’à la mi-temps, placé dans le rond central, nous entonnons « Nissa la Bella », l’hymne Niçois (c’est notre version qui a été adoptée) repris par 10.000 supporteurs, cela devrait interpeller les médias, les journalistes devraient se précipiter et les radios et télés devraient faire passer les images de cet évènement assez unique. C’est tout de même un évènement populaire qui devrait intéresser ces gens là, mais non. Alors, nous avons intégré le fait que les cultures régionales en france sont marginalisées. Nous aurions pu, alors, faire du « show-bizz », faire du « people », mais nous avons décidé de faire ce qui nous plait et nous fait vibrer…et après tout, lorsque nous nous produisons loin d’ici, les salles sont pleines pour nous écouter et nous gagnons correctement notre vie sans nous renier en vivant en harmonie avec cette culture et ce pays: regardez, là devant vous…nous ne voulons pas faire partie du « show-bizz » et rejoindre tous les autres à Ibiza ou ailleurs…nous voulons faire la musique que l’on aime et pouvoir bien vivre ici.

RMM: Si j’ai bien compris, cette discrétion ne vous gène en rien dans votre démarche et ne vous démotive aucunement.

MB: Absolument pas, nous sommes toujours aussi motivés, il y a de l’envie dans le groupe et ce désir de trouver de nouveaux projets. Notre programme à venir est d’ailleurs bien rempli pour l’an prochain qui verra l’anniversaire des 25 ans du « Corou de Berra« .  Plusieurs concerts, un  DVD musical un nouveau CD et plein d’autres projets.

RMM: Et bien, Michel Bianco il ne me reste plus qu’à vous remercier pour cet entretien agréable dans ce lieu merveilleux et à inviter nos lecteurs à venir à vos spectacles et, surtout, en ces temps de fêtes de fin d’année, de penser à offrir quelques un de vos CD (il y en a 10 de la série « normale » plus les deux « spéciaux » Miréio et Les musiques sacrées).

MB: Merci.

En 2011, pour les 25 ans de « Corou de Berra », l’ensemble polyphonique proposera 7 spectacles différents. Le 9 janvier, à l’Opéra de Nice, concert avec André Ceccarelli et d’autres invités…, le 19 avril à Cannes, Palais des Festivals, spectacle « Dogora », le 16 mai, concert au Victoria Hall de Genève… entre autres dates.

Sortie programmée d’un DVD musical du « Corou de Berra ».

Sortie d’un nouveau CD avec comme invités André Ceccarelli, Sébastien Chouard, Thomas Bramerie…

Le « Corou de Berra » travaille sur des musiques de films (par exemple, « Dogora » de Patrice Leconte)

L’Association « Corou de Berra » élargit son champ d’activité: Maison de production, studio d’enregistrement, programmation de festival…

Le « Corou de Berra« : Françoise Marchetti, Claudia Musso, Primo Francoia, Pascal Feret, Michel Bianco.

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