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Ma Patrie…
Comment définir sa patrie?
Le bulletin du Collège Stanislas publiait en 1976 la copie d’un élève de 3ème, classé lauréat national dans un concours écrit sur le thème de la « Patrie ». Le sujet exact du devoir était :
« Que signifie pour vous le mot Patrie ? »
Ce texte rédigé par un élève de classe de troisième, en 1976 est absolument prenant.!
Quel élève de troisième aujourd’hui, serait capable d’une telle hauteur et d’une telle maîtrise de la syntaxe ? Ce texte faisait référence à la France. Je me suis simplement astreint à changer le nom du Pays, à remplacer « France » par « Comté de Nice » (Countéa de Nissa, Pays Niçois, Païs Nissart). J’ai changé les noms des français célèbres par ceux de Niçois célèbres. Un texte que l’on pourrait faire lire dans toutes les écoles Niçoises à la place du texte de Guy Moquet.
Voici le texte revisité:
Etranger, mon ami, tu me demandes ce que signifie le mot « Patrie ». Si tu as une mère et si tu l’honores, c’est avec ton cœur de fils que tu comprendras mes propres sentiments. Ma patrie, c’est la terre de ce Pays Niçois où mes ancêtres ont vécu. Ma patrie, c’est cet héritage intellectuel qu’ils m’ont laissé pour le transmettre à mon tour.
Viens voir, étranger, la beauté des paysages du Comté de Nice, la splendeur des monuments édifiés par mes aïeux. Va te reposer dans les vertes forêts du haut pays, admire les falaises abruptes qui viennent plonger dans le bleu de la mer Méditerranée. Chemine simplement du bord de la mer jusqu’aux plus hauts sommets de nos montagnes, de l’Authion jusqu’au Gélas .
Sur la route, près de la Turbie, la puissance majestueuse du trophée d’Auguste fera surgir pour toi l’épopée des légions qui passaient dans notre province, les Alpae Maritimae, province de l’Empire Romain. Tu arriveras plus loin vers ce qui reste du château des Lascaris dans le vieux Castellar qui rappelle le passé médiéval de cette région. N’oublie pas de visiter la Citadelle de Villefranche et le Fort du Mont Alban qui trône en haut du Mont Boron. Ne néglige surtout pas la Vallée des Merveilles ou nos anciens ont laissé leurs traces et venaient vénérer le Dieu du mont Bego. Promène toi dans nos vallées et laisse aller tes pas dans nos villages médiévaux qui s’accrochent à cette terre. Continue, regarde, réjouis-toi de tant de beauté.
Mais si le Pays Niçois , ma patrie, n’était que belle et aimable, mon amour pour elle ne serait pas si grand. Elle est mieux encore : intelligente et cultivée. La clarté de sa pensée, la finesse de son esprit, l’excellence de son goût te sont déjà connus. Des idées venues du Comté de Nice ont influencé l’humanité toute entière. Sais-tu, par exemple, que la langue Niçoise (la lenga Nissarda) est enseignée jusqu’au Japon ? Sais tu que des personnages immenses sont venus prendre leur inspiration dans notre pays: Hector Berlioz, Henri Matisse, Frédéric Nietzsche ? Ainsi, bien au-delà de nos frontières, des hommes du « Païs Nissart » sont célèbres : philosophes, écrivains, poètes, artistes, savants. Jean Baptiste Barla, Louis Bréa, les Cassini , Pierre Gioffredo, Isoard et Odinet Guigonis, Alexis et Gustave-Adolf Mossa, Jouan Nicola, Louis Nucera, Rosalinde Rancher, Antoine Risso, Menica Rondelly: tous ont contribué à la gloire de la « Countéa de Nissa ».
Et vous, héros humbles et méritants, qui avez fait la Countéa brave, fidèle et rebelle, vous guerriers et paysans morts pour la patrie (comme les Barbets), comme je vous suis reconnaissant de m’avoir conservé ce précieux bien de mes ancêtres ! De Catarina Segurana à Giuseppe Garibaldi en passant par « Lalin » Fulconis, des premiers défenseurs du château de Nice aux soldats des armées piémontaises se battant aux portes de Vienne, que de dévouements, que de sacrifices !
Et toi mon ami, qui es aussi comme moi une créature de Dieu, ne vois-tu pas qu’ici en Pays Niçois, tu es en terre catholique ? La cathédrale Sainte Réparate, les chapelles des pénitents, les trésors que sont nos églises baroques dans tous les villages du haut pays sont les témoins de pierre d’une foi vivante. Ma patrie, bonne et pieuse, a vu de grands saints parcourir nos routes. La sainte patronne de Nice, Sainte Réparate , Saint Barnabé évangélisant la Roya, Saint Véran évangélisant la Tinée, Saint Pons, décapité au dessus du Paillon. Tout ces Saints quel honneur pour la « Countéa » !
Tu comprends maintenant pourquoi, ami étranger, j’aime et je vénère ma patrie comme ma mère ; pourquoi, si riche de tout ce qu’elle me donne, je désire transmettre cet héritage. Ne crois pas que cet amour que j’ai au cœur soit aveugle. Mais devant toi, je ne dirai pas les défauts de ma mère Patrie. Car tu sais bien qu’un fils ne gagne rien à critiquer sa mère. C’est en grandissant lui-même qu’il la fait grandir. Si je veux ma patrie meilleure et plus saine, que je devienne moi-même meilleur et plus sain.
La « Countéa de Nissa », ma patrie a tant de qualités que je ne saurais, ami étranger, te priver de sa douceur ; si tu sais découvrir ses charmes et ses vertus, tu l’aimeras, toi aussi. Je partagerai avec toi ses bontés et, loin de m’appauvrir de ce don, je m’enrichirai de cette tendresse nouvelle que tu lui porteras. Mais ne l’abîme pas, ami étranger, le « Païs Nissart », ma douce patrie, ma chère mère ; ne la blâme pas, ne la pervertis pas, ne la démolis pas car je suis là, moi son fils, prêt à la défendre.
Robert Marie MERCIER