SOS d’un Niçois en détresse…

Qui n’a jamais entendu cette chanson de Daniel Balavoine à laquelle je fais référence ? L’autre jour, en pensant à la soif séculaire de liberté des Niçois, elle m’est revenue en mémoire…

« Pour quoi je ris, pourquoi je pleure ? Pourquoi je vis, pourquoi je meurs ? »…

Les paroles de cette chanson pourrait, tout aussi bien, s’appliquer à ma condition de Nissart, si on réfléchit bien.

Pourquoi je ris ? Je ris parce que j’ai la chance d’être Nissart, j’ai la chance de vivre dans mon pays, riche de tant de siècles d’histoire, j’ai la chance de pouvoir fouler cette terre qui me colle à la peau. Je ris parce que je vois plein de gens s’intéresser à notre culture, de plus en plus de jeunes se mettre à apprendre notre langue, notre communauté retrouver ses valeurs de solidarité, que beaucoup de gens venus vivre chez nous aiment notre pays et se sentent d’ici. Je ris parce je sais que leur « système à tuer les peuples » montre actuellement ses limites, que les peuples autour de nous se rebellent, que les nations sans état se libèrent. Je ris parce que demain nous appartient.

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Pourquoi je pleure ? Je pleure parce que certains de mes compatriotes oublient ce qu’ils sont et d’où ils viennent, parce que d’autres jouent contre leur camp, que certains se vendent au plus offrant. Je pleure parce que l’on continue à occulter notre histoire, que les « néo-révisionnistes » nient ce que furent les souffrances de notre peuple, que l’état jacobin fait passer notre culture par pertes et profits. Je pleure parce que trop de Niçois sont atteints du « syndrome de Stockolm », que trop de gens venus d’ailleurs prétendent écrire notre histoire à notre place et nous imposer une autre culture, que les motivations utilitaires de la société dominante veulent gommer les sentiments d’attachement à notre mémoire. Je pleure parce que certains oublient trop facilement ce que nous ont légué nos ancêtres.  

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Pourquoi je vis ? Je vis parce que mes enfants me donnent une raison de me battre tous les jours, de leur conserver cette terre, cette langue, cette culture. Je vis parce que chaque matin notre soleil se lève derrière nos montagnes, que notre mer me rappelle nos origines, que nos montagnes m’appellent pour y trouver refuge. Je vis parce que notre liberté est à ce prix, que la préservation de notre patrimoine est une chose fondamentale, que l’humain à plus de valeur que l’enrichissement, que l’être est supérieur au paraître. Je vis parce que cette terre vaut la peine que l’on se batte.

Lou castèu

Pourquoi je meurs ? Je meurs parce que je vois chaque jour des Niçois trahir leur communauté, que l’on continue à diffuser des clichés éculés sur mon pays, qu’il faille souvent se justifier d’être ce que nous sommes. Je meurs de n’avoir pas encore vu mon pays Niçois recouvrer sa liberté, se réapproprier sa souveraineté. Je meurs d’entendre tant de contre-vérités à propos du Pays Niçois,  de voir l’envahissement de notre territoire par les hordes de touristes venus chez nous comme ils iraient dans un parc de loisir, de voir notre nature sacrifiée au béton, de voir nos montagnes défigurées par la pollution. Je meurs parce que parfois, je vois certaines cultures et certains peuples disparaitre.    

Li taulissa d'Uels    

 

Mais, rien n’est inéluctable. Si nous le voulons nous pouvons mobiliser l’humain qui est en phase avec cette terre afin que la diversité nécessaire au monde puisse perdurer. Si nous avons en tête, en permanence, la conscience d’être un maillon indispensable de la grande chaîne des cultures humaines qui font la beauté de ce monde, alors tout n’est pas perdu. Une culture (ou une langue) qui disparait, c’est toute l’humanité qui s’appauvrit.

Ahura, Nissart, cau vièure drech!  A présent, Niçois, il faut vivre debout !

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Ainsi, demain, sans doute, je rirai, je pleurerai, je vivrai et je mourrai encore…mais pas pour  les mêmes raisons.

« Perqué rihi, perqué plouri ? Perqué vivi, perqué mouori ? »…

Tiens, ça sonne pas mal…demain, peut-être, je ferai une chanson.  

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